THE HUMAN STAIN (2003)
Robert Benton
Par Louis-Jérôme Cloutier
Des acteurs chevronnés, un réalisateur de talent, une
production de Miramax et une adaptation d’un roman à succès.
Existe-t-il une meilleure recette pour créer le parfait candidat
aux Oscars? En fait, si le film possède toute cette prétention,
il est très loin de parvenir à arriver à ses fins.
The Humain Stain est un film raté malgré la qualité
de la production en général. Il faut dire que le scénario
est un fouillis et que le réalisateur lance son film dans toutes
sortes de directions. Bien que Anthony Hopkins soit un excellent acteur,
sa relation avec le personnage de Kidman est loin d’être
aussi passionnée que l’on aurait pu le croire.
L’histoire relate la vie d’un doyen devant démissionner
pour des propos que l’on interprète comme étant
racistes. Je dois effectuer une parenthèse pour souligner que
cette accusation est vraiment des plus ridicule et nuit beaucoup à
la crédibilité du scénario, mais nous amène
dès le départ à afficher une certaine méfiance
devant la naïveté du scénariste. Par la suite, ce
doyen interprété par Hopkins se retrouve dans une passion
amoureuse avec une femme de 34 ans. Leur relation éveillera les
démons du passé. Parlant de démons du passé,
on reste dans le registre de base : femme violentée, violée,
passée de riche à pauvre et dont les enfants sont morts.
Cependant, Kidman interprète avec froideur son personnage, souvent
antipathique. Ed Harris joue l’ex-mari violent avec succès
bien qu’il n’apparait que très rarement à
l’écran. Gary Sinise pour sa part, a un rôle complètement
inutile dans l’histoire, servant de narrateur. Cette décision
n’est vraiment pas pour aider la cause du film qui souffre de
froideur : la narration accentue terriblement le sentiment de détachement
face aux situations. Ajoutons que plusieurs personnages sont souvent
hors contexte et ne possèdent aucun développement approprié.
En plus, certaines scènes sont très escamotées
par le réalisateur qui prend rarement le temps de replacer les
choses dans leur contexte.
Il faut dire que l’histoire en général n’a
rien pour épater les gens. Si l’on pense au «secret»
caché par le personnage de Hopkins, on se demande bien où
l’on a pu pêcher une telle idée. En plus qu’elle
ne tienne jamais la route, l’origine de cette situation n’est
jamais expliquée et les flashbacks nous la présentant
dans son enfance sont dénudés de sens malgré la
qualité des interprètes. Encore une fois, on passe par
la panoplie des personnages habituels, tel le père autoritaire.
C’est certainement à ce moment que l’on constate
le problème majeur de The Humain Stain: tout a déjà
été fait et en mieux. On veut sensibiliser avec une histoire
déjà visitée des millions de fois et récompensée
aussi souvent aux Oscars. Au moins un film d’action n’a
que rarement la prétention de vouloir se montrer brillant d’ingéniosité.
La fin est à l’image du film : ennuyeuse, dénudée
de sens et pleine de froideur. Je peux quand même dire que certains
moments sont intéressants grâce aux excellents interprètes,
dont Hopkins.
En résumé, The Humain Stain est l’exemple
typique du film voulant se faire aimer par une histoire moraliste sans
but et remplie de situations exagérément dramatiques.
On présente le personnage de Hopkins comme étant Juif,
y a-t-il quelque chose d’autre à ajouter? On aurait pu
faire un bon drame en choisissant un duo d’acteurs ayant une meilleure
chimie et en modifiant en profondeur le scénario qui prend des
directions fort douteuses.
Version française :
La Tache
Scénario :
Nicholas Meyer
Distribution :
Anthony Hopkins, Nicole Kidman, Ed Harris, Gary
Sinise
Durée :
106 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
9 Novembre 2003