THE LEGEND OF ZORRO (2005)
Martin Campbell
Par Frédéric Rochefort-Allie
Zorro est de retour, mais l'attendiez vous vraiment? C'est huit ans
qui séparent Mask of Zorro de sa suite. Après
toutes ces années, Antonio Banderas est passé de la star
hispano de l'heure à l'acteur fétiche des films familiaux,
s'effaçant tranquillement de la scène hollywoodienne.
Est-ce Zorro qui tente de se ressusciter, si ce dernier existe depuis
86 ans ou si ce n'est pas l'équipe de Steven Spielberg qui ne
tenterait pas désespérément de montrer ce dont
elle est capable?
Dans cette suite, rien ne va plus pour Alejandro (Antonio Banderas),
alias Zorro. Divorcé, peu estimé par son propre fiston,
et à tendance alcolo, le justicier fait bien triste figure et
n'est plus que l'ombre de lui-même. Mais il devra bien vite reprendre
du service lorsqu'il apprendra que l'amant de sa jolie Elena (Catherine
Zeta-Jones), n'est d'autre qu'un dangereux français (Rufus Sewell)
cachant de sombre desseins. À titre de trame narrative, on nous
sert un message anti-France et pro-justice à l'Américaine
dans un pays uni plutôt que divisé. Bref, un beau petit
clin d'oeil patriotique actuel, perpétuant le cliché du
méchant Français, moins que nécessaire à
une intrigue qui ironiquement ne vaut guère plus qu'un série
z.
Qu'est-il arrivé à Ted & Terry, le sympathique duo
qui nous a offert Aladdin? Même en comparant Mask
of Zorro à leur dernière création, tout ce
qui semblait fonctionner dans l'aventure antérieure du justicier
semble maintenant s'être éteint. Leur scénario sombre
dans un profond ridicule, de quoi entacher leur carrière (comme
le fit déjà Godzilla). En fait, Legend of
Zorro signe la destruction du mythe de Zorro. Même si Zorro
se doit d'adopter une ambiance légère, divertissante et
fidèle à ses origines des romans paperbacks,
jamais n'aurait-on attendu de lui de purs moments à la Looney
Tunes. Sauf que contrairement à Bugs Bunny, la majorité
des gags souffrent cruellement du manque d'un bon sens de l'humour de
la part des scénaristes. À quand les rires en conserve
si l'on cherche tant à forcer l'hilarité? Puis, ajouté
dans le but de toucher un public plus vaste, le jeune fiston qu'on suppose
un élément comique pousse plutôt le film à
l'aberration totale. Sa présence se fait sérieusement
dérangeante, d'autant plus que le jeune acteur n'a visiblement
pas de talents et qu'on le surcharge de supposées punch lines
aussi ridicules que: «Wait till my daddy kick your ass».
Pathétique!
Le vrai Zorro, celui qu'à crée Douglas Fairbanks en adaptant
le roman, combat pour la justice avant toute chose. C'est un homme pour
le peuple, un noble héros, qui ne tue que dans le besoin, qui
ridiculise son ennemi plutôt que de le blesser. Le véritable
Zorro est une légende, c'est un fait, mais celui que tente de
recréer Ted & Terry ne tient pas. Ce Alejandro est à
l'origine un bandit mexicain et non Don Diego De la Vega, qui semble
à première vue agir pour le peuple, mais qui demeure un
individualiste motivé par ses propres intérêts.
Le personnage d'Antonia Banderas n'a donc ni le nom, ni la classe, ni
même la simple moustache classique du personnage. L'acteur lui
même force tant les émotions que le contraire à
l'effet voulu se produit souvent. Les moments comiques sont d'un ennui
total et ceux dramatiques provoquent l'hilarité.
Reprenant la barre de la réalisation, Martin Campbell ne semble
guère inspiré, réalisant plus machinalement que
jamais, comme si celui à qui l'on doit Goldeneye était
mort. Mis à part quelques plans magnifiques, Zorro cherche
tant à nous éblouir qu'il en vient à perdre toute
sa crédibilité, offrant plus de cascades superflues que
de réels moments divertissants. C'est ce même cinéaste
qu'on a chargé de ressusciter James Bond. Tirez en vos propres
conclusions. Contrairement à l'époque des Douglas Fairbanks,
celle des cascadeurs numériques offre plus un spectacle de mauvais
effets spéciaux que de réelles performances physiques.
Même les chorégraphies n'ont plus le même punch d'il
y a 85 ans.
Finalement, Legend of Zorro est un film qui fait mal à
voir, tant pour le fan qui a grandit avec le personnage, que le cinéphile
frustré de subir cette torture. À tout le moins, peut-être
que ce blasphème pourra mettre un terme à cette série
minable, car ce dernier opus de Zorro est à son film d'origine
ce qu'est Batman & Robin aux films de Tim Burton, un sérieux
incident de parcours, de quoi tuer le personnage pour au moins une autre
décennie. À la prochaine Zorro, en espérant que
ton retour puisse se faire sous des jours meilleurs!
Version française :
La Légende de Zorro
Scénario :
Roberto Orci, Alex Kurtzman
Distribution :
Antonio Banderas, Catherine Zeta-Jones, Rufus Sewell,
Adrian Alonso
Durée :
129 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
23 Novembre 2005