MAN ON FIRE (2004)
Tony Scott
Par Louis-Jérôme Cloutier
La revanche est l’un des thèmes les plus utilisés
au cinéma par les temps qui courent. On pense nottament à
The Punisher et Kill Bill. Voilà que Tony Scott
débarque avec son nouveau film qui navigue dans des eaux semblables.
En tête d’affiche, Denzel Washington incarne Creasy, un
ancien militaire alcoolique au passé troublant. Sans emploi,
il finit par dénicher un emploi de garde du corps auprès
d’une riche famille au Mexique. Les enlèvements étant
très fréquents, Creasy a pour mission de protéger
la jeune Pita. D’abord très distant et ayant de la difficulté
à sortir de sa dépression, Creasy devient un ami important
de la petite fille et reprend goût à la vie. Cependant,
Pita est victime d’un enlèvement et son garde du corps
est laissé pour mort, criblé de balles. Ayant survécu,
il décide de prendre les choses en mains pour se faire justice.
Man on Fire est ce que The Punisher aurait dû
être: un film ayant pour thème la vengeance qui arrive
à impliquer émotionnellement le spectateur tout en proposant
de bonnes séquences d’actions. Il faut dire que le film
de Scott est divisé en deux parties bien distinctes. La première
explore l’amitié qui se développe entre Pita et
son garde du corps, alors que la seconde partie devient plus musclée
et est surtout axée sur l’action. Denzel Washington livre
encore une bonne performance et joue de façon crédible
un personnage tourmenté par les démons du passé.
Sa relation avec Dakota Fanning est parfaitement crédible et
ne tombe jamais dans les excès. Le scénario de Brian Helgeland
(Mystic River) prend le temps de bien développer les
deux personnages principaux. The Punisher démontre bien
que lorsque l’on laisse la psychologie des personnages de côté,
on se retrouve avec un film n’arrivant pas à nous impliquer.
Dans Man on Fire, la quête de Creasy est bien plus compréhensible
et dramatique. C’est certainement là la plus grande qualité
du film. Sans être particulièrement audacieux, le récit
est néanmoins bien construit et possède un bon équilibre
entre son action brutale et son côté davantage dramatique.
Tony Scott est un bon réalisateur, peut-être même
au dessus de la moyenne. Pour Man on Fire, il a décidé
d’y aller à fond en utilisant toutes sortes d’effets
fort agréable. Flash-backs, accélérations,
ralentissements, Scott ne fait rien de nouveau mais donne un style intéressant
à son film. Certains pourraient rétorquer qu’il
s’agit de poudre aux yeux tentant d’esquiver un scénario
faible en lui donnant un contenant attrayant. Je ne suis pas d’accord.
Scott cherche plutôt à faire un film pouvant suffisamment
se distinguer de la masse. Au lieu de suivre paresseusement les règles,
tel que The Punisher, il ajoute ici et là des effets
renforçant la qualité globale du film. C’est pour
toutes ces raisons que Man on Fire est un divertissement bien
réussi avec plusieurs qualités. Même la fin est
assez agréable dans les circonstances, elle ne sent pas le cliché
à plein nez. Elle est plutôt sur un ton lyrique et mélancolique
qui n’a rien à voir avec les aventures de Frank Castle.
Bref, j’ai été surpris par Man on Fire.
Au lieu d’être aussi banale que la plupart des histoires
du même genre, le film de Tony Scott se distingue par un scénario
de qualité possédant un très bon équilibre
entre dramatique et action, tout en développant de façon
convaincante la psychologie et la relation entre les personnages. Les
interprétations sont de très bonnes qualités, en
commençant par celle de Denzel Washington. Le seul point négatif
serait peut-être la longueur du film qui aurait pu être
raccourci de plusieurs minutes afin de maintenir un meilleur rythme.
Un bon divertissement de masse, non exempt d’intelligence.
Version française :
L'Homme en feu
Scénario :
Brian Helgeland
Distribution :
Denzel Washington, Dakota Fanning, Christopher
Walken
Durée :
146 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
3 Mai 2004