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MAXIMUM OVERDRIVE (1986)
Stephen King

Par Alexandre Fontaine Rousseau

Depuis la révolution industrielle, l'homme fait confiance à la machine. Sans machines, l'homme moderne serait probablement la victime de sa propre paresse. La stabilité de notre mode de vie est précaire. Acceptons que notre précieux confort matériel est illusoire car basé sur une relation instable ainsi qu'imprévisible avec des entités que nous avons créées pour qu'elles nous servent mais qui un jour, pourraient se retourner contre nous. «Who made who?», demandent les éternellement profonds AC/DC dans la chanson-thème de Maximum Overdrive. C'est cette question que nous nous posons tous lorsque nous réfléchissons comme le fait ici le romancier Stephen King à la nature réelle de notre relation avec nos créatures électriques. Mais notre éternelle naïveté sévit une fois de plus pour endormir nos craintes. Rien ne pourrais provoquer une telle révolte des machines... Rien?

Rien à l'exception, bien entendu, du passage d'une comète dans la trajectoire terrestre! Il est bien connu que la poussière cosmique a des effets ravageurs sur le comportement des électroménagers et des véhicules motorisés. C'est d'ailleurs en partant de ce fait scientifique éprouvé que King arrive à concocter une méditation sur la dépendance de l'homme à la technologie. Loin de lui l'idée de nous servir la même vieille structure narrative prévisible en laissant cette fois-ci à de gros camions lourds la tâche de menacer quelques pauvres individus de la classe moyenne. Règle générale, les histoires de King suivent une progression pré-établie et ne se préoccupent que de renouveler l'antagoniste. Une fois, c'est un camion tueur et celle d'après un clown meurtrier. Ici, le bon Stephen a la générosité de nous offrir un camion-clown sanguinaire.

Dans toute cette histoire, il peut paraitre étrange qu'au bout de quelques minutes, seuls les camions deviennent une menace pour l'humanité. Maximum Overdrive serait-il une fable écologiste? Voilà une théorie fort douteuse qui n'excuserait de toute façon jamais le fait que tandis que les camions s'avèrent rapidement des opposants ennuyants, les tondeuses possédées, arcades survoltées et autres distributrices défaillantes amuseront à jamais l'amateur blasé de cinéma d'horreur bon marché. Tristement redondante, la seule et unique réalisation de King gâche un concept pourtant prometteur en son genre pour nous servir un enchainement défaillant d'insurrections motorisées.

Perdu au coeur de ce cauchemar du camionneur, le spectateur commence pour sa part à se demander si King possède même la capacité hypothétique de livrer une séquence enlevante. Maximum Overdrive est de toute évidence l'adaptation d'une nouvelle étirée sur la durée d'un long-métrage. Au bout d'une trentaine de minutes, le scénario est essoufflé et la tension a frappée le point mort. Il ne reste plus qu'à attendre que quelque chose se passe. C'est justement ce qui n'arrive jamais, car même notre courageux héros (Emilio Estevez) semble plus occupé à se tourner les pouces qu'à repousser les piètres attaques d'une horde enragée de camions conscients.

Ce manque de variété se reflète jusque dans la trame sonore que signe AC/DC. Quoi de mieux pour accompagner un film à deux vitesses qu'une série de chansons identiques? À tout le moins, les succès du groupe australien ont le mérite d'injecter une bonne dose de carburant à ce moteur décrépit qui tourne à un rythme mollasson pour finalement s'étouffer dans le désintérêt généralisé. De ce premier essai derrière la caméra pour Stephen King, on retire en fin de compte la morale qu'un auteur à succès n'est pas nécessairement un réalisateur doué. On aurait voulu perdre foi en la machine et être motivés à pratiquer la simplicité volontaire.




Version française : Maximum Overdrive
Scénario : Stephen King
Distribution : Emilio Estevez, Pat Hingle, Laura Harrington, Yeardley Smith
Durée : 97 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 4 Août 2005