AN INCONVENIENT TRUTH (2006)
Davis Guggenheim
Par Jean-François Vandeuren
À la fin de l’an 2000, Al Gore perdit les présidentielles
américaines aux mains de George W. Bush dans la controverse la
plus totale. Depuis, le protocole de Kyoto fut ratifié par un
nombre suffisant de pays pour entrer en vigueur. Les nations intéressées
commencèrent alors à positionner leurs pièces pour
le rendre effectif. Mais encore à ce jour, le sort de la planète
ne semble pas intéresser les têtes dirigeantes de la plus
grande puissance mondiale. « Le mode de vie des Américains
n’est pas négociable », déclara un jour le
Président Bush. À l’opposée, les intérêts
d’Al Gore en la matière étaient déjà
bien connus depuis les années 70. Ce dernier tenta ainsi tout
au long de sa carrière politique d’informer le congrès
américain des conséquences alarmantes de l’activité
humaine sur le climat et l’environnement. Souvent tourné
en dérision par des politiciens et hommes d’affaires cherchant,
évidemment, à protéger leurs propres intérêts,
Gore poursuivit sa croisade avec l’espoir de sensibiliser suffisamment
de gens pour que le vent finisse par tourner. Il fit ainsi le tour du
globe pour présenter une conférence des plus complètes
sur le sujet. An Inconvenient Truth nous en présente
les moments clés.
Alors que l’ère du documentaire pop bat son plein aux États-Unis,
le cinéaste Davis Guggenheim va à contre-courant en proposant
une approche beaucoup plus sérieuse sans que ses efforts ne deviennent
simplement techniques. Guggenheim y va plutôt d’une surprenante
rigueur scientifique tout en proposant une approche accessible au plus
commun des mortels. Pour arriver à ses fins, le cinéaste
s’en remit presque entièrement à Gore et ses talents
d’orateur. Guggenheim dose alors parfaitement son film entre les
divers fragments de la conférence sur les changements climatiques
de l’ancien vice-président et une série de séquences
plus personnelles lui permettant d’effectuer un portrait plus
approfondi du personnage. Celles-ci se traduisent par un retour sur
l’enfance de Gore, le cheminement de son intérêt
pour la science et l’écologie et, évidemment, les
fameuses élections de 2000. Le plus phénoménal
dans ce cas-ci est que le réalisateur ne tente en aucun cas de
faire de son documentaire un événement politique. Bien
qu’elle ait sa part de responsabilité par rapport à
bien des maux dont souffre la planète bleue, Guggenheim s’intéresse
plutôt au côté théorique et humain de sa problématique.
Ce dernier s’efforce ainsi de changer les mentalités de
son public sans jamais chercher à le manipuler. Un point qui
est tout à son honneur.
Pour sa part, Al Gore livre son discours d’une manière
on ne peut plus claire et précise. L’ancien politicien
décuple d’autant plus la force d’impact de ses élans
en ne se limitant pas qu’à la pollution et au climat. Gore
démontre de ce fait que le réchauffement de la planète
a des répercussions sur à peu près tout ce qui
a rapport à la vie. Ce dernier va même jusqu’à
lier de façon fort pertinente les incidences de l’activité
humaine à la hausse des catastrophes naturelles depuis le début
du nouveau millénaire. Et comme tout bon documentaire portant
sur un sujet délicat auquel nous devrions nous intéresser
davantage, An Inconvenient Truth créé sans trop
de difficulté un réel désir d’agir chez les
spectateurs. La situation est alarmante, certes. Les cinquante prochaines
années seront déterminantes pour la planète bleue.
Mais nous pouvons encore espérer voir la race humaine et la nature
faire de nouveau bon ménage. Guggenheim et Gore ne nous laissent
fort heureusement pas repartir les mains vides et c’est sur une
note plutôt optimiste que prend fin An Inconvenient Truth.
Le duo nous fait alors grâce d’une multitude de solutions
applicables au quotidien pouvant faire une différence énorme
si chacun y met un peu du sien en attendant que les gouvernements et
les corporations cessent de faire la sourde oreille.
Un des points les plus remarquables du film de Davis Guggenheim demeure
la retenue avec laquelle il aborda la controverse des élections
de 2000. Le réalisateur ne pouvait évidemment pas simplement
ignorer le sujet vu son importance dans la carrière politique
d’Al Gore, dont il allait d’ailleurs sceller le destin.
Néanmoins, An Inconvenient Truth ne devient jamais un
pamphlet pour Gore et positionne plutôt ce dernier comme il se
doit, soit au service de sa problématique. Il est alors clair
que le combat que livre Gore pour sensibiliser la population mondiale
au réchauffement de la planète et ses répercussions
en est un des plus sincères. Le tout est superbement mis en valeur
par une mise en scène rythmée et précise permettant
à Guggenheim de capter notre attention et de la conserver jusqu’à
la toute fin sans recourir à des détails ou artifices
superflus.
Version française :
Une vérité qui dérange
Scénario : -
Distribution :
Al Gore
Durée :
100 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
16 Juillet 2006