IKARO'S DREAM (2005)
Costa Natsis
Par Frédéric Rochefort-Allie
De toutes les nationalités, la Grèce n’a jamais
vraiment été reconnue pour son cinéma, et s’en
est bien dommage vu la haute importance culturelle du pays. Dans l’état
d’esprit nord-américain à tout le moins, on y associe
toujours automatiquement l’antiquité, les vielles légendes
et histoires d’une époque fort lointaine. Icare par exemple,
est un personnage que l’on connait bien, mort noyé car
il volait trop près du soleil, un peu dans sa propre quête
de gloire. Mais cet Ikaro’s Dream n’a rien à
voir avec cette histoire, si ce n’est que par certaines petites
références.
Un jeune garçon, fils d’un prêtre qui pense que Dieu
est réponse à tout et d’une mère qui a en
horreur la moindre petite mélodie, cherche de toutes les façons
imaginables de devenir musicien. Comme sa famille lui est un si lourd
fardeau pour accomplir ses rêves, le jeune garçon quitte
la maison.
Qu’un film soit réalisé avec un rythme lent est
tout à fait respectable, après tout, à chaque réalisateur
son approche. Or, même si le cinéma Grec a lui-même
sa propre identité et son propre code, il n’en demeure
pas moins que le tout dernier film de Costa Natsis semble ignorer le
sens du mot montage. Cherchant certainement à faire durer certains
plans parce qu’il les jugeait trop beaux, Natsis répète
toujours la même formule au niveau de sa réalisation. Un
sujet marche, on le voit partir au loin, puis quitter le champ de la
caméra, c’est alors qu’il coupe. C’est un effet
qui fonctionne bien dans certaines scènes, mais après
88 minutes, le résultat en est fortement alourdissant, au point
de faire de son film une expérience interminable. Ajoutez-y le
doux son de la clarinette, sur une mélodie folklorique grecque
qui semble se répéter de scènes en scènes
et d’interprétations en interprétations (puisqu’on
y voit de nombreux musiciens interpréter des chansons complètes
en plan séquences), et vous obtenez un film hypnotisant. Ce à
quoi il a répondu lui-même qu’aujourd’hui,
les jeunes veulent du Bruce Lee. Peut-être qu’effectivement
la tendance est à un cinéma plus étourdissant,
mais un extrême en vaut un autre! Néanmoins, le réalisateur
nous offre de superbes plans, en particulier dans des champs dorés
comme le soleil.
On dit souvent que faire reposer le sort de son film sur les épaules
d’un enfant, c’est toujours un énorme risque à
prendre, et c’est bien vrai! Preuve en est, même si le jeune
enfant choisit pour incarner son personnage n’est pas médiocre,
on remarque immédiatement qu’il n’a jamais joué
de clarinette de sa vie. Ses doigts ne bougent pas au bon moment, il
semble respirer par le nez paisiblement, bref, on n’y croit pas
un instant. Ce qui dérange, c’est que les scènes
musicales sont fréquentes, donc la même lacune réapparait.
En fin de compte, décrire Ikaro’s Dream comme
un film interminable serait un euphémisme. Si le cinéaste
avait pu couper la durée de certains plans et faire preuve d’un
peu plus de conscision dans son montage, le résultat en aurrait
été certainement plus touchant et mémorable, car
on y trouve un joli film derrière son rythme si assomant. Dommage.
Version française :
Le Rêve d'Icare
Scénario :
Costa Natsis
Distribution :
Anna Mougalis, Nikos Aliagas, Agelos Sifonios,
Renos Charalabidis
Durée :
88 minutes
Origine :
Grèce, France
Publiée le :
22 Septembre 2005