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KING KONG (1933)
Merian C. Cooper
Ernest B. Schoedsack

Par Frédéric Rochefort-Allie

Détrompez-vous, le roi de la jungle n'est pas le lion, mais plutôt le gorille. Du moins, c'est ce qu’Hollywood tente de nous faire réaliser depuis 1933. Que ce soit les deux Mighty Joe Young ou les innombrables suites et remakes de King Kong, rien ne se compare à l'oeuvre originale. Se voulant une allégorie de La Belle et la bête, King Kong marqua l'histoire des effets spéciaux par des techniques révolutionnaires. Quoi de plus mythique comme image que Kong défendant sa tendre protégée au sommet de l'Empire State Building?

Bien avant qu'il ne soit au sommet de la ville de New York, King Kong est une légende terrifiante qui demeure enfermé dans une jungle maudite et à qui quelques vierges africaines sont offertes en guise de cadeaux pour éviter sa colère destructrice. Devant tourner un documentaire sur le phénomène, un cinéaste et son équipe vont filmer une cérémonie sacrée du village avoisinant la jungle. La cérémonie s'interrompt abruptement alors que l'équipe de tournage est découverte et pour se venger de ne pas pouvoir obtenir l'actrice blondinette (Fay Wray), la tribu la kidnappe pour l'offrir à Kong. C'est alors que l'équipe devra faire de son mieux pour retrouver leur vedette dans les fins fonds de la jungle maudite.

Malgré les quelques 71 ans nous séparant du gigantesque gorille, on ne peut qu'être impressionné par les premiers essais du « stop motion ». En fait, les effets spéciaux sont vraiment mis en premier plan. Même s’il est évident qu'il ne s'agit pas d'un vrai singe, Kong adopte des mouvements similaires aux humains. Le résultat est assez cocasse, en particulier alors qu'il tente de dévêtir l'actrice. Est-ce qu'un gorille qui fait plus de 13 fois la taille d'une femme peut agir avec autant de délicatesse? Laissez-moi en douter. Mais d'un autre côté, existe-t-il un aussi gros gorille? L'histoire tient donc purement du fantastique et c'est justement cet aspect qui suscite notre intérêt.

Bien que l'idée de base soit tout simplement géniale, le récit du scénario est mal développé. On introduit l'amour qu'éprouve Kong pour l'actrice bien trop tard, de même que son arrivée à New York. Les événements s'enchainent un peu trop rapidement une fois que Kong capture l'actrice et le scénario perd de son intérêt. Il est regrettable qu'une histoire possédant un si grand potentiel s'oriente plus vers l'action que vers une métaphore. À ce sujet, le simple fait de citer La Belle et la bête chaque fois que des marins approchent l'actrice ne développe en rien le sujet et finit par nous saouler à la longue.

Le véritable point faible de ce classique est les acteurs. Sortant à peine du cinéma muet, on peut excuser à quelques-uns un manque de subtilité, mais les intonations de certains rappellent l'incroyablement exécrable Plan 9. Même l'actrice canadienne Fay Wray n'a pas le charisme nécessaire pour rivaliser avec son énorme compagnon primate. À ceci s'ajoute une réalisation très peu variée, où les seuls gros plans qu'on possède du roi des gorilles ne concernent que la main de celui-ci. Mais l'âge et les moyens de l'époque excusent bien des bévues.

Bref, King Kong est peut-être un monument dans l'histoire du cinéma, étant le film qui annonça la naissance du blockbuster et par le fait même, du série-b, mais mérite-t-il d'être hissé au même niveau que les Citizen Kane et Metropolis de ce monde? J'en doute. À l'annonce d'un King Kong version Peter Jackson, on ne peut qu'être curieux. Rappelons nous quand même que le retour de Godzilla fut particulièrement raté. Comme pour ce dernier, le King Kong original reste, pour le moment, inégalé.




Version française : King Kong
Scénario : Merian C. Cooper, Edgar Wallace
Distribution : Fay Wray, Robert Armstrong, Bruce Cabot, Frank Reicher
Durée : 100 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 17 Janvier 2004