MASTER AND COMMANDER : THE FAR SIDE OF THE
WORLD (2003)
Peter Weir
Par Louis-Jérôme Cloutier
Master And Commander : The Far Side Of The World a bénificé
de très bonnes premières impressions avant sa sortie.
Le nouveau film de Peter Weir (The Truman Show) se voyait presque
déjà attribuer l’Oscar du meilleur film et celui
du meilleur acteur pour Crowe. Tout cela s’avère en fin
de compte franchement ridicule, de mon point de vue, puisqu’il
n’y a vraiment rien d’extraordinaire dans cette production.
Certes, la direction artistique est magnifique et on se croirait vraiment
sur le pont d’un vaisseau anglais du 18e siècle. Cependant,
on a oublié durant la pré-production qu’un scénario
de bonne qualité serait peut-être nécessaire. Car
voyez-vous, Master And Commander est souvent fort ennuyant.
Bien qu’un rythme lent ne m’a jamais dérangé
outre mesure, j’avoue avoir été somnolent plus souvent
qu’autrement. Alors que le film démarre sur une bonne note
lorsque l’on découvre la richesse et la minutie appliquée
dans les costumes et les éléments historiques, on retombe
dans toute sorte de conversations et de séquences qui nous sont
très indifférentes. Rien de très mémorable
ou de très divertissant pour un film qui se veut d’aventures.
L’histoire se résume en la poursuite d’un vaisseau
français, bien que la majeure partie du film se consacre à
d’autres choses. On apprend peu à peu à connaître
des personnages, ma foi bien construits et bien interprétés,
mais qui nous laissent de glace. Il y a quand même des moments
dramatiques arrivant à nous engager. Au sommet de la distribution
se retrouve Russell Crowe qui offre une performance impeccable. Oui,
il joue son rôle à merveille, mais n’est-ce pas un
peu tôt pour crier à l’Oscar. De plus, l’acteur
qui le supporte, Paul Bettany, lui vole presque la vedette. Son personnage
est nettement plus intéressant que celui de son partenaire, un
peu sous-développé dans le sens où on ne sait jamais
vraiment qui il est. Bettany incarne un médecin naturaliste aux
réflexions parfois philosophiques sur Dieu et la nature.
Aussi, Peter Weir signe une réalisation impressionnante dans
la majorité des cas. La recréation historique est quasi
parfaite et les séquences navales sont fort réussies.
Par contre, les scènes de combats et d’abordages le sont
beaucoup moins et Weir filme de beaucoup trop près, nous empêchant
de bien suivre le déroulement et de savoir vraiment ce qui se
passe. Malheureusement, Weir n’a aucun matériel pour vraiment
livrer un film qui s’impose au-dessus de la normale. Techniquement,
la réussite est totale et les acteurs sont excellents, mais comment
nous captiver et nous emporter à l’autre bout du monde
si l’on ne possède pas vraiment d’histoire à
raconter? J’ai ressenti les mêmes impressions qu’avec
A Beautiful Mind, beaucoup de bruit pour rien. Retirons Miramax,
Weir et Crowe, le film passe quasi inaperçu. Bien entendu, il
risque de se retrouver dans plusieurs catégories lors de la fabuleuse
cérémonie « récompensant » le cinéma.
Dommage que les mêmes recettes reviennent, la prévisibilité
des gagnants est rendue pathétique, surtout quand on sait que
de nombreux films tels que Elephant méritent nettement
plus d’attention.
En conclusion, Master And Commander possède toutes les
qualités qu’il est possible d’avoir dans les domaines
techniques et artistiques. Même le son est impressionnant. Par
contre, une histoire intéressante aurait été la
bienvenue afin de donner vie à ce très beau tableau. Bien
sur, le film plaira aux gens de l’académie et risque de
partir avec quelques statuettes dans les poches. Pour les autres, on
cherchera ailleurs un film du genre qui se veut intelligent, mais aussi
intéressant et non la meilleure solution à l’insomnie.
Beau, bien interprété, bien réalisé, mais
terriblement ennuyant.
Version française :
Maître à bord : De l'autre
côté du monde
Scénario :
Peter Weir, John Collee
Distribution :
Russell Crowe, Paul Bettany, James D'Arcy, Edward
Woodall
Durée :
138 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
16 Novembre 2003