LOCK, STOCK AND TWO SMOKING BARRELS (1998)
Guy Ritchie
Par Louis-Jérôme Cloutier
On connait tous Snatch de Guy Ritchie, mais on connait un peu moins
le film qui l’a précédé et qui lui a servi
d’inspiration: Lock, Stock and Two Smoking Barrels. Je
ne peux pas vraiment vous parler de la façon dont ce film a été
accueilli par la critique et le public en 1999. Cependant, je me rappelle
avoir vu Ritchie remporter un MTV Movie Awards pour le réalisateur
le plus prometteur. Il est vrai que son film démontre un grand
talent pour une première œuvre. Si je pouvais rapidement
le décrire, je dirais qu’il est une sorte de Tarantino
anglais, enfin, c’est ce que les deux premiers films nous donnent
comme impression. Je vous disais que Snatch ressemblait beaucoup
à ce film, mais je vais éviter de faire des comparaisons
entre les deux. Elles viendront si je fais la critique de ce film un
jour. Pour le moment, je me concentrerai sur Lock, Stock and Two
Smoking Barrels.
Histoire: Eddy, Tom, Bacon et Soap sont quatres amis qui ont réussi
à accumuler assez d’argent pour qu’Eddie puisse participer
à une partie de cartes et ainsi leur faire rapporter de l’argent.
Celui-ci est un champion pour deviner ce que les gens pensent, ce qui
fait qu’il gagne toujours aux cartes.
Problème: La partie est truquée, Eddie se fait avoir et
doit maintenant un demi-million de livres à Hatchet Harry. Avec
seulement une semaine pour rembourser, nos quatre amis doivent dénicher
un plan pour rembourser cet argent.
Ce scénario, tout de même classique des films du genre,
est surtout un prétexte pour enchaîner plusieurs situations
ensemble. Plusieurs petites histoires se déroulent séparément
et finissent par se rejoindre d’une façon ou d’une
autre. Ritchie a vraiment bien écrit son scénario en étant
sûr de ne pas tomber dans les exagérations qui nous feraient
décrocher. En fait, oui. Les situations sont quasi invraisemblables,
mais le film adopte un ton humoristique et ça devient surtout
drôle de voir tous les enchainements se produisant et qui menant
à des rencontres assez cocasses. L’influence de Pulp
Fiction se fait sentir, mais Ritchie a son propre style : moins
violent et plus drôle. Évidemment, il y a une grande différence
d’atmosphère entre Londres et une ville américaine.
Le tout donne un cachet vraiment intéressant au film. Dommage
que l’on arrive à voir venir certaines tournures à
l’avance, mais ça reste un pur plaisir de voir tout ce
chassé-croisé de gangsters. Les personnages y sont pour
beaucoup. Les rôles secondaires sont incroyablement développés,
beaucoup plus que les héros. Ritchie leur accorde une grande
importance et ça donne un très bon résultat. Il
va même jusqu’à les rendre caricaturaux et cela rajoute
du plaisir avec toutes les manies de ces différents personnages.
Le tout augmente le ton humoristique et cynique du film.
En plus, ces acteurs, surtout de parfaits inconnus, sont excellents
et jouent leur rôle à fond. Dans ce type de cinéma,
beaucoup de poids repose sur leurs épaules afin qu’ils
livrent une performance pouvant porter le film. Le pari est réussi
et il est bien de pouvoir découvrir de nouveaux visages. Certains
de ces personnages sont mémorables pour leur ridicule ou leur
caricaturisme. Il y a aussi les dialogues qui y sont pour beaucoup.
Le texte est drôle, certaines répliques sont mémorables
et la vulgarité est présente sur toutes les lèvres.
La recette parfaite. Je suis persuadé que vous reconnaissez le
genre. Exactement comme dans Pulp Fiction alors que la moindre
conversation forge l’action du film. La différence est
que LS&TSB est presque une satire du film de gansters,
alors que tous les méchants sont unidimensionnels et se mettent
sans arrêt les pieds dans les plats avec maladresse. Aussi, le
film a beaucoup plus d’énergie avec une bande sonore un
peu répétitive, mais bien choisie. Ritchie s’inspire
de Tarantino avec plus de fougue et de rapidité pour son récit.
D’ailleurs, le film ne dure que cent minutes et c’est parfaitement
bien dosé. Le rythme augmente sans arrêt tout au long de
l'histoire et on change constamment de situation ou de personnages sans
être désorienté ou perdre le fil du récit.
Comme je l’ai dit, tout s’enchaine à la perfection.
Bref, Lock Stock And Two Smoking Barrels est du très
bon cinema. Les personnages et les dialogues sont mémorables,
les situations vous feront assurément rire et la réalisation
de Ritchie vous captivera. Ce réalisateur avait un grand avenir
devant lui sans aucun doute. L’a-t-il gâché avec
Swept Away? Je ne l’ai pas vu, mais plusieurs affirment
que c’est un film extrêmement mauvais. Tout peut arriver
quand on se marie avec Madonna. Heureusement, son prochain film, Revolver,
semble revenir à l’esprit de ses deux premiers, pour le
meilleur on l’espère.
Version française :
Arnaque, crime et botanique
Scénario :
Guy Ritchie
Distribution :
Jason Flemyng, Dexter Fletcher, Nick Moran, Jason
Statham
Durée :
105 minutes
Origine :
Angleterre
Publiée le :
8 Juillet 2003