JASON X (2002)
James Isaac
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Il semble que les producteurs aient tenté de changer la donne
avec cet énième épisode de la série Friday
the 13th en envoyant le psychopathe Jason Voorhes se balader dans
l'espace question d'y commettre quelques meurtres de plus. L'idée,
tout en étant d'une originalité carrément nulle
et d'une ingéniosité tout aussi faible, avait malgré
tout le potentiel de faire de Jason X un film de série
B idiot mais divertissant. Toutefois, le résultat est, même
selon les standards tout de même assez bas de la série,
d'une médiocrité remarquable et n'arrive pas à
divertir ne serait-ce qu'à un niveau purement psychotronique.
Il faut dire que cette escapade cosmique du tueur au masque de hockey
prend bien vite l'allure d'une mauvaise copie d'Alien et manque
sérieusement d'humour, poussant inexorablement le spectateur
dans le précipice infâme de l'ennui absolu...
Le scénario congèle donc notre sympathique brute sanguinaire
après quelques meurtres sanglants en compagnie d'une femme qui
en est l'ennemie jurée. Quelques centaines d'années plus
tard, une bande d'étudiants étourdis dirigés par
un professeur malhonnête ramènent les deux corps congelés
sur un vaisseau afin de réanimer la jolie jeune dame qu'ils ont
retrouvée. Malheureusement pour eux, Jason reprend du service
dès qu'il arrive à température de la pièce
et ne tarde pas à faire des ravages dans la population adolescente
de l'équipage. La première erreur flagrante du scénario
est d'éliminer rapidement tous les personnages ayant le moindre
potentiel pour nous abandonner beaucoup trop tôt en compagnie
d'une brochette de futures victimes terriblement fade. La boucherie
perd tout son intérêt lorsque les victimes sont aussi génériques
que celles-ci. De plus, même si la bande-annonce nous promet une
mise à jour robotisée de Jason, celle-ci n'arrive que
quelques vingt minutes avant la fin du film. Décidément,
on passe d'une déception à l'autre.
Par ailleurs, le problème principal du film demeure son incapacité
totale à créer un climat quel qu'il soit. La tension est
à un point mort tel que l'on a l'impression que les scénaristes
et le réalisateur n'ont même pas tenté d'en créer
une, et l'ensemble ne fait preuve que d'un humour extrêmement
limité. Le ridicule de la prémisse laissait pourtant croire
que l'on aurait droit à un film moindrement auto-dérisoire.
Transformé en brute abrutie sans aucun esprit stratégique,
le pauvre Jason ne provoque pas une once d'angoisse sans pour autant
être devenu un bouffon amusant. La seule chose qui provoque finalement
l'hilarité est le ridicule consommé des décors
futuristes et des éléments technologiques qui semblent
tout droit sortis d'une mauvaise copie de Star Trek. Devant
un massacre aussi peu inspiré, impossible de ne pas regretter
que Friday the 13th Part IV: The Final Chapter n'ait pas tenu
sa promesse.
Bref, ce film de série B impersonnel et ennuyant manque désespérément
de caractère. Une trame sonore d'une incompétence tout
simplement hallucinante enfonce le dernier clou dans le cercueil de
ce film raté qui propulse presque Jason Takes Manhattan
au rang de chef-d'oeuvre. Dire que Jason X est une déception
serait une exagération, mais l'on peut affirmer sans hésiter
que c'est un vraiment mauvais film. Même les sadiques fanatiques
au sens critique peu développé trouveront la violence
de l'ensemble beaucoup trop tempérée pour satisfaire leur
apport quotidien recommandé d'hémoglobine. C'est tout
dire.
Version française :
Jason X
Scénario :
Todd Farmer
Distribution :
Kane Hodder, Lexa Doig, Chuck Campbell, Lisa Ryder
Durée :
93 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
23 Septembre 2004