NARC (2002)
Joe Carnahan
Par Louis-Jérôme Cloutier
Narc débute avec une séquence mémorable.
La bonne vieille scène de la poursuite entre le policer et le
bandit est traitée d’une autre façon. Elle est filmée
caméra à l’épaule dans un style réaliste
qui donne un ton un peu documentaire. Elle reste la plus marquante du
film et donne d’ailleurs une idée de ce qu’il est.
Narc est un film extrêmement conventionnel dans son histoire,
mais brille dans sa réalisation, son atmosphère et son
style.
Narc raconte l’histoire de l’ex-détective
Nick Tellis. Il travaillait pour les narcotiques en infiltrant des gangs.
Malheureusement, la dernière opération s’est mal
déroulée et Tellis ne veut plus retourner dans ce monde
à nouveau. Il est cependant approché par la police pour
enquêter sur la mort d’un policier qui avait infiltré,
tout comme lui, une bande. Éprouvant de la compassion pour son
confrère, Tellis commence son enquête avec l’aide
du lieutenant Heny Oak, qui connaissait la victime de près.
On le voit donc, l’histoire est assez classique. Le policier qui
revient pour venger la mort d’un confrère et deux hommes
qui doivent travailler en équipe même si tout les différencie.
Le concept a fait son temps, mais Narc réussit à
démontrer de l’originalité dans d’autres secteurs
du film. Tout d’abord, le réalisateur Joe Carnahan promet
beaucoup. Il a du talent; il sait comment créer une atmosphère
spécifique; il dirige très bien ses acteurs. Il ne fait
rien qui n’a jamais été vu, mais parvient à
imposer sa vision. Le film se déroule toujours dans des couleurs
sombres, le temps est souvent maussade, les personnages semblent toujours
baignés dans une mélancolie et le monde semble n’être
que de débauche. Carnahan renouvelle même la scène
de l’enquête des deux agents en introduisant un split-screen.
L’écran se retrouve séparé en 4 pour nous
montrer le progrès des deux policiers. Bien utilisé et
intéressant. Aussi, il s’inspire de Tarantino et de Ritchie
pour raconter une anecdote cocasse à propos d’un homme
qui s’est lui-même tiré dessus. Il démontre
donc clairement son inspiration, mais il n’y a aucun mal à
le faire quand on possède le talent pour imiter les maîtres.
Une autre qualité de Narc et de Carnahan est qu'il sait
comment aller chercher le maximum de ses acteurs. Ray Liotta et Jason
Patric ne sont pas de grands comédiens, mais je n’ai jamais
vu une meilleure performance venant de leur part. Patric joue un personnage
ressemblant à celui de Ethan Hawke dans Training Day,
mais il le fait mieux, avec plus de subtilité et d’intelligence.
Liotta à une incroyable présence dans toutes ses scènes.
Il bouille de colère intérieure et on sent dans son personnage
une grande violence. Il le fait sans tomber dans la caricature et donne
vraiment vie au lieutenant Oak.
L’interprétation et la réalisation sauvent donc
un scénario trop conventionnel. Ne recherchez aucune nouveauté
dans cette histoire, la fin est assez prévisible, bien que les
revirements soient trop nombreux. Quelques éléments arrivent
à surprendre, mais ils sont seulement dus au talent de Carnahan
qui évite de suivre la mode habituelle pour filmer des scènes
que l’on voit dans chaque film. Il n’y a que vers la fin
qu’il semble en panne d’idée alors que les dernières
20 minutes se déroulent dans le même endroit avec quelques
longueurs et incohérences. Les dialogues eux, sont solides, bien
que certains pourraient trouver agaçant la vulgarité un
peu inutile de certains propos. Est-ce que les «méchants»
doivent absolument toujours crier toutes sortes d’insultes de
plus en plus grasses?
Au final, Narc est un bon film qui vaut le détour pour
voir le réalisateur de Mission: Impossible 3 à
l’oeuvre et pour voir deux acteurs au maximum de leur art. C’est
un divertissement qui propose une bonne intrigue, bien que prévisible,
ainsi qu’une bonne dose d’action. Rien de très éclaté,
mais un style qui donne de la fraîcheur au genre. Je le recommande,
mais ce n’est pas un achat.
Version française :
Narco
Scénario :
Joe Carnahan
Distribution :
Jason Patric, Ray Liotta, Dan Leis, Lloyd Adams
Durée :
105 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
1er Juillet 2003