THE MOTORCYCLE DIARIES (2004)
Walter Salles
Par Miguel-Angel Galvez Soto
Si l'on porte une attention particulière aux personnages ayant
marqué l'Histoire au XXe siècle, on peut être certain
que le nom d'Ernesto Guevara de la Serna arrivera tôt dans la
liste. La photo du Guerrillero Heroico prise aux côtés
de Jean-Paul Sartre et Simone De Beauvoir par Korda est sans aucun doute,
déplorablement, la photo la plus reproduite de la planète.
Pas surprenant que ce symbole des luttes ouvrières en Amérique
latine comme ailleurs au monde soit l'objet d'une fascination pure et
simple de milliers de révolutionnaires en puissances. Walter
Salles, dans son oeuvre Diarios de motocicleta, nous présente
un aspect de Guevara encore peu connu du grand public.
Cette adaptation des récits des aventures de Guevara et Alberto
Granado nous présente Ernesto avant qu'il ne devienne le «Che».
Le film débute alors que les deux amis planifient leur périple
le long des côtes andines. Le but: arriver à destination
pour le 30e anniversaire d'Alberto Granado sur La Poderosa, vieille
moto qui pisse de l'huile. Pour la première partie du voyage,
les situations comiques donnent un ton léger au film. Les mésaventures
avec la moto, les situations dans lesquelles ils se retrouvent dans
les différents villages et les moyens déployés
par les deux compagnons pour manger feront sourire plus d'une fois.
Entre-temps, les paysages d'une beauté pittoresque défilent
avec une poésie incroyable. De l'aridité du désert
d'Atacama aux splendeurs du Machu Pichu, les paysages percent l'écran.
À partir de la rencontre avec un couple ouvrier communiste, le
film s'aggrave. On suit maintenant un Guevara plus conscient des inégalités
sociales, un Che en devenir. Ces inégalités sont aussi
combattues par Guevara alors que les deux étudiants travaillent
un certain temps avec des lépreux. Guevara refusera de faire
la distinction entre les malades et les sains. Cet impair lui vaudra
les foudres de ces personnes miséricordieuses que sont les femmes
ayant revêtu le costume du christianisme. Qu'importe, Guevara
s'en tiendra à ses principes et ses valeurs comme aux tous débuts.
Le film se terminera par un petit prologue quelque peu inutile relatant
les principales lignes de l'histoire ayant contribuée au mythe.
Walter Salles peut être fier d'avoir réalisé un
film digne du personnage. Il a bien éviter le piège de
la propagande pour montrer l'évolution des pensées de
cette icône révolutionnaire. Bien sûr, le Brésilien
envoie une ou deux flèches à l'«Empire impérialiste»
comme le nommerait Fidel, mais elles n'ont pas une grande importance.
La musique andine entraine bien tout le long du voyage rend quelque
peu mélancolique les spectateurs aux origines latines. De ce
côtés aussi, Salles donne un bon aperçu des peuples
rencontrés par les deux voyageurs.
Gael Garcia Bernal ainsi que Rodrigo de la Serna incarnent les deux
personnages principaux. Il est intérressant de savoir que Rodrigo
de la Serna est un cousin du célèbre révolutionnaire
argentin. De ce côté, chapeau à Garcia Bernal qui
réussit à adopter l'accent argentin du Che et fait oublier
sa nationnalité mexicaine. Garcia Bernal, ayant déjà
incarné le Che dans une série télévisée,
joue le jeune Guevara avec une belle précision et une justesse
digne de son talent. On croit dur comme fer aux crises d'asthme qui
constituaient les seules limites du Che. De son côté, Rodrigo
de la Serna se révèle une belle surprise incarnant un
Granado comique et sérieux lorsque la situation l'exige.
Un beau film pour un personnage hors du commun. Les paysages, les personnes,
la musique, tout est beau dans le film. Aucune politique facile, une
rigueur exemplaire de la part de Salles, tout est impeccable. La fin
est simplement remarquable alors que Garcia Bernal lit les dernières
lignes. Après le visionnement d'un tel film, on ne peut que penser
comme le Che en se disant à soi-même, «moi, je ne
suis plus moi». Mission accomplie pour Salles étant donné
l'ampleur du mythe. Faisons tous un voyage par les Andes...
Version française : Carnet de voyage
Version originale : Diarios de motocicleta
Scénario : Jose Rivera, Ché Guevara (livre), Alberto
Granado (livre)
Distribution : Gael García Bernal, Jaime Azócar,
Rodrigo De la Serna
Durée : 126 minutes
Origine : Argentine, Chili, Pérou, États-Unis
Publiée le : 8 Octobre 2004
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