HIDALGO (2004)
Joe Johnston
Par Louis-Jérôme Cloutier
Hidalgo arrive au bon moment, du moins c’est ce que l’on
espère. L’année 2004 a été terriblement
ennuyante jusqu’à présent et ce film mettant Viggo
Mortensen pourrait offrir un bon divertissement. Le pari est à
moitié réussi puisque ce film de Joe Johnston réserve
de très bons moments d’aventures, possède de très
beaux décors et une photographie très intéressante.
Cependant, le film est également ultra-prévisible, schématique
et conventionnel en plus de souffrir d’une cassure de rythme.
Mais voyons plus précisément ce qu’il en est.
Dans ce film, Viggo Mortensen incarne le métis Frank T. Hopkins.
Avec son cheval Hidalgo, il décide de participer à l’Océan
de feu, une course de 5000 kilomètres à travers le désert
arabe. Cette histoire est inspirée d’un fait vécu
si l’on se réfère aux annonces publicitaires. Le
mot inspiration devrait être souligné à gros traits
puisqu’Hidalgo est surtout un film d’aventures
des plus fictifs. Le véritable Frank T. Hopkins n’a jamais
participé à la course décrite dans le film. Malgré
cela, le dernier film de Joe Johnston est assez sympathique. D’abord,
on peut se réjouir de voir Viggo Mortensen en tête d’affiche,
lui qui a gagné en notoriété grâce à
Lord of the Rings. S’il n’est pas de la trempe
des meilleurs, son interprétation est dans le ton voulu et il
est davantage plaisant à voir qu’un The Rock par
exemple. La présence d’Omar Sharrif renforce la qualité
de l’interprétation. Cependant, Hidalgo est un
film qui est principalement axé sur les péripéties
que peuvent subir les héros plutôt que sur leur psychologie.
On passe donc par la plupart des clichés usuels: une demoiselle
qui se fait kidnapper, des concurrents qui trichent et de nombreux préjugés
envers la culture musulmane. Cela est davantage visible par les temps
qui courent. Le héros américain est l’homme qui
possède une culture « normale » face à ceux
qui ont des coutumes de barbares. Le personnage de Hopkins donne souvent
la morale aux personnes arabes que ce soit pour leur croyance envers
Allah ou envers le voile. Non seulement ce genre d’exercice est-il
irritant, mais n’a tout simplement pas sa place dans le film.
A-t-on encore besoin de voir un film où les Américains
sont parfaits et où les autres sont faibles? Heureusement que
le personnage de Mortensen a quelques retenues face à sa propre
nation qui massacre les Amérindiens. De plus, il y a tout de
même des blancs qui servent également de méchants
dans l’histoire. Mais bien évidemment, les Arabes sont
sous les ordres de ces derniers.
Au-delà de ces nombreuses anicroches, l’histoire globale
d’Hidalgo est distrayante. La course à travers
le désert réserve de bons moments, prévisibles,
mais tout de même divertissants. Mais un autre problème
surgit : le film est beaucoup trop long. La raison principale est l’insertion
au plein milieu de la course d’une sorte de temps mort pendant
lequel Hopkins doit aller secourir la fille d’un cheik et récupérer
son cheval. Non seulement cette partie est la plus ennuyante du film,
mais elle vient couper net un rythme qui chevauchait bien depuis plus
d’une heure. Résultat : on se meurt d’impatience
de voir la course recommencer. Pour ce qui est de Joe Johnston, il compte
à son actif plusieurs productions intéressantes et il
a été un choix éclairé pour ce film. Son
travail, quoique conventionnel, réserve quelques séquences
plus intéressantes et son habitude des feel-good movies
lui permet de bien faire ressortir les éléments dramatiques.
La direction artistique a également fait un bon travail grâce
à d’excellents décors et une photographie très
intéressante.
Bref, Hidalgo est un film assez réussi qui amuse durant
la majorité de son écoute. Malheureusement, il dure bien
trop longtemps et l’idée d’inclure le segment de
kidnapping dont j’ai parlé est tout simplement stupide.
Cette petite péripétie vient gâcher un film qui
se déroule sans trop d’anicroches. Donc, au-delà
de ces problèmes et si le manque d’originalité ne
vous agace point, Hidalgo est distrayant. Tout de même,
je recommanderais plutôt Seabiscuit dans le même
genre.
Version française :
Hidalgo
Scénario :
John Fusco
Distribution :
Viggo Mortensen, Omar Sharif, Zuleikha Robinson
Durée :
135 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
15 Mars 2004