LA LOI DU COCHON (2001)
Érik Canuel
Par Alexandre Fontaine Rousseau
En terme de genre, le cinéma québécois s'est presque
toujours limité au drame et à la comédie, laissant
largement de côté le film d'action et le suspense. Ce n'est
que l'une des raisons pour lesquelles La Loi du cochon est
un film aussi surprenant. Tourné entièrement en DV et
rappelant beaucoup le Fargo des frères Coen, le film
d'Érik Canuel sort des sentiers généralement visités
par le cinéma québécois pour offrir un cocktail
explosif d'action, d'humour et de suspense totalement imprévisible
du début à la fin.
La Loi du cochon raconte l'histoire de deux soeurs propriétaires
d'une porcherie, qui acceptent de faire pousser de la marijuana dans
leur champ de maïs afin de rembourser leurs dettes. Cependant,
lorsque la banque demande que les paiements soient effectués
dans les plus brefs délais, Stéphane (Isabel Richer) concocte
un plan à l'aide de son ex-copain (Christian Bégin) afin
de voler les plants avant la récolte. Bien entendu, tout ne fonctionne
pas comme prévu et Stéphane et sa soeur Bettie (Catherine
Trudeau) doivent faire face à deux truands aussi stupides qu'agressifs,
Paquette (Sylvain Marcel) et Chose (Jean-Nicolas Verreault).
Baignant dans le sang et les jurons, La Loi du cochon est donc
le premier film québécois à s'inscrire dans le
courant du film de gangsters nouveau genre lancé par Tarantino
et Ritchie, deux cinéastes qui semblent avoir grandement influencé
ce premier long métrage de Canuel. Par son montage hyper-stylisé
et nerveux, le film détonne des productions québécoises
habituelles, mais c'est l'excellent scénario de Joanne Arseneau
qui donne au film toute sa personnalité. Sautant d'une surprise
à l'autre avec une grande énergie, le film plonge ses
personnages colorés dans des situations loufoques ou au contraire
très dramatiques avec un aplomb saisissant.
Impossible de ne pas remarquer que le film a été tourné
en numérique. L'allure particulière des images que donne
une caméra DV déplaira peut-être à certain
et demandera un certain temps d'adaptation à d'autres. Cependant,
cette technologie permet de produire à peu de frais des films
audacieux et augure de grandes choses pour le cinéma indépendant.
Impossible, aussi, de ne pas noter la qualité du jeu des acteurs
qui semblent avoir un plaisir fou à camper leur rôle. Verreault
et Marcel offrent des performances particulièrement savoureuses
dans leur rôle de brutes insensibles. Le film n'est certes pas
parfait. Il y a bien quelques effets de montage un peu ratés
ici et là, et la musique de Dazmo dérange plus qu'elle
n'ajoute au film. De plus, on pourrait accuser Canuel d'avoir des influences
un peu trop évidentes. Cependant, La Loi du cochon détonne
de la production cinématographique québécoise et
nous fait rapidement oublier ses défauts grâce à
ses nombreuses qualités. Espérons que d'autres films d'ici
oseront sortir des sentiers battus comme le fait celui-ci.
Version française : -
Scénario :
Joanne Arseneau
Distribution :
Isabel Richer, Catherine Trudeau, Jean-Nicolas
Verreault
Durée :
98 minutes
Origine :
Québec
Publiée le :
21 Mars 2004