MATCHSTICK MEN (2003)
Ridley Scott
Par Louis-Jérôme Cloutier
Il y a de ça environ 4 ans, le nom de Ridley Scott était
synonyme d’échec. Après avoir réalisé
des films importants du cinéma américain comme Blade
Runner ou Alien, il a vu disparaître peu à
peu sa renommée. Comme quoi les choses peuvent être éphémères
à Hollywood. N’oublions pas non plus que c’est le
terrain parfait du american dream. C’est pourquoi Scott
est né à nouveau de ses cendres tel un phénix.
S’il n’a pas retrouvé tout le talent de l’époque,
il reste un bon réalisateur. Matchstick Men s’annonce
comme un mélange de Catch Me If You Can et de Ocean's
Eleven avec un Nicolas Cage en Charlie Kaufman. Qu’en est-il
vraiment ?
Escrocs professionnels, Roy (Cage) et son partenaire Frank (Rockwell)
préparent l’un de leur plus gros coup. Mais au même
moment, Roy doit commencer à consulter un psychologue et, de
fil en aiguille, il renoue avec sa fille (Lohman) qu’il n’a
jamais connue. Cependant, cette nouvelle venue viendra bouleverser la
vie du duo et le coup qu’ils préparent. Comme cette prémisse
l’indique, Matchstick Men est avant tout un film de personnages.
En effet, l’attrait principal réside dans la façon
dont ils ont été construit et comment ils interagissent
entre eux. À ce chapitre, le personnage de Cage est absolument
merveilleux. Il interprète avec merveille un névrosé
bourré de tics et obsédé par toutes sortes de manies.
De son côté, Rockwell nous sert une prestation dont il
nous a habitués dans la plupart de ses rôles, c’est
donc dire qu’il s’en sort bien. Alison Lohman, pour sa part,
nous sert la surprise d’interpréter son personnage avec
finesse et intelligence pour son premier grand rôle. Bref, si
une seule chose peut justifier le visionnement de ce film, c’est
bien la performance des acteurs et la richesse de leur personnage. Ils
forment une chimie exemplaire et transmettent littéralement leur
plaisir de l’écran vers le spectateur. Du côté
du scénario, cette histoire rocambolesque et franchement drôle
a de quoi faire sourire par son charme si simple.
Cependant, l’angle davantage dramatique vers la fin pourrait en
rebuter plus d’un, surtout que le tout n’est pas vraiment
efficace. Il faut dire que toute la trame change dramatiquement de ton
pour passer à quelque chose de très sérieux alors
que l’on nous avait habitués à tout ce qu’il
y a de plus léger. Même si le scénario est très
solide et justifie parfaitement ce changement d’attitude, il reste
que cette transition se fait trop abruptement tout en tombant dans une
morale un peu rose bonbon. J’ajouterais que certains éléments
sont parfois très prévisibles, alors que d’autres
déconcertent totalement. Aussi, on sent parfois une baisse de
régime et d’idée de la part des scénaristes.
Cela est tellement vrai que Scott descend également de rythme.
Alors que l’on démarre sur les chapeaux de roue, il s’ensuit
des longueurs et quelques moments un peu mous. Cependant, l’ensemble
de la production contient un très beau visuel ainsi qu’une
ambiance irrésistible baignant dans la musique des années
1950 et de Frank Sinatra. Les images sont élégantes, soignés
et l’ensemble est fait avec talent et intelligence.
Drôle, enjoué, charmant et composé d’excellents
personnages bien interprétés, Mathstick Men contient
tous les ingrédients pour assurer un divertissement intelligent.
Il se compare aisément, comme dit plus haut, à Catch
Me If You Can sans atteindre la qualité de Ocean's Eleven.
Tous pourront apprécier le travail effectué sur ce film
et passeront un bon moment. Peut-être en aurait-il été
autrement il y a quelques années, mais vu ce que 2003 nous a
offert, on peut sans aucun doute affirmer que Matchstick Men
se classe dans une catégorie supérieure. À voir
avec plaisir.
Version française :
Les Moins que rien
Scénario :
Nicholas Griffin, Ted Griffin
Distribution :
Nicolas Cage, Sam Rockwell, Alison Lohmann, Bruce
McGill
Durée :
116 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
25 Septembre 2003