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IDENTITY (2003)
James Mangold

Par Jean-François Vandeuren

Il arrive toujours un temps dans l’univers du cinéma hollywoodien où un cinéaste arrive avec le nouveau «film dont il faut en savoir le moins possible avant de le voir». Film composé, la plupart du temps, de nombreux rebondissements, renvoyant ainsi le spectateur dans de nouvelles directions avec une perspective différente du spectacle auquel il est exposé. Identity est un film qui a rapidement reçu une telle réputation, mais comme c’est souvent le cas avec ce genre de divertissement, le film finit par faire pas mal plus soupirer qu’il n’épate réellement.

La mise en situation est fort simple: dix inconnus se retrouvent dans un motel au beau milieu de nul part lors d’un violent orage. Scénario oblige, il commence à se passer des événements étranges où les personnes impliquées se font sauvagement assassiner une après l’autre pour ensuite disparaitre sans laisser de traces, si ce n'est qu’une simple clé numérotée. Pour le reste de l'intrigue, inutile d'en dire davantage afin de tout de même laisser à ceux qu’un tel film pourrait intéresser quelques éléments de «surprises». Mais là où le film aurait pu facilement conserve une certaine crédibilité, Mangold finit plutôt par nous faire patauger dans un scénario guidé par une intrigue beaucoup trop gratuite et prévisible. Il n’est de ce fait pas du tout sorcier de voir qui tombera en premier selon les règles typiques du genre. Et même parmi les nouvelles avenues qu’emprunte le film, on est plus porté à soupirer par le manque total de cohérence et d’imagination qu’à réellement y trouver un centre d’intérêt. Il est toutefois visible que l'effort a été mis pour tenter de développer quelque chose de plus intéressant au niveau du visuel, on ne peut pas nier qu'il y avait un désir d'offrir un résultat plus intéressant. Mais le problème est que le projet n'a pas été mis entre de bonnes mains. On se retrouve donc devant un film qui aspire à un style assez moderne, notamment au niveau du montage, mais qui va beaucoup plus vers le cool et insipide que le réellement utile et efficace. Une scène en particulier au tout début où l'on effectue un retour en arrière très rapide sur une explication de causalité laisse plutôt l'impression de regarder un vidéo clip vu l'extraordinaire artificialité. De plus, on a également l'impression d'assisté à un défilement de clichés en ce qui a trait aux personnages, c'est d'ailleurs ce qui suivra malheureusement par la suite pour le reste du film.

Et il est là le réel problème d’Identity. Il s’agit d’un film où l’originalité est à son plus bas niveau. Ne vous attendez aucunement à y trouver quelque chose de révolutionnaire car vous allez être royalement déçus. On a pris soin d’emprunter tous les archétypes possibles des films d’horreur et à suspense des cinquante dernières années, que ce soit par rapport au visuel, voire les recoins sombres sous la pluie battante, au développement de l’histoire, au montage, à la musique qui vient accompagner comme à l’habitude les hauts moments de tensions. Pratiquement tous les éléments du film de James Mangold vont vous faire dire à vous-même: «J’ai déjà vu ça quelque part.» Et ça, c’est quand ils n’ont pas été subtilisés directement d’une scène d’un autre film en particulier. Et par rapport aux rebondissements, l’impression qu’ils laissent est celle d’être là seulement pour tenter de sauver un film bien pauvre qui s’en va nul part, mais qui finissent malgré eux par ne pouvoir l’ensevelir davantage. Point quand même positif: on assiste quelques fois à de bonnes prestations de la part des acteurs, mais pour le reste, il n’y a pas grand chose à dire de plus sinon qu’il est préférable de passer son tour pour ce film-ci.

Cependant, il s’agit néanmoins d’un divertissement susceptible d’aller se chercher un certain publique parmi la vague des amateurs de cinéma multiplex qui ne sont là que pour le divertissement. Il est probable que ceux-ci y trouveront leur compte tandis que les autres bailleront devant l’abondante présence du sentiment de déjà vu. Un film qui a été fait des dizaines de fois auparavant… et en mieux.




Version française : Identité
Scénario : Michael Cooney
Distribution : John Cusack, Ray Liotta, Amanda Peet, Alfred Molina
Durée : 87 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 1er Juillet 2003