THE LORD OF THE RINGS : THE RETURN OF THE KING
(2003)
Peter Jackson
Par Louis-Jérôme Cloutier
Ce n’est pas tous les jours que l’on fait la file pendant
trois heures. Il faut dire que lorsque l’on s’apprête
à voir le volet final d’une trilogie qui, selon moi, s’impose
comme la meilleure jamais construite, on peut accepter bien des difficultés.
Nous voici enfin arriver à la conclusion de Lord of the Rings.
L’œuvre de Tolkien a déjà reçu tous
les honneurs qu’elle mérite, il est maintenant temps de
féliciter Jackson. Non seulement a-t-il réussi à
créer trois films de qualité égale, en plus, il
fait ce que beaucoup n’auraient jamais pu faire : transposer sur
grand écran ces livres. Ce n’est pas une chose facile,
surtout dans le cas d’une série aussi lourde en matériel.
Heureusement, le travail effectué par les scénaristes
a permis de rendre entièrement justice à Tolkien tout
en s’adaptant merveilleusement bien au grand écran. Il
ne serait pas exagéré de déclarer que le tout tient
du génie. Seulement l’idée de retrancher des moments
du second livre pour les transporter dans le troisième aurait
pu devenir un pari très risqué. Les plus grands fans du
livre étaient déjà prêts à être
frustrés contre un éventuel gâchis. Ils avaient
tort. Si Jackson a effectué des changements, il l’a fait
pour le bien de tous. Après ces quelques félicitations,
revenons au film critiqué, soit The Lord of the Rings : The
Return of the King.
Il serait inutile de résumer l’histoire connue de tous.
Après une introduction ne pouvant être meilleure, on replonge
rapidement et très facilement où l’on avait laissé
les personnages la dernière fois. Si la première demi-heure
est relativement calme, tout le reste du film se déroule à
un rythme effréné et parfait puisque, contrairement à
certains moments des deux autres épisodes, le montage est beaucoup
plus réussi, même s’il y a toujours beaucoup de changements
de lieux alors que l’on suit trois histoires différentes.
Les modifications sont tout de même mieux placées que dans
The Two Towers et certaines séquences sont exemplaires.
Jackson sait exactement où il va dans son histoire et, il suit
étonnamment presque tout le livre de Tolkien à la lettre,
tout en supprimant des éléments qui auraient cassé
le rythme. Par exemple, Frodon et Sam prennent beaucoup moins de temps
à atteindre la Montagne du destin. Si cela aurait pu nous empêcher
de mieux voir la difficulté énorme pour les hobbits de
poursuivre leur chemin, Jackson s’est assuré de rapidement
nous faire comprendre le poids qu’ils supportent. C’est
à ce moment que l’on s’aperçoit que Sean Astin
était peut-être le grand oublié dans toute cette
histoire. Son interprétation de Sam est si touchante qu’il
amène assurément la tristesse. La scène qui compte
parmi les plus touchantes de la série est lorsque Frodon, aveuglé
par Gollum, renie Sam et lui demande de repartir chez lui. Le désespoir
et la peine dans les yeux d’Astin sont presque trop réels.
Un autre moment rempli d’émotion nous dévoilera
Sam le brave persistant malgré tout à aider son maitre,
quitte à le transporter sur son dos jusqu’à la Montagne
du destin. La musique de Howard Shore vient compter pour beaucoup :
son travail effectué dans le troisième volet est certainement
le plus accompli. Seulement par le son, les frissons nous prennent.
Collé aux images de Jackson, c’est l’extase. La bande
sonore est un vrai délice et elle ne réutilise pas beaucoup
d’autres morceaux des films présents pour le plaisir des
oreilles.
Ian McKellen revient encore toujours aussi merveilleux dans son interprétation
de Gandalf, reprennant de l’importance après The Two
Towers où il fit un retour divin afin de sauver les derniers
hommes du Rohan. Il dirige ici les armées du Gondor dans une
bataille presque perdue d’avance. Pippin et Merry deviennent des
morceaux importants de l’échiquier dans cet épisode
final, tout en apportant une dose d’humour bien placée.
Legolas nous fait encore preuve de ses incroyables habilités,
même si les effets par ordinateur ont légèrement
pris le dessus, et Gimli poursuit son travail de «one liner»
ce qui, selon moi, n’est pas un défaut. Il serait important
de revenir sur un personnage clé de la série : Gollum.
Andy Serkis ne pourra peut-être jamais obtenir une quelconque
nomination, mais sa performance est celle d’un acteur à
part entière. Jamais je n’ai vu un personnage numérique
être aussi réel. Sa présence est la même que
pour une personne en chair et en os : il transmet une émotion.
Viggo Mortensen poursuit son excellente interprétation d’Aragorn
même si, étrangement, son rôle n’est pas si
important que dans The Two Towers. Jackson conclut son épopée
par un processus critiques par plusieurs, détestés par
d‘autres. La seule erreur qu’il a faite fut de laisser croire
que le film était terminé à deux reprises alors
que ce n’est pas le cas, tout comme une séquence finale
avec Sam qui n’était pas du tout nécessaire dans
l’ensemble. Par contre, j’aurais personnellement préféré
en voir encore plus. Nul doute que ce furent les 200 minutes les plus
courtes de toute ma vie. L’édition allongée va probablement
être tout simplement magistrale en ajoutant toutes sortes d’éléments
des plus jouissifs, dont une scène avec Saroumane que Jackson
a judicieusement retiré du récit de Return of the
King, malgré les protestations. De plus, beaucoup remarqueront
que plusieurs scènes vues dans les bandes-annonces ne sont pas
présentes dans la version théâtrale. On peut facilement
en conclure que c’est un film de plus de quatre heures que nous
visionnerons tous dans un an.
On peut enfin se lancer dans de multiples comparaisons entre deux trilogies
souvent opposées: Star Wars et Lord of the Rings.
Laquelle est la meilleure? Tout dépend du point de vue. La force
de la série de Lucas vient du fait qu’il a inventé
un monde complet qui fascine encore et qui était presque entièrement
nouveau à l’époque. Lord of the Rings a
souvent été source d’inspiration dans d’autres
films du même genre ce qui l’empêche de créer
un culte aussi immense que pour Star Wars. Cependant, Jackson est objectivement
un réalisateur plus talentueux et on peut dire que sa trilogie
est, encore selon mon opinion, la meilleure jamais construite. Il n’y
a aucun épisode plus faible que les autres, aucune déception.
The Matrix n’a pu accomplir un tel exploit, peu importe
ce que peuvent en dire les plus grands fans. Aussi, Star Wars
a eu droit à des moments plus faibles, gracieuseté du
Return of the Jedi.
Il n’y a pas de compromis: The Lord of the Rings est
LA meilleure trilogie conçue et c’est un bijou de cinématographie
et de divertissement. C’est un rêve que plusieurs ont caressé
sans jamais croire que tout pouvait se réaliser. Le travail à
effectuer fut gigantesque, mais quel résultat! Que puis-je ajouter?
Aucun texte ne pourra jamais transmettre efficacement en mots la qualité
de cette œuvre.
Version française : Le Seigneur des anneaux : Le Retour
du roi
Scénario : Peter Jackson, Frances Walsh, Philippa Boyens
Distribution : Viggo Mortensen, Sean Astin, Orlando Bloom, Andy
Serkis
Durée : 201 minutes / 251 minutes (version allongée)
Origine : États-Unis, Nouvelle-Zélande, Allemagne
Publiée le : 19 Décembre 2003
|