THE IDLE CLASS (1921)
Charles Chaplin
Par Frédéric Rochefort-Allie
On aurait peut-être un peu tort de croire que la filmographie
de Chaplin n'est que chef-d'oeuvre après chef-d'oeuvre. Après
tout, malgré son génie, il réalisait lui aussi
des films alimentaires, dans le simple but de financer d'autres projets
plus ambitieux et de payer ses nombreuses pensions alimentaires. The
Idle Class restera toujours dans l'ombre de la filmographie du
maître, pour une bonne raison : ce n'est qu'une simple comédie.
Mais qui de mieux pour la porter qu'un génie en la matière?
Charles Chaplin ne semble pas particulièrement inspiré
par cette histoire qu'il a pourtant écrite, et c'est franchement
regrettable. Mais son instinct de la comédie arrive néanmoins
à sauver ce scénario des plus simplets pour en faire une
oeuvre respectable et digne de son nom. Dans ce film, Charlot le vagabond
se retrouve dans l'univers des riches, où il est pris pour un
millionnaire. La situation se complique, puisque les deux types sont
presque en tout point identiques, sauf bien entendu au niveau de l'étendue
de leur porte-feuille. La femme du richissime personnage croit percevoir
chez son mari une nouvelle personnalité.
Malheureusement, le seul véritable intérêt humoristique
consiste à voir Chaplin incarner deux rôles à la
fois, ce qu'il réussit avec brio. Son interprétation du
mari feignant fait sourire, et il lui réserve ses meilleurs gags
dans ce scénario, voire même l'un de ses meilleurs en carrière.
En particulier dans sa relation avec son épouse, dont il semble
se ficher éperdument. Serait-ce une forme d'auto-critique? Mais
le vagabond semble n'être qu'un prétexte pour nous mener
vers ce type, ce qui devrait être pourtant le cas contraire avec
un personnage aussi célèbre.
Véritable festival de quiproquos, l'humour de Chaplin fait des
plus vaudevillesques, ce qui est décevant pour une oeuvre d'un
cinéaste de talent comme lui. Le gag de l'armure de chevalier
où sont confondus le riche et le vaganond, devenu célèbre
depuis, n'est pas sans rappeler le premier Pink Panther lors
de la scène du bal costumé. Même pour l'époque,
c'est archi-cliché ! Nous serions en droit de nous attendre à
une bonne correction en règle de tout ces types ingrats, méprisants
et avares formant la classe bourgeoise, mais rien ne se produit. Le
film est beaucoup trop léger, comme si Charlot avait seulement
décidé de vêtir son costume pour toucher une certaine
somme d'argent...ironiquement. L'intrigue ne mène presque nulle
part, sinon qu'à quelques déceptions. Par contre, avec
une longueur d'avance sur son temps, The Idle Class devance
néanmoins les Run Lola Run avec l'une de ses scènes oniriques,
où l'on devine le futur d'un personnage suite à un événement
; l'un des moments les plus rafraîchissants de l'ensemble du film.
Dans son ensemble, The Idle Class est peut-être bâclé,
mais démontre une grande imagination chez son créateur.
Le film impose donc une mise en garde : si vous n'êtes intéressés
que par l'aspect humoristique des films de Chaplin, peut-être
apprécierez vous le sens de l'humour légèrement
sarcastique de l'oeuvre et son esprit frivole. Après tout, toute
comédie par Charles Chaplin garantit au moins quelques rires.
Version française : -
Scénario :
Charles Chaplin
Distribution :
Charles Chaplin, Edna Purviance, Mack Swain, Henry
Bergman
Durée :
32 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
25 Janvier 2006