A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

THE LIMEY (1999)
Steven Soderbergh

Par Louis-Jérôme Cloutier

De nombreuses personnes ont découvert Steven Soderbergh avec ses plus récents succès comme Ocean's Eleven et Traffic. Cependant, ce talentueux réalisateur nous offre de véritables bijoux depuis bien plus longtemps. The Limey est un film plutôt méconnu qui mériterait amplement davantage de notoriété. Sorti discrètement en 1999, ce suspense à parfum psychologique est un véritable délice. En effet, bien que le scénario soit plutôt conventionnel, The Limey amène une bouffée de fraicheur au genre grâce à la touche bien particulière de Soderbergh.

Ce film est avant tout la quête d’un homme qui recherche vengeance. Terence Stamp interprète le rôle d’un père hanté par le souvenir de sa fille, morte loin de lui. Convaincu que le tout n’est pas un accident, il se met sur les traces de Terry Valentine, le petit ami de sa fille depuis plus de cinq ans. Bien que le fondement semble classique, Soderbergh sait comment tourner une histoire en la traitant de façon originale. Dès le départ, on voit bien que tout n’est pas noir ou blanc. Il n’y a aucun grand héros dans The Limey et le personnage principal apprend au cours du film qu’il n’est pas différent des gens qu’il pourchasse. Un autre bon exemple est la fin extrêmement bien choisie dans ce cadre en restant sobre tout en nous laissant à une sorte de réflexion personnelle. Usant de plusieurs techniques, d’un montage parfois déroutant et de flashblacks judicieusement placés, Soderberg crée un suspense différent dans la forme. Parfois, un dialogue portant sur le même sujet se déroule dans deux scènes différentes et l’on change constamment de l’une à l’autre.

Pour leur part, les personnages sont des gens ordinaires placés dans des situations extrêmes. Même Terry Valentine nous apparaît diablement humain au lieu de l’habituel dément que l’on rencontre dans ce genre de produit. Soderbergh nous montre ses personnages sous d’autres jours et dans différentes perspectives. Parfois, l’histoire semble changer de point de vue et passer par la vision d’une autre personne. Maitrisant habilement sa caméra, le réalisateur nous surprend à chaque détour par des plans terriblement bien choisis qui nous démontrent bien que l’on peut facilement faire quelque chose de nouveau dans un genre déjà surexploité. Le scénario est tout de même très bien monté, mais c’est le talent de Soderbergh qui fait la force de l’ensemble de l’œuvre. Cet homme transforme en or tout ce qu’il touche. Il peut même diriger avec une très grande efficacité ses comédiens afin de nous montrer tout leur talent, mais aussi faire des personnages secondaires plus vivants et mieux intégrés au récit. Il n’y a que Peter Fonda dont je n’ai pas aimé la performance puisqu’il me semblait un peu trop figé et semblait se croire dans un mauvais film d’action des années 1970. Mais si l’on retourne à la réalisation, certaines scènes sont mémorables pour leur précision et la façon dont le réalisateur utilise sa caméra qui est parfois à l’épaule. On reconnaît évidemment certaines caractéristiques des films de Soderbergh dont la façon de filmer les dialogues nous rappelant parfois Sex, Lies & Videotape alors que l’on tente d’aller plus profondément dans les pensées des protagonistes.

Il faut ajouter que The Limey contient une bande sonore absolument parfaite collant parfaitement au film. Parfois, on utilise des succès populaires et d’autres fois seulement un rythme léger de piano afin d’accentuer le côté suspense. Je suis convaincu que l’ambiance de ce film vous collera à la peau tout comme le style de Soderbergh. Pourquoi est-ce que j’insiste autant sur le travail du réalisateur? Tout simplement parce que tout le film porte sur son talent. Placé dans les mains d’un autre, ce film aurait été un autre suspense reproduit des centaines de fois. Le scénario n’aurait pas eu la même valeur et n’aurait pu être valorisé et amélioré par les choix du réalisateur. Bien entendu, The Limey n’est pas un film parfait puisque le scénario de Lem Dobbs emprunte parfois certains chemins questionnables nuisant un peu à la cohésion. Aussi, certaines personnes seront peut-être importunées par le caractère majoritairement stylisé du film. Par contre, je le répète, bien que le scénario ne soit pas davantage que moyen, la façon de nous le présenter en fait un film à voir absolument.




Version française : Le Limier
Scénario : Lem Dobbs
Distribution : Terence Stamp, Luis Guzman, Nicky Katt, Peter Fonda
Durée : 89 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 30 Juillet 2003