NEZ ROUGE (2003)
Érik Canuel
Par Jean-François Vandeuren
Il ne fait aucun doute: le cinéma québécois a eu
la cote du publique en 2003. En plus d’avoir réussi à
produire quelques petits bijoux en terme de mise en scène, sur
le plan financier, de belles récoltes attendirent les artisans
d’ici. Tellement que le réalisateur Éric Canuel
est même aller jusqu’à se permettre une dite «romance
comédique» tournant autour de la thématique de Noël
et dont la publicité entourant la production avait débuté
plus d’un an auparavant. Cependant, il ne faut pas se le cacher,
Nez Rouge ne constitue pas la dernière trouvaille en
terme de comédie romantique, même que le film va jusqu’à
refaire à la lettre ce que les Américains nous offrent
depuis des décennies dans ce domaine. Un film décevant,
mais ce n’est tout de même pas un navet.
Attention: le synopsis qui suit pourrait vous paraitre extrêmement
familier. Après avoir été arrêté pour
ivresse au volant, un critique artistique est forcé de faire
équipe lors du programme Nez Rouge avec un avocat plutôt
douteux et une écrivaine qui lui en veut amèrement d'avoir
complètement incendier par ses propos, une pièce de théâtre
de son cru. Cette dernière profitera donc de la situation pour
tenter de se venger à son insu. Mais en cours de route, la jeune
femme laissera de côté sa haine et tombera peu à
peu amoureuse de l’homme qu’elle détestait pourtant
au départ, comme le veut la tradition.
Comme vous pouvez le constater, le récit est vieux comme le monde
et constitue le problème phare du film. Si l’on sépare
les deux ingrédients principaux, soit la comédie et la
romance, on obtient un résultat assez satisfaisant en ce qui
concerne le premier aspect. En effet, la première moitié
du film en terme de comédie fonctionne bien. On croit alors se
diriger vers une comédie légère où l’on
rit de bon coeur devant un spectacle fort simple, mais bien orchestré.
Cependant, les choses se gâtent lorsque le coté romantique
se manifeste et prend du même coup le dessus. On tombe alors dans
un schéma tellement prévisible et rempli de clichés
propres au genre, surtout en ce qui a trait aux revirements de situation,
au jeu de la haine et de l’amour, au dénouement, etc.,
que le film en devient presque ennuyeux tellement on voit tout venir
des kilomètres à l’avance. Dommage. Par contre,
les acteurs s’en tirent assez bien et viennent même rehausser
le film d’un cran en jouant naturellement, sans trop forcer la
note, et rendent un spectacle devenant de plus en plus fade par la pauvreté
de son scénario un peu plus entrainant. De sorte que malgré
ces nombreux défauts, on accepte jusqu’à un certain
point de se laisser berner par cette histoire moralisatrice et on en
ressort non pas épaté, mais tout de même diverti.
D’autre part, le réalisateur Éric Canuel s’en
tire également à bon compte avec un style visuel assez
moderne. Cependant, un peu comme le récit de son film, le réalisateur
se contente d’utiliser certains plans et techniques de montage
bien à la mode depuis quelques années, mais il faut dire
qu'il le fait tout de même bien. Dans cet ordre d'idées,
le résultat est convainquant et ressort de la masse de films
au visuel anonyme qui ne voient que trop souvent le jour au Québec.
Bref, vous avez surement vu Nez Rouge une bonne centaine de
fois déjà. Les seules choses qui ont changé ici
étant les comédiens et le contexte. Un film au gout du
jour d’un point de vue technique et au récit franchement
trop prévisible, mais qui sait faire rire quand il sait garder
un certain écart avec la romance. Vous n’aurez pas l’impression
de perdre votre temps en regardant ce petit film tout ce qu’il
y a de plus léger, mais nul doute qu’il aurait pu être
mieux investi.
Version française : -
Scénario :
Sylvie Desrosiers, Sylvie Pilon
Distribution :
Patrick Huard, Michèle-Barbara Pelletier,
Pierre Lebeau
Durée :
110 minutes
Origine :
Québec
Publiée le :
15 Janvier 2004