A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

MILLIONS (2004)
Danny Boyle

Par Jean-François Vandeuren

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Danny Boyle aime semer la pagaille dans les rouages de notre mode de vie où l’être humain n’est pas dévoilé sous un jour très attrayant. Après avoir questionner sur l’ordre de ses priorités dans 28 Days Later, sur ses faiblesses mettant en péril la stabilité d’une société, ou encore ses moyens de défenses pour ne pas avoir à y faire face, Boyle s’attaque cette fois-ci, un peu comme dans Shallow Grave, à l’argent. Nous pourrions d’ailleurs qualifier ce Millions de version allégée du premier film du réalisateur britannique. Si Millions ne fait pas vraiment dans la subtilité, il ne s’en cache aucunement d’ailleurs, Boyle a de ce fait ralenti considérablement le pas pour une tournure moins agressive qu’auparavant. Même qu’il se montre cette fois-ci sous un jour un peu plus optimiste.

Nous suivons donc le périple de deux jeunes frères, Damien et Anthony, récemment emménagés dans un nouveau développement résidentiel et qui se retrouve un beau jour avec un grand sac rempli d’argent sorti de nul part en apparence. Damien, le plus jeune, très absorbé dans toutes les histoires de saintetés, croit qu’il s’agit d’un don de Dieu et qu’il doit l’utiliser dans le but de faire le bien et ainsi aider les plus démunis. Anthony, quant à lui, compte bien utiliser tout cet argent à des fins beaucoup plus matérialistes. Parcours qui ne sera pas sans embuches lorsqu’ils découvriront d’où provient réellement cette immense somme d’argent, en plus qu’ils n’ont que quelques jours avant que la Livre anglaise ne perde complètement sa valeur au profit de l’Euro.

Pour Millions, Danny Boyle a fait équipe avec le scénariste Frank Cottrell Boyce, acolyte de longue date du réalisateur Michael Winterbottom dont il signa entre autre l’écriture des excellents Code 46 et 24 Hour Party People. Le présent récit effectue par contre quelques dérapages. On pense notamment à la religion instauré à quelques reprises comme figure de guide, ce qui n’est pas vraiment problématique au départ, mais cette formule devient par contre un peu engourdissante à mesure que le film avance. Certaines facettes de l’histoire semblent de plus avoir été sacrifiées au profit d’un récit cherchant beaucoup plus à faire passer son message par le biais de scènes démonstratives, que de réellement faire progresser parallèlement une histoire de manière aussi soutenu, surtout en fin de parcours où les évènements se précipitent un peu trop dans toutes les directions et deviennent ainsi légèrement confus.

De son côté, Boyle n’a absolument rien perdu de sa technique, même qu’il la réaffirme ici après un bref passage plus ou moins convainquant au numérique dans 28 Days Later. Le réalisateur britannique revient donc en force avec une illustration à la fois sobre et plus éclatée, respirant le monde de l’enfance à travers ses couleurs très vives et ses effets visuels surprenants comme la construction d’une maison en accéléré ou une transition entre deux scènes où la suivante s’empile sur la précédente comme d’immenses cubes. Boyle parvient donc à conférer un charme bon enfant à son film par son visuel, mais aussi par le biais de ses interprètes, particulièrement ses deux jeunes acteurs, dont Alexander Nathan Etel qui livre ici une performance on ne peut plus attachante venant donner le ton à l’effort.

Bref, Danny Boyle nous offre ici son œuvre la moins provocatrice à ce jour. Il n’en demeure pas moins un effort bien intentionné fait avec beaucoup de style, aspect que ce dernier a d’ailleurs su adapter d’une belle manière pour l’occasion. Même si ses fans y trouveront tout de même leur compte, il est clair que Millions vise un public un peu plus jeune que ses habitués. De ce fait, ce nouvel effort a de quoi à faire rougir bien des productions moralisatrices sur les dangers du capitalisme destinées aux enfants qui transpirent plus souvent qu’autrement une certaine hypocrisie. L’arme de taille dans le cas du film de Boyle se terre dans sa sincérité, mais également son audace. Millions ne cherche donc pas à nous faire retomber en enfance, mais souligne encore avec détermination l’un des nombreux facteurs nous écartant du «droit chemin» à l’âge adulte.




Version française : -
Scénario : Frank Cottrell Boyce
Distribution : Alexander Nathan Etel, Lewis Owen McGibbon, James Nesbitt
Durée : 98 minutes
Origine : Angleterre

Publiée le : 10 Avril 2005