OCEAN'S TWELVE (2004)
Steven Soderbergh
Par Louis-Jérôme Cloutier
Que peut-il y avoir de plus inutile qu’un remake? Une suite à
un remake bien sûr. Mais quand on parle d’Ocean’s
Eleven, les choses ne s’abordent pas sous le même angle.
En effet, cet excellent divertissement signé Steven Soderberg
est parvenu à décoiffer l’original, mais n’aurait-il
pas été préférable de terminer ainsi cette
belle aventure? Quoi qu'il en soit, voilà que débarque
un deuxième opus contenant l’ensemble des ingrédients
ayant contribuer au succès de l’original, mais on passe
de Las Vegas à l’Europe. Changement bénifique ou
dépaysement total? D’emblée, on ne peut que quitter
la salle projetant le film avec un brin d’amertume. Les pires
scénarios ne se sont peut-être pas produit, mais Ocean’s
Twelve ne permet en rien de retrouver toute la satisfaction que
l’on ressentait en visionnant le premier volet. Difficile de cerner
précisément le problème, est-ce la faute d’un
scénario trop complexe qui s’éloigne de la sympathie
simpliste du premier pour laisser place à une histoire ayant
des ramifications inutilement élaborées ou tout simplement
qu’une seconde rencontre n’a jamais le charme de la première?
Danny Ocean et sa bande doivent retourner au boulot. Ayant été
vendus par un autre voleur à Terry Benedict qui désire
un remboursement complet, ils doivent encore une fois mettre la main
sur plusieurs millions. Mais puisqu’il leur est désormais
impossible de travailler en Amérique, ils s’envolent pour
le vieux continent. Bien que ce changement, quasi audacieux, amène
clairement de la nouveauté au film, on regrette l’ambiance
si particulière du premier. Las Vegas la nuit est fondamentalement
différent d’Amsterdam en plein jour. Fait intéressant,
le scénario du film était d’abord pour un film de
John Woo, adapté pour cadrer aux personnages d’Ocean’s
Eleven, et cela n’est que trop visible. L’introduction
et plusieurs autres moments du film sont escamotés de façon
plus au moins maladroite. On imagine presque le scénariste modifiant
rapidement son histoire pour en faire Ocean’s Twelve.
En plus, alors qu’un des aspects les plus intéressants
du premier était le fonctionnement du cambriolage et la façon
dont l’équipe parvenait à réaliser quelque
chose de presque impossible, cet aspect est presque complètement
laissé de côté cette fois-ci à notre plus
grand regret. De plus, le film souffre cette fois-ci d’une surdose
de personnages, une surdose de vedettes qui défilent à
l’écran et qui sont toutes sous-utilisées. Notamment,
bien que Vincent Cassel incarne de façon amusante un personnage
qui cadre bien dans cet univers, on alourdit terriblement le scénario
et on ajoute encore davantage de relation laborieuse entre eux et de
confusion d’autant plus que sa compétition avec Ocean n’a
rien de véritablement intéressant. La fin donne un sentiment
de garroché et de déception en plus qu’on
y ajoute une dramatique dont tout le monde se fiche.
Cependant, si beaucoup de négatif ressort de toute cette histoire
et de cette critique, c’est principalement dans le jeu des comparaisons.
De lui-même, le film s’en tire plutôt bien que ce
soit par la qualité toujours constante de mise en scène
de Soderberg ou tout l’enthousiasme généré
par cette panoplie d’acteurs qui s’amusent clairement de
façon décontractée. Et même si l’ajout
de nouveaux visages devient rapidement un défaut, les acteurs
les incarnant se joignent avec plaisir au groupe. L’humour est
toujours bien présent et fait franchement sourire grâce
à quelques trouvailles qui sont les bienvenus. Les interactions
avec les acteurs offrent toujours de bons moments même si les
dialogues ne sont pas aussi délectables que ceux de Ted Griffin.
Ocean’s Twelve demeure un film sympathique et divertissant,
mais sans plus et surtout pas au niveau du premier film. Même
si les ingrédients sont presque tous de retour, ce n’est
tout simplement pas l’histoire que l’on souhaitait voir
raconter sur la suite des aventures de Danny Ocean. On jette surtout
le blâme sur ceux qui ont cru qu’adapter un scénario
déjà existant pouvait être une bonne idée
permettant d’offrir un deuxième succès. On se retrouve
face à un film qui possède davantage les caractéristiques
d’un David Mamet moyen misant sur l’humour que d’un
Ocean’s Eleven. Décidément, le temps des
fêtes s’annonce pauvre côté divertissement,
d’autant plus que The Lord of the Rings ne sera pas là
cette fois pour sauver la mise.
Version française :
Le Retour de Danny Ocean
Scénario :
George Nolfi
Distribution :
George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Don Cheadle
Durée :
120 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
16 Décembre 2004