JACK PARADISE : LES NUITS DE MONTRÉAL
(2004)
Gilles Noël
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Après une année formidable, le cinéma québécois
se réveille en 2004 et doit faire face à la musique. Les
Jutra étant distribués, il est temps d’entamer une
nouvelle année en profitant du momentum provoqué par le
succès critique et public de La Grande séduction
et des Invasions barbares. Pour une fois, il semble qu’il
y ait des gens pour apprécier le cinéma d’ici. Avec
son Jack Paradise, Gilles Noël est ambitieux. Il veut
faire revivre une époque, recréer une ambiance et tracer
en filigrane le portrait du Québec des années 40 aux années
70.
À ce niveau, le film est une réussite. Aidé par
une très belle photographie mélangeant habilement le noir
et blanc avec la couleur, Noël nous plonge dans son univers enfumé
au rythme d’une musique jazz de grande qualité. Puis, grâce
à une habile utilisation d’images d’archives, il
retrace les évènements qui se déroulent en périphérie
du monde des clubs de jazz de la ville de Montréal. Le problème
de son film est un scénario déficient, ou plutôt
carrément inexistant, suivant un personnage dont l’évolution
psychologique est plutôt obscure. Ce n’est pas la faute
de Roy Dupuis, étonnamment bon dans le rôle titre. Celui-ci
se débrouille très bien et réussit même à
injecter un peu de substance à un rôle qui en manque cruellement.
C’est avec un intérêt mitigé que l’on
suit la carrière de ce pianiste d’un club qui connaît
plusieurs malchances. Il faut dire que les rares obstacles qui se mettent
au travers de sa route sont traités avec une nonchalance qui
minimise leur impact de façon drastique. Les relations entre
les différents personnages sont vaguement esquissées,
si bien que leur sort nous importe peu et il n’y a pas vraiment
d’intrigue pour garder le spectateur en haleine. Il y a bien quelques
pistes ici et là, mais elles vont se perdre entre deux histoires
d’amour mal menées. Bref, il n’y a aucune trace d’une
quelconque tension dramatique.
Heureusement, il y a cette musique entraînante et de belles images
pour nous faire oublier quelques instants le fait que le film ne va
nulle part. On sent que Noël tente de communiquer un amour véritable
pour le jazz, mais il n’a visiblement pas trouvé l’histoire
nécessaire pour faire un film satisfaisant sur le sujet. À
défaut d’être vraiment intéressant, Jack
Paradise: Les nuits de Montréal est un film agréable
qui, malheureusement, n’offre rien de vraiment mémorable.
Il en faudra beaucoup plus pour faire durer l’histoire d’amour
entre les Québécois et leur cinéma national.
Version française : -
Scénario :
Gilles Noël
Distribution :
Roy Dupuis, Dawn Tyler Watson, Geneviève
Rioux, Gregory Hlady
Durée :
98 minutes
Origine :
Québec
Publiée le :
1er Mars 2004