MISSION : IMPOSSIBLE 2 (2000)
John Woo
Par Frédéric Rochefort-Allie
Votre mission, si toutefois vous l'acceptez, consiste à endurer
n'importe quelle minute autodestructrice de ce deuxième opus
d'une série pourtant bien amorcée par le renommé
Brian De Palma. Cette fois, c'est au tour du fameux réalisateur
John Woo, longtemps renommé comme étant un «roi
de l'action» et qui joue encore avec cette réputation pour
faire mousser la vente de ses films. Toujours accompagné de Tom
Cruise, tant comme acteur que producteur, Mission : Impossible 2
fut toutefois reporté de plusieurs mois. Ce qui devait au départ
nous être présenté vers Noël ne le fut que
l'été suivant.
Encore une fois, le grand agent IMF Ethan Hunt (Tom Cruise) est appelé
par l'agence afin d'accomplir une mission qui consiste à retrouver
les voleurs d'un virus et leur reprendre pour sauver le monde entier
d'une menace de terrorisme bactériologique. Or, le méchant
n'est nul autre que la doublure d'Ethan Hunt dans certaines missions,
Monsieur Sean Ambrose (Dougray Scott).
Après avoir joué pour Kubrick, tout le monde s'attendait
à ce que Tom Cruise en soit légèrement grandit,
à ce qu'il décide de changer d'archétype, mais
nous avions tous tort. Non seulement il incarne ici un personnage très
stéréotypé, mais c'est aussi le pire de toute sa
carrière. Le charisme atteint son niveau zéro. Tom Cruise
ne joue même plus, il semble poser pour un photographe. Le duo
qu'il forme avec Thandie Newton est extraordinairement fade. Aucune
étincelle ne prend forme, le néant total. D'ailleurs,
celle-ci joue d'autant plus mal que son partenaire. Comble du ridicule,
Anthony Hopkins fait un caméo dont la seule utilité est
d'apporter un autre nom imposant d'Hollywood pour mieux vendre le film.
Côté scénario, la première partie du récit
s'avère être un piètre remake de Notorious
où les références sont plus que grossières.
Mais ce qui frappe avant tout, c'est qu' Ethan Hunt n'est vraiment plus
le même agent. Il ne craint plus le danger, se rapproche des femmes,
etc. Bref, on dirait un mauvais pastiche de James Bond. Les
répliques sont d'ailleurs d'une simplicité frappante.
Mission : Impossible 2 change aussi d'univers sonore. Si le
début de la nouvelle chanson thème version Limp Bizkit
démarre plutôt bien, on constate après environ 30
secondes que le groupe ne mène pas la chanson bien loin. Beaucoup
de bruit pour rien et des paroles ridicules. D'un autre côté,
elle fait bien le portrait du film. Même John Woo rentre dans
cet état d'esprit. Quand l'on sait qu'un film est bâtit
à partir de ses scènes d'actions, ça annonce deux
choses. Premièrement, Woo ne se soucie vraiment pas de faire
passer un quelconque message avec son film. Deuxièmement, les
scènes d'actions doivent donc être très fortes pour
soutenir le seul argument que s'offre le réalisateur. Les connaisseurs
en matière d'action se souviendront que Woo nous habituait avant
à des tueries beaucoup plus sanglantes, comme par exemple avec
The Killer. Mission : Impossible 2 ressemble bien
plus à une parodie que Woo ferait de lui même qu'à
un film d'action à part. Bien sûr, l'idée d'un duel
en moto n'est pas mauvaise, ni même les cascades «impossibles»
qu'exécute Tom Cruise, mais une scène doit exister dans
un contexte narratif.
Je ne sais pas comment nous devons prendre l'annonce d'un troisième
volet. Est-ce une insulte à notre intelligence? Chose certaine,
Mission : Impossible 2 l'est. Ce film est à éviter,
sauf si vous désirez voir un festival des masques accompagné
d'une tonne d'explosifs et de la musique plutôt lourde. Tom Cruise
confirme son statut d'acteur le plus surestimé des États-Unis
et Woo continue de perdre la magie de ses premiers films. Bref, c'est
bien beau l'Australie, mais ce n'est pas un argument assez puissant
pour sauver cette épave.
Version française : Mission : Impossible 2
Scénario : Ronald D. Moore, Brannon Braga, Robert Towne
Distribution : Tom Cruise, Dougray Scott, Thandie Newton, Ving
Rhames
Durée : 123 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 2 Novembre 2003
|