A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

THE LORD OF THE RINGS (1978)
Ralph Bakshi

Par Alexandre Fontaine Rousseau

Universellement détestée par le genre de maniaques de Tolkien qui accuseront plus tard la trilogie de Peter Jackson d'être incomplète, cette tentative inachevée amorcée par Ralph Bakshi d'adapter le mythique livre fondateur de la littérature fantastique n'est vraiment pas aussi médiocre que certains ne voudraient le faire croire. En fait, c'est quelque part entre la nonchalance de cette sympathique version et les boursouflures épiques de celle de Jackson que se trouve l'adaptation parfaite du Seigneur des Anneaux. À presque tous les niveaux, ce que réalisa en 1978 le réalisateur des cultes Wizards et Fritz the Cat s'inscrit aux antipodes des populaires blockbusters du néo-zélandais, ce faisant à la limite le miroir des défauts de cette récente version. Bref, les qualités de cette version s'avèrent les lacunes de la populaire version oscarisée et vice versa. Vous voyez le genre.

Voici à tout le moins un véritable exercice d'efficacité narrative auquel nous convie dans le cas présent Bakshi. Pensez-y! En une heure et quart, le voici ayant livré les grandes lignes de La Communauté de l'Anneau, chose que Jackson prend pour sa part 208 minutes à faire. Pour ceux qui tiennent à le savoir, Gandalf a sauvé Helm's Deep in extremis des armées de Saroumane après seulement deux heures et quart lorsque le réalisateur doit terminer son film.

D'emblée, le style visuel de Bakshi ne plaira pas à tous. Évolution directe de l'esthétique explorée dans Wizards, ce Seigneur des Anneaux vaguement psychédélique et quelque peu bordélique exploite sans gêne la fameuse technique de la rotoscopie qui en irrite plusieurs. Pourtant, l'effet cauchemardesque que permet celle-ci, entre l'hyper réalisme et la fantaisie pure, sied à merveille aux inquiétants Nazguls. Ce qui frappe aujourd'hui est l'incongruité et l'imprévisible qualité des scènes réalisées à partir de techniques d'animation traditionnelles. À ce niveau, les variations dans la qualité sont incroyablement marquées. C'est beaucoup d'amour qui fut investi dans cette adaptation, à défaut de pouvoir y investir talent et argent.

Ainsi, la finition de l'ensemble relève parfois d'une esthétique «budget sympathique» et s'inspire en d'autres moments d'un dessin «style maison» qui déplaira aux perfectionnistes en tous genres. Imparfaite, cette version du Seigneur des Anneaux évite toutefois les interminables discours moralisateurs de la série de Jackson pour se concentrer sur l'enchainement efficace d'une suite d'évènements clés des deux premiers livres de la trilogie. Ne versant pas dans le genre de succession de scènes épiques qui finissaient par épuiser le spectateur dans la version de Jackson, Bakshi préfère un rythme régulier qui s'essouffle malheureusement en fin de parcours lorsqu'il doit clore aussi vite que possible son film.

Malheureusement, Bakshi n'aura jamais pu terminer son projet et Le Retour du Roi ne vit jamais le jour. Il devient donc difficile de juger justement ce film solitaire et incomplet. À tout le moins, son Lord of the Rings initial se termine sur une note satisfaisante et boucle la boucle autant que possible. Comme si Bakshi, conscient de l'insuccès potentiel de son film, avait voulu le rendre auto-suffisant. Le calme semble ainsi rétabli, à tout le moins pour un certain temps, lorsque l'on quitte pour de bon cette Terre du Milieu animée. À défaut d'avoir su égaler le livre, Bakshi en aura livré une interprétation valable.




Version française : Le Seigneur des Anneaux
Scénario : Peter S. Beagle, Chris Conkling, J.R.R. Tolkien (romans)
Distribution : Christopher Guard, William Squire, Michael Scholes, John Hurt
Durée : 132 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 5 Juin 2005