ILS (2006)
David Moreau
Xavier Palud
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Certains applaudiront Ils, des Français David Moreau
et Xavier Palud, en soulignant que le minimalisme appliqué de
leur approche réduit l'angoisse cinématographique à
sa plus pure expression. Mais au fur et à mesure que progresse
ce thriller remarquablement compact, la sensation de se faire arnaquer
envahit le spectateur : ce qui débute comme une radiographie
du film d'horreur portée par son admirable économie de
moyen se transforme peu à peu en exercice de style dépourvu
de toute substance avec lequel les réalisateurs s'amusent à
faire un tour d'horizon des diverses techniques capables de faire sursauter
le public sans trop se creuser la tête. Visiblement animé
par de bonnes intentions, Ils confond malheureusement mystère
et vide même s'il fait preuve, dans la première partie
du moins, d'une efficacité respectable.
La plus grande force d'Ils est de s'en tenir à l'essentiel,
d'éviter tout poids superflu dans sa recherche de l'intensité.
Le scénario est volontairement purgé de tout détail,
l'objectif étant de toute évidence de nous plonger le
plus rapidement possible dans le feu de l'action tout en créant
un climat d'incompréhension désorientant. Moreau et Palud
comprennent visiblement que c'est le non dit et le non montré
qui engendrent la peur. Cependant, c'est le seul tour qu'Ils
a dans son sac.
Paradoxalement, le point fort du film s'avère sa principale faiblesse.
Dans son désir de tout limiter au strict minimum, Ils
finit par nous laisser sur notre appétit. Son synopsis d'une
simplicité effarante, selon lequel un couple français
récemment déménagé en Roumanie voit sa demeure
envahie par une énigmatique présence, n'est enrichi d'aucun
développement pertinent. Une réalisation maîtrisée
provoque quelques sursauts stratégiques, mais l'histoire est
pour sa part abandonnée au profit d'un exercice de tensions et
de relâchements vaguement académique.
Ainsi, le film abandonne vite tout désir de nous justifier ses
événements pour se cantonner au rôle de mécanisme
de suspense assez générique : petite production numérique
sans grande ambition, l'essai de Moreau et Palud exploite principalement
l'obscurité pour nous déstabiliser. Sauf que son unique
progression nous traîne sans relâche du noir au plus noir.
Au bout du compte, un éclairage constamment décroissant
est tout ce que procure Ils. La finale n'est donc qu'un carré
noir sur un fond noir, un tableau auquel nous nous sommes habitués
depuis The Blair Witch Project. Notre indifférence,
pour sa part, a été subtilement stimulée tout au
long d'un film qui se termine en queue de poisson sur cette mention
toute simple : «inspiré de faits vécus».
À la limite, Ils a le mérite de pousser un genre
enclin à l'excès dans une direction extrêmement
réaliste. Mais ce serait faire preuve de trop de bonne foi à
l'égard d'un film qui manque tout bonnement d'imagination et
de personnalité. Excellente dans un rôle principalement
physique, l'actrice Olivia Bonamy porte presque à elle seule
un film qui, malgré quelques qualités, s'effacera rapidement
de notre mémoire pour laisser la place à d'autres oeuvres
autrement plus remarquables. Encore une fois, le film de genre français
déçoit...
Version française : -
Scénario :
David Moreau, Xavier Palud
Distribution :
Olivia Bonamy, Michaël Cohen
Durée :
77 minutes
Origine :
France
Publiée le :
19 Juillet 2006