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MAX (2002)
Menno Meyjes

Par Jean-François Vandeuren

Art + Politique = Pouvoir. C’est sous cette polémique extrèmement accrocheuse que ce présente le film Max de Menno Meyjes annonçant une exploration fascinante du cas du jeune Adolf Hitler et des illusions confuses de ce dernier à travers des notions d’art et de politique et du jeu se jouant entre les deux disciplines dans une période d’après guerre. Malheureusement, la réalité est tout autre où la plupart des attentes demeurent insatisfaites. Un film à la forme classique qui ne reste qu’en surface.

L’exploration de ce segment de la vie du dictateur dépeint sa relation en tant qu’aspirant peintre avec un marchand d’art juif, Max Rothman (John Cusack) où ce dernier voit en Hitler (Noah Taylor) un style intéressant, mais qui ne se manifeste pas suffisamment pour atteindre le statut de voix unique. Tout au long de leurs dialogues, Max tentera de provoquer Hitler pour qu’il se manifeste pleinement dans son art. Entre temps, on nous montre une escalade haineuse envers le peuple juif dans un pays que l'on accuse de part et d'autre d’être le grand responsable d'une guerre horrible. On assiste du même coup au développement de la propagande où des militaires et artisans s'emparent de places publiques pour vomir leurs propos antisémites.

Tout de même ironique comme récit car l’exploitation du scénario fait exactement le contraire des conseils de Max à Hitler: on ne reste qu’au premier niveau. On ne fait que dépeindre des évènements comme si on lisait un livre d’histoire: que des faits. Probablement l’aspect le plus décevant du film. Il s’agit pourtant d’une œuvre qui avait une prémisse avec beaucoup d’éléments à exploiter, pouvant porter à réflexion sur le regard posé sur les évènements qui s'en suivront tel que la prise du pouvoir et le régime fasciste instaurée par Hitler, mais le tout ne bouge pas suffisamment dans ce sens. On sent à quelque part que le Hitler écrit sur papier et qu’on nous présente à l’écran aurait pu être n’importe quel jeune adulte connaissant des temps difficiles et qui a des idées de grandeur se mélangeant dramatiquement à la haine et la confusion. C'est ce qui fait de Max un long-métrage duquel on ressort sans avoir réellement quelque chose à dire car il n'y a pas assez de matière à aborder. D’autre part, la façon dont on présente l’idée de la politique en tant qu’art, ou l’art de la manipulation du peuple par les mots et le charisme pouvant faire avaler à la population n’importe quel idéologie, est intéressante et bien introduit au départ. On sent qu’on essai d’aller quelque part. La démonstration du développement des croquis d’Hitler et de son «monde du futur» aurait pu soutenir le film à elle seule. Le problème est que ça s’arrête là. Max regarde quelques dessins représentant des uniformes militaires et des édifices à la fois moderne tout en s’inspirant du passé, il trouve le tout génial disant au jeune Adolf qu’il est en train de trouver sa force et la scène se termine sur cette note. Dommage.

Le genre de film auquel appartient Max démontre un style européen extrêmement classique. On a clairement misé avant tout sur le développement de la mise en scène et du récit, ce qui laisse peu de place à des prouesses au niveau de l’image, cet aspect n’ayant pas été pris avec beaucoup de sérieux de toute évidence. Le réalisateur néerlandais Menno Meyjes nous offre une composition théâtrale plutôt anonyme et tout aussi modeste tel qu’on en a vu des dizaines de fois dans des films traitant de sujet appartenant à l’histoire et la politique. Il faut dire que le scénario ne laissait pas vraiment de place non plus au développement d’un langage propre à ce niveau. Bonne prestation d’acteurs tout de même de la part de John Cusack et d’un Noah Taylor qui campe bien le rôle d’Adolf Hitler en construisant un homme très stricte cherchant à exprimer ses idéologies dans un pays en début de crise qui sera prêt à croire n’importe qui se présentant comme celui qui va les sortir de la misère.

Si un film politique ne bénéficie que très rarement d’une approche esthétique enviable, il faut néanmoins dire que celui-ci rattrape ce point faible par un contenu intéressant, voire éducatif. Max n’est pas un mauvais film en soi. Disons plutôt qu’il est incomplet. Je crois que j’ai été aussi déçu face au résultat car je m’attendais vraiment à beaucoup de la part de ce film et pourtant, j’en ai appris que bien peu. Pour la leçon d’histoire, on repassera. Pour la leçon de cinéma également.




Version française : Max
Scénario : Menno Meyjes
Distribution : John Cusack, Noah Taylor, Leelee Sobieski, Molly Parker
Durée : 106 minutes
Origine : Hongrie, Canada, Angleterre

Publiée le : 21 Août 2003