MON ANGE (2005)
Serge Frydman
Par Frédéric Rochefort-Allie
«Aujourd’hui c’est le 13e jour... et au 13e jour,
une femme aimerais bien pouvoir annoncer à son amoureux qu’il
faudrait peut-être prévoir une chambre pour le bébé.»
Cherchant désespérément à trouver un homme
qui pourrait l’aider à concevoir, une prostituée
(Vanessa Paradis) se voit dérangée dans sa quête
lorsequ’une «collègue» lui téléphone
pour lui demander d’aller chercher son fils et de l’attendre
à une gare. Les choses se compliquent alors que le jeune Billy
(Vincent Rottiers) s’avère être un adolescent et
que sa mère ne se pointe pas au rendez-vous.
Vanessa Paradis, qu’on connait beaucoup plus pour son fameux Joe
le taxi, est une actrice très sélective par rapport
à sa carrière cinématographique. On d’ailleurs
devait la voir dans le Don Quichotte de Terry Gilliam, mais
finalement rien ne s’est produit. Voilà donc que même
après plus de cinq ans avec La Fille sur le Pont, madame
Paradis n’aura tourné que deux films, Atomik Circus
et Mon Ange. Ce dernier, signé du scénariste
de La Fille sur le Pont, reprend sans surprise la chanteuse
dans un rôle un peu simillaire, où la sensualité
du personnage est encore une fois un élément majeur de
sa personnalité. Vanessa Paradis dégage un grand sex-appeal
et sait comment utiliser intelligement cet avantage avec ses personnages,
ce qui explique un peu qu’elle tourne souvent autour de cette
dimension. Après tout, même la Dulcinée de Don Quichotte
répondait un peu aux mêmes exigences. Mais chez Mon
Ange, la prostituée sent le temps et son momentum qui lui
filent entre les doigts, ce n’est pas qu’une simple vamp,
bien qu’elle s’adonne au jeu de la séduction. Serge
Frydman sait toujours créer des personnages fascinants, et cette
fois il offre à ses deux acteurs une athmosphère de jeu
laissant planer ce désir refoulé entre la prostituée
et l’adolescent où tout se joue dans le langage corporel.
Un défi qu’ils relèvent avec succès. Par
contre, ses protagonistes originaux sont prisonniers d’un scénario
paresseux où les surprises sont inexistantes.
Le début derrière la caméra de Serge Frydman n’égale
peut-être pas en qualité ses scénarios passés,
mais on retrouve chez Mon Ange un cinéaste dont le talent
est encore à l’état brut et qui semble s’exercer
dans l’intérêt de peut-être nous offrir un
prochain film plus soigné. Qui sait? Visuellement, Frydman fait
appel à un excellent directeur photo, Vilko Filac d’Underground,
à qui l’on doit un esthétisme incroyable dans la
majeure partie des plans, plus particulièrement dans ces longs
travellings avants, où l’on découvre par exemple
Vanessa Paradis en petite tenue faisant la vitrine des prostituées.
Le tout accompagné d’une douce mélodie d’Elvis
ou, comme dans la majeure partie du film, d’une réinterprétation
d’une chanson de Tom Waits.
Mon Ange est loin d’être un grand film, sauf qu’il
aura permis à Serge Frydman de faire ses premiers pas derrière
la caméra et à Vanessa Paradis de prouver, une fois de
plus, que sa carrière au septième art vaut bien plus que
sa vocation originale. Si le cinéaste pouvait retrouver l’originalité
de ses scénarios dans sa période de Patrice Leconte et
laisser tomber les moules scénaristiques faciles, il pourrait
être un nouveau cinéaste fort intéressant dans les
années à venir.
Version française : -
Scénario :
Serge Frydman
Distribution :
Vanessa Paradis, Vincent Rottiers, Eduardo Noriega,
Eric Ruf
Durée :
94 minutes
Origine :
France, Pays-Bas
Publiée le :
22 Septembre 2005