MADAME BROUETTE (2002)
Moussa Sene Absa
Par Chamsi Dib
Tenter de comparer un film sénégalais avec un film hollywoodien
est une entreprise vouée à l’échec. Autres
cultures, autres mœurs…même si le cinéma peut
avoir un caractère universel, cela demeure impossible. Madame
Brouette n’est pas le film de l’année, mais
il propose un regard critique sur la situation des femmes au Sénégal.
Mati, surnommée Madame Brouette, est divorcée et doit
faire vivre sa famille. Pour survivre, elle vend des légumes
en marchant de longues heures pendant toute la journée avec sa
brouette. Elle décide d’échapper à sa situation
précaire en faisant de la contrebande, ce qui lui permet d’ouvrir
une gargote (restaurant) avec sa meilleure amie. Entre temps, elle rencontre
un policier, qui est un charmeur assuré et dont elle devient
amoureuse. Leur liaison devient houleuse et leur fin tragique.
De ce fait, le film comporte un double récit. Celui du présent
et du passé. Le film débute avec la fin et c’est
par flash backs (qui constitueront la presque totalité
du film) que l’on tente de comprendre l’intrigue de la mort
du policier. Les flash backs renseignent sur la vie de Mati
ainsi que des femmes sénégalaises qui sont parfois prises
entre la religion musulmane et catholique. Avec des thèmes tels
que la violence, la religion, la pauvreté, la famille, le concept
de l’amour, la prostitution, la corruption ainsi que les médias,
on ne peut rester froid devant ce film rempli d’humanisme qui
tente de montrer la beauté de la femme.
Ce qui laisse froid est la mise en scène. Elle manque de rythme
et de finesse. On sent l’écriture grossière du scénario,
sans aucune subtilité. Parfois, le spectateur rie lorsqu’il
s’agit d’une scène dramatique. Certes, on est habitué
à la justesse, mais le jeu des comédiens laisse à
désirer. Cependant, on se laisse envoûté par un
décor ensoleillé et par la beauté des femmes, ceci
étant appuyé par la fabuleuse musique créée
par Majoly, Mamadou Diabaté et Serge Fiori. Madame Brouette
a un contenu intéressant, profond et intelligent, mais dans une
forme narrative qui laisse une impression de caricature. Grand propos,
petit film.
Version française : -
Scénario : Claude Gilaizeau, Moussa Sene Absa
Distribution : Rokhaya Niang, Aboubacar, Sadikh Ba, Kadiatou Sy
Durée : 104 minutes
Origine : Sénégal, Canada, France
Publiée le : 11 Mars 2004
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