THE NINTH GATE (1999)
Roman Polanski
Par Louis-Jérôme Cloutier
The Ninth Gate est un énième film sous-évalué
qui mérite davantage d’attention et de reconnaissance.
Réalisé par le prolifique Roman Polanski et mettant en
vedette l’excellent Johnny Depp, cette production de 1999 a reçu
un accueil mitigé de la part de la critique nord-américaine
et une réception très froide de la part du public. Pourtant,
ce film est dans les meilleurs de l’année en question.
L’histoire est tirée d’un livre de Arturo Pérez-Reverte,
auteur espagnol, dans lequel Dean Corso, un escroc spécialiste
des livres, se voit offrir une occasion en or. Un riche collectionneur
nommé Boris Balkan lui offre une forte somme. En échange,
Corso devra démontrer que l’un de ses livres, The Nine
Gates of the Kingdom of Shadows, est authentique. Le personnage
de Depp se retrouve donc à voyager à travers l’Europe
afin de comparer le livre de Balkan avec les deux autres exemplaires.
Sur cette base très intrigante se développe un suspense
d’horreur pour adulte des plus réussi. J’utilise
le terme adulte puisque The Ninth Gate se veut une production
qui ne vise pas la clientèle habituelle des Scream ou
Halloween; l’hémoglobine ne constitue pas le propos
principal du film. Le rythme est assez lent, l’atmosphère
est incroyablement accrocheuse, la musique est envoûtante et il
n’y a pas vraiment de réponse directement donnée
à la fin de l’exercice. Je reviens à l’atmosphère
puisqu’elle s’avère être le meilleur point
du film. La direction photo est remarquable et les décors sont
enchanteurs tout comme l’ambiance générale s’en
dégageant. Le cachet très européen entre également
en ligne de compte. Tout comme dans les plus récents films de
Polanski, The Ninth Gate se déroule presque entièrement
en Europe. Non seulement le réalisateur a-t-il adopté
avec justesse les décors du vieux continent, mais en plus il
a laissé les lieux infusés son travail. Il parvient donc
à utiliser avec beaucoup de talent le décor et les lieux
afin de créer cette ambiance et cette atmosphère qui m’ont
tant plu dans The Ninth Gate. J’ajouterais que j’ai
presque développé un amour envers la collection de livres
anciens comme suite au visionnement du film.
L’histoire elle-même se retrouve à être quelques
coches au-dessus des standards. Ayant certaines allures à la
Hitchcock, elle possède une très bonne structure qui laisse
peu à peu dévoiler ses secrets. Par contre, certains trouveront
décevant que Corso ne fait que vivre les événements
sans jamais vraiment poser d’actions lui permettant de progresser
dans son enquête. Tout comme le spectateur, il baigne dans le
mystère et doit attendre la suite des événements
afin que les choses commencent à s’éclaircir. Aussi,
plusieurs pourraient être un peu déçus par la dernière
partie du film qui se déroule à un rythme un peu trop
frénétique en comparaison au reste et qui plus est, se
termine sans grande explication. Votre appréciation dépendra
du fait que vous aimiez ou non réfléchir à un film
après l’avoir vu. Prenez-le comme positif ou négatif,
ce n’est pas vraiment quelque chose qui fait perdre des points
à l'oeuvre de Polanski. Il se tient surtout dans un registre
de suspense horrifique stylisé. L’histoire est quasi secondaire
dans les circonstances. Les acteurs y sont également pour beaucoup
dans la réussite de ce film. Impossible de passer sous silence
le travail de Depp qui commence à avoir la reconnaissance qu’il
mérite depuis fort longtemps. Son interprétation n’aurait
pu être mieux, il joue de façon convaincante un homme loin
d’être un héros typique. Emanuelle Seiger, dont le
personnage demeure mystérieux jusqu’à la toute fin,
et Frank Langhella sont deux autres acteurs qui se doivent d’être
mentionnés pour leur importance dans le récit et pour
leurs qualités en tant qu’interprètes.
Bref, The Ninth Gate est un très bon film qui se démarque
sur de nombreux points. L’atmosphère et l’ambiance
européenne vous captiveront à coup sûr. De plus,
la réalisation de Polanski est quasi parfaite tout en étant
appuyée par de très bons acteurs avec Johnny Depp en tête
de liste. Si vous détestez les films d’horreur habituels,
écouter The Ninth Gate est primordial.
Version française : La Neuvième porte
Scénario : John Brownjohn, Enrique Urbuzi, Roman Polanski
Distribution : Johnny Depp, Frank Langella, Lena Olin, Emmanuelle
Seigner
Durée : 133 minutes
Origine : France, Espagne, États-Unis
Publiée le : 23 Février 2004
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