OCEAN'S ELEVEN (2001)
Steven Soderbergh
Par Louis-Jérôme Cloutier et Martin Coulombe
Steven Soderbergh s’est forgé en très peu de temps
une incroyable réputation au sein de la communauté hollywoodienne.
Ce réalisateur extrêmement polyvalent touche à tous
les genres avec succès. L’apogée de la reconnaissance
du public lui est venue avec Ocean’s Eleven. Gageons
que l’impressionnante distribution du film n’a pas fait
de tort aux choses. Avec de gros noms comme Matt Damon, Andy Garcia,
Brad Pitt et Julia Roberts, il va sans dire que ce film offre une prémisse
alléchante. Cependant, de nombreux produits similaires ont eu
tendance à tourner en fiascos peu convaincants. D’où
vient la réussite de celui-ci? Disons que Ocean’s Eleven
représente ce qui s’approche le plus du blockbuster
intelligent. Tout en offrant un produit pour la masse et dans les conventions,
Soderbergh réalise un film extrêmement divertissement pour
son humour, son histoire et la performance des acteurs.
George Clooney incarne Daniel Ocean, un voleur qui, dès sa sortie
de prison, reprend du service en planifiant de voler trois des plus
gros casinos de Las Vegas et de dérober de leur coffre la coquette
somme de 150 millions de dollars. Évidemment, afin de le mener
à terme, ce travail d'envergure lui demandera d’engager
plusieurs partenaires. Ocean’s Eleven présente toutes les
caractéristiques d’un film classique hollywoodien. Cependant,
il est l’un des rares fait avec talent et un véritable
désir de divertir intelligemment. De toute évidence, ce
film représente ce que l’on peut faire de mieux en terme
de divertissement de masse. Soderbergh y est sans contredit pour quelque
chose. Bien que le cadre du film ne lui permette pas de dépasser
les conventions, sa réalisation est diablement bonne et donne
un rythme et une énergie vraiment incroyable au film. Il s’est
également chargé de la photographie pour notre plus grand
bonheur. Las Vegas n’a jamais si bien paru. Tout en ayant un plaisir
presque contagieux à jouer dans ce film, les acteurs livrent
le meilleur de leur talent dans tous les registres. Le fait est que
certains ne semblent pas être là pour le salaire, mais
pour le plaisir. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux ont accepté
un salaire réduit pour participer au projet.
En outre, il faut le dire, Ocean’s Eleven mélange
avec une redoutable efficacité divers genres. On passe de comédie
à film d’aventures et même à un drame dans
une transition exemplaire. Ted Griffin (Matchstick Men) a également
droit à sa part de félicitations pour la qualité
du texte et des dialogues. Plusieurs répliques sont délicieuses
tout en restant dans la comédie intelligente. L’intrigue,
quant à elle, est captivante et on suit avec attention les différentes
péripéties. Cependant, il ne faudrait pas toujours les
prendre au sérieux. L’invraisemblance est utilisée
avec recul et est volontairement présente. Le but du film est
très loin de vouloir recréer de façon réaliste
le vol d’un casino. Malgré tout, on se laisse très
aisément embarquer et divertir par toutes les astuces que les
différents protagonistes dénichent pour mener à
bien leur plan. C’est d’ailleurs un des aspects les plus
intéressants du film. Le dénouement du vol est quasi impossible
à prévoir. Ajouter à cela une ambiance mémorable
avec un Las Vegas baignant dans la musique jazz. Ocean’s Eleven
est certainement l’argument numéro un en faveur des remakes.
Steven Soderbergh nous offre un véritable bijou en matière
de comédie et prouve que faire un bon blockbuster intelligent
est encore possible de nos jours. Il pige dans ses oeuvres précédentes
pour nous en tirer le meilleur. L’humour est raffiné et
subtil, le scénario est bien construit et rempli d’invraisemblances
que l’on ne prend jamais au sérieux. Bref, toute l’équipe
ayant participé à cette production semble s’être
donnée pour mission de nous divertir, tout en offrant un produit
de qualité. Voilà le genre de chose que l’on voit
rarement à Hollywood.
Version française :
L'Inconnu de Las Vegas
Scénario :
Ted Griffin
Distribution :
George Clooney, Brad Pitt, Julia Roberts, Matt
Damon, Andy Garcia
Durée :
120 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
14 Octobre 2003