THE JACKET (2005)
John Maybury
Par Louis-Jérôme Cloutier
En cette période relativement calme, on peut quand même
encore espérer rencontrer au hasard dans les cinémas quelques
films relativement intéressants valant le déplacement
et l’investissement. Encore faudra-t-il d’abord trier sur
les dizaines d’autres qui polluent, littéralement, les
écrans. Constantine s’est avéré
être la première production digne de mention en 2005, The
Jacket pourrait bien être la seconde. Cet amalgame de 12
Monkeys, Vanilla Sky et Butterfly Effect n’est
pas un film qui regorge d’inspiration et de réelle trouvaille.
Mais pour ce qu’il est, on sort de cette ballade somme toute satisfait
de l’application que l’on a faite d’idées déjà
explorées.
Jack Straks est un vétéran de la guerre du Golfe ayant
survécu de justesse à une balle en pleine tête.
Confus et amnésique, il se retrouve quelques mois plus tard a
errer au Vermont. Placé au mauvais endroit au mauvais moment,
il est accusé de meurtre et se retrouve malgré lui enfermé
dans une institution psychiatrique. Le médecin en charge possède
une technique plutôt singulière pour guérir ses
patients: il les place dans une camisole de force et les enferme dans
un tiroir. Mais cette procédure amène Jack Starks à
voyager dans le présent et dans le futur où il découvre
que sa mort approche.
Tout comme dit précédemment, The Jacket pige
à gauche et à droite des idées d’or et déjà
vues au cinéma. D’ailleurs, une grande partie du film se
déroulant dans un hôpital psychiatrique nous rappelant
drôlement une scène de 12 Monkeys que l’on
aurait étendu. Il faudrait par contre être de mauvaise
foi pour condamner immédiatement le film pour cette unique raison,
combien de films réellement originaux sont encore produits? Relativement
peu. À tout le moins, on apprécie que The Jacket
utilise à bon escient des recettes éprouvées offrant
un cocktail satisfaisant de suspense et d’horreur sans jamais
verser dans les excès. Donc, si on ne peut admirer le film pour
son originalité, les scénaristes ont tout de même
conçu un bon scénario, bien que handicapé par divers
autres problèmes.
Entre autre, les premiers instants se déroulent à un rythme
bien trop effréné, les personnages ne sont aucunement
placés dans leur contexte, problématique inhérente
à l’ensemble du film. Malgré sa durée plus
que respectable, The Jacket ne semble que peu intéressé
à développer ses personnages convenablement. Et par la
suite, le film perd un peu en souffle pour finalement révéler
ses meilleurs moments vers la fin. Autre dérangement, on laisse
le spectateur dans le brouillard concernant plusieurs évènements
clés se déroulant au début, évènement
qui pourrait pourtant être expliqué sans gâcher le
reste du récit. On pense notamment à la méthode
employée pour «guérir» les patients. Au passage,
quelques points nébuleux concernant le scénario font leur
apparition sans vraiment agacer, tout comme pour certains illogismes,
on évite de justesse de franchir la limite de l’inacceptable.
Mais tout cela dépendra fortement de votre degré de tolérance.
John Maybury n’est pas un réalisateur très connu,
il mériterait néanmoins de l’être davantage.
Grâce à lui, The Jacket possède un très
bon contenant, à défaut d’avoir tous les ingrédients
dans le contenu sans être un profil type de «style over
susbtance». À grand renfort d’effets percutants,
Maybury s’offre un film lèché et visuellement intéressant
qui nous rappelle parfois Gilliam ou Shyamalan. Les quelques effets
numériques présents sont parfaitement utilisés
pour représenter les voyages de Strax vers d’autres époques.
De bonnes prestations d’acteurs complètent ce portrait.
Adrian Brody est à la hauteur de son talent avec Keira Knightley
pour le seconder. Les autres rôles secondaires sont également
bien campés à défaut d’être bien développé.
Bref, The Jacket n’est peut-être pas la découverte
du siècle, il s’agit néanmoins d’un suspense
de science-fiction tout à fait honnête excellant à
divers niveaux. John Maybury possède une bonne touche et les
acteurs offrent tous des performances appréciables. Ceux dont
le sujet passionne ne risquent pas d’être dérangés
par le fait qu’il s’agisse d’idées déjà
vues au cinéma, les inconditionnels de Terry Gilliam crieront
peut-être au plagiat pur et simple. Mais si vous êtes en
grande forme pour être facilement diverti, The Jacket
pourrait être une bonne indication à l’heure actuelle.
Cependant, on ne pourra en dire autant d’ici quelque temps avec
ce film qui s’effacera rapidement de la mémoire collective.
Rappelons surtout que tout cela a déjà été
fait ailleurs, et potentiellement en mieux.
Version française : La Camisole de force
Scénario : Massy Tadjedin, Mark Rocco, Tom Bleecker
Distribution : Adrien Brody, Keira Knightley, Jennifer Jason Leigh
Durée : 102 minutes
Origine : États-Unis, Angleterre
Publiée le : 8 Mars 2005
|