THE ISLAND (2005)
Michael Bay
Par Louis-Jérôme Cloutier
Avec un premier film marquant la séparation entre Micheal Bay
et Jerry Bruckheimer, on pensait que les choses allaient être
un peu différentes pour cette fois. Si les inconditionnels du
réalisateur ne demandaient aucun changement de cap de sa part,
ceux de l’autre camp espéraient plutôt qu’il
modifie quelques-unes de ses vilaines habitudes. Quoiqu’en fait,
Micheal Bay a le libre choix de faire les films qu’il désire,
de la façon qu’il le désire pour plaire au public
qui lui convient et c’est ce qu’il fait avec The Island.
Les amateurs de film de science-fiction plus recherché et plus
profond devront rebrousser chemin, ceux désirant une longue séquence
de poursuite sans fin, bourrée à l’os de non-sens
et d’action tonitruante jubileront, ou peut-être pas. Car
même là, Bay a ses propres limites.
The Island a une prémisse intéressante et possiblement
intrigante à défaut d’être totalement inédite.
Lincoln Six-Echo et Jordan Two-Delta vivent dans un complexe qu’ils
pensent être l’un des derniers refuges vivables sur la Terre
suite à une catastrophe ayant menée à la propagation
d’une contamination planétaire. Leur seul espoir d’accéder
à une vie meilleure prend la forme d’une loterie permettant
au gagnant d’aller vivre sur l’ile, un lieu paradisiaque
qui n’a pas été touché par la contamination.
Cependant, de par son naturel de curieux essayant de tout remettre en
question, Linclon découvre rapidement une effroyable vérité
et prend la fuite avec Jordan.
Ce résumé décrit en fait la première partie
du film, celle qui nous installe confortablement pour un divertissement
de science-fiction, certes léger mais tout de même assez
agréable et conjugué à un très bon esthétisme.
Ewan McGregor et Scarlett Johansson sont de bons acteurs qui, nous l’espéront,
pourront faire évoluer leur personnage au fil de l’intrigue.
Bay y va de quelques effets stylistiques qui ne dépassent pas
le mauvais gout et donnent même lieu à de belles séquences,
dont l’introduction jusqu’au réveil de Lincoln Six-Echo.
L’histoire elle-même donne quelques airs de déjà-vu,
mais on s’attend tout de même à ce que le meilleur
soit à venir. Or ça ne sera pas le cas puisque le tout
dérape complètement par la suite. À partir de leur
évasion des installations, Jordan et Lincoln doivent simplement
se sauver pour le reste du film étant poursuivis par d’anciens
militaires désirant les capturer.
Micheal Bay perd complètement la boussole à ce moment.
Doucement, mais surement, il entraine son film directement là
où l’on n’aurait pas souhaité qu’il
aille, un film d’action générique sans la moindre
substance. La chasse à l’homme qui se déroule sous
nos yeux, à grands efforts d’effets numériques,
de mouvements nerveux de caméra et de montage étourdissant,
n’en finit tout simplement plus. Divertissant pendant quelques
minutes, ennuyant après une heure. Micheal Bay ne pouvait faire
tenir son histoire trop longtemps sans tout faire sauter. Les personnages
sont complètement évacués de l’histoire et
les acteurs sont laissés sans repère. Scarlett Johansson
n’aura jamais aussi mal paru. Sean Bean sonne également
terriblement faux, encore une fois prisonnier du rôle qu’il
traine depuis des années. Même si le scénario soulève
quelques enjeux moraux importants, ils sont finalement trop noyés
dans un film abrutissant pour soutenir la réflexion.
The Island est donc la copie conforme de The Rock
ou Bad Boys plutôt que de Minority Report ou
The Matrix. L’intrigue qui se tenait bien au départ
et qui aurait pu donner lieu à de bons rebondissements finit
par friser le ridicule. Le scénario est truffé d’invraisemblances
simplement trop importante pour qu’on puisse les pardonner. Résultat
de ce gâchis, on suit des personnages qui ne nous intéressent
plus. On ne se soucis pas moindrement du sort qui leur sera réservé.
Nous devenons totalement indifférents à ce qui se déroule
sous nos yeux, soit un gros spectacle ultra-léché, mais
vide malgré la saturation de l'écran et toute l’intensité
qu’il démontre. Dommage.
Version française : L'Île
Scénario : Caspian Tredwell-Owen, Alex Kurtzman, Roberto
Orci
Distribution : Ewan McGregor, Scarlett Johansson, Djimon Hounsou,
Sean Bean
Durée : 136 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 4 Août 2005
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