THE MISSING (2003)
Ron Howard
Par Louis-Jérôme Cloutier
Ron Howard a peut-être connu énormément de succès
avec A Beautiful Mind, mais il n’a pu se tenir définitivement
hors des échecs. The Missing, son plus récent
projet, s’est classé en 8e position au box-office et a
connu des critiques mitigées. Il s’agit d’un film
aux allures de western qui relate principalement une chasse à
l’homme. Maggie Gilkeson est une femme vivant avec ses enfants
dans un ranch éloigné de l’Ouest américain
à la fin du XVIIIe siècle. La plus vieille de ses filles,
Lily, est capturée par un groupe composé d’Amérindiens
et de soldats renégats désirant revendre leurs prises
au Mexique. Aidée de son père qui tente de se réconcilier
avec elle, Maggie suit la trace des kidnappeurs dans l’espoir
de récupérer sa progéniture. Je ne sais pas si
c’est le cas pour beaucoup de gens, mais personnellement, en visionnant
la bande-annonce, je ne croyais pas que l’histoire du film aurait
été aussi banale. Je m’attendais davantage à
un western faisant appel au surnaturel, au fantastique et même
à l’horreur. Au contraire, The Missing est un
suspense des plus ordinaires.
Les problèmes se situent presque entièrement dans le scénario.
Dès le départ, l’idée n’est pas des
plus intéressantes. C’est pourquoi on a décidé
d’enrober le tout d’éléments plus attrayants,
éléments qui s’avèrent finalement nuisible.
D’abord, le père de Maggie, interprété par
Tommy Lee Jones, est introduit de façon très brusque.
Il n’a pas vu sa fille depuis des années, puis il fait
soudainement surface. Il a quitté femme et enfant il y a longtemps
afin de suivre la culture amérindienne et c’est tout ce
que le scénariste daigne offrir comme explication. En fait, l’ensemble
des personnages est totalement dépourvu de profondeur et de développement.
Cate Blanchett est une bonne actrice qui gaspille ici honteusement son
talent dans un rôle sans substance. Tommy Lee Jones est solide
comme à l’habitude malgré qu’il incarne un
personnage manquant de crédibilité. Il y a également
les ravisseurs de qui l’on n’apprend jamais rien et dont
les visages nous sont inconnus. Le chef, pour sa part, est un sorcier
amérindien qui est supposé être menaçant,
bien que je l’ai surtout trouvé ridicule. Le développement
du film est bien sûr archi-prévisible et rien apporte un
vent de fraîcheur ou permet de vraiment être captivité
par l’histoire qui tombe à plat sans jamais se relever.
Howard et le reste de l’équipe de production tenait vraisemblablement
à tourner un grand film, peut-être même de répéter
le succès de A Beautiful Mind. Cependant, malgré
le travail qu’ils ont investi, lorsque le scénario n’est
pas potable, la pilule est difficile à avaler pour le téléspectateur.
Le réalisateur oscarisé offre un travail honorable qui
suit ce qu’il a fait dans ses autres films. Un des rares aspects
positifs, le film intègre d’une façon intéressante
les Amérindiens dans le récit en prenant soin de ne pas
seulement les classer comme les méchants de service. Il y a aussi
de la satisfaction à retirer des décors et des paysages
qui constituent le point le plus intéressant tout en rappelant
Open Range dans cet aspect. Cependant, ce dernier est un film
qui est réussi dans son ensemble. The Missing n’est
que suffisamment divertissant pour que l’on puisse passer à
travers son visionnement sans problème. Rien n’est mémorable,
c’est un produit à usage unique que l’on consomme
pour ensuite passer au prochain. L’expression anglaise by
the numbers convient parfaitement pour qualifier ce film.
Bref, Ron Howard réalise un film qui lui convient très
bien. The Missing est tout ce qu’il y a de plus ordinaire
et s’oublie rapidement. Pas vraiment mauvais et suffisamment divertissant
si l’on n’est pas dérangé par la prévisibilité,
l’invraisemblance et la froideur émotionnelle du film.
Version française :
Les Disparus
Scénario :
Ken Kaufman
Distribution :
Cate Blanchett, Tommy Lee Jones, Evan Rachel Wood,
Jenna Boyd
Durée :
130 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
11 Mars 2004