HERE ON EARTH (2000)
Mark Piznarski
Par Frédéric Rochefort-Allie
Combien de films «romantiques» pour adolescents sont produits
en une seule année? Difficile à estimer car j'ai l'impression
que plus il en sort et plus le public semble en redemander. Ça
se propage comme la peste! Parfois il en font même des suites,
comme celle de A Princess Diaries qui sortira en 2004. Ça
donne des frissons juste à y penser. Ces films visent un public
féminin, plus particulièrement celles qui tapissent leurs
murs d'affiches de leur sexe symbole du moment. Here On Earth,
fort heureusement, n'a pas fonctionné au box-office car il fut
littéralement écrasé par des blockbusters.
Here On Earth se passe dans un petit village en campagne. Un
jeune riche (Chris Klein), reçoit une automobile sport comme
cadeau de graduation. Si son entourage trouve ça impressionnant,
lui il ne pense qu'au sexe et au pouvoir qu'il va obtenir. On ne s'attarde
pas plus que ça à le présenter car on saisi assez
rapidement le personnage. Le soir même, ses amis et lui font une
petite ballade pour aboutir dans le centre du village, un petit restaurant
nommé Mable's Table. Le jeune riche décide de tester ses
talents de séducteur sur la serveuse (Leelee Sobieski), mais
son petit ami (Josh Hartnett) n'apprécie vraiment pas et d'une
bagarre s'en suivra une course qui sera interrompue par l'explosion
de Mable's Table. Suite à cet événement, les deux
coupables devront reconstruire le resto de leurs propres mains. Cette
tâche sera assez longue pour que la serveuse soit le centre d'un
triangle amoureux.
Here On Earth est probablement ce qui se fait de pire en son
genre. Le scénario est si faible et si peu original que regarder
le film au complet une seconde fois serait personnellement une excellente
torture. Les personnages sont extrêmement stéréotypés.
Le jeune riche est vantard, dédaigneux et hédoniste tandis
que le pauvre est gentil, protecteur et attentionné. La serveuse,
elle, est une véritable girouette, digne des personnages de la
télésérie Dawson's Creek, qui n'arrive
pas à se décider entre passer son temps avec le gars principalement
responsable de l'explosion du resto familial ou en compagnie de son
ami d'enfance. Une fois que le calme est revenu et que tout le village
accepte son choix final, on apprend que la pauvre a des problèmes
aux genoux. Quelques minutes plus tard, elle se retrouve avec un cancer.
Probablement l'un des pivots des plus ridicules que je n'ai jamais vu.
À remarquer que la sommité Hollywoodienne du genre, Love
Story, se termine pratiquement de la même façon. Si
les personnages sont mauvais, les acteurs ne font qu'accentuer cette
impression de dégoût qui nous accompagne tout au long de
la projection. On pourrais facilement soupçonner que la direction
d'acteurs y est pour quelque chose car pourtant, Josh Hartnett en avait
étonné plus d'un dans The Virgin Suicides, malheureusement
ici ses moments forts sont lorsqu'il se tait et qu'il reste neutre.
Pour ce qui est de Leelee Sobieski, même si j'ai bien aimé
la regarder tout au long du film, sa présence à l'écran
est très oubliable, à se demander si c'est bien elle qui
fut nominée deux fois aux Emmys. Mais je n'ai aucun doute face
au «grand» Chris Klein, l'un des pires acteurs de sa génération.
Tout dans son jeu énerve jusqu'à sa démarche. Chaque
fois qu'il entre dans une pièce, il prend des poses «à
la Calvin Klein». Dès qu'il cherche à dégager
une émotion, on le sent jouer. Il ne change pas de peau, il reste
Chris Klein du début à la fin. Le montage, bien que pas
si mal dans son ensemble, se résume en une interminable longueur.
Les silences sont bien trop fréquents et inutiles. Pour combler
ce manque de son, le spectateur a droit à une trame sonore plutôt
fade, surprenant venant d'un Morricone. Même la chanson qui accompagne
le générique est désagréable, de la musique
purement commerciale et cucu. Pour ce qui est du réalisateur,
son manque total de style dépeint sur la pellicule. On a l'impression
de regarder une peinture à numéro. Le manque de personnalité
est flagrant, aucun angle insolite, aucune image frappante, rien. De
la pure banalité comme il s'en fait à la chaine.
Selon moi, la ligne entre le pur navet et le mauvais film est assez
mince. Après 90 minutes d'amertume, on a l'impression d'avoir
lu un roman arlequin. Je conseillerais fortement à celles qui
craquent pour Josh Hartnett d'ignorer Here On Earth. Ne faites
pas la même erreur que moi avec Leelee. Si vous cherchez du romantisme,
même les téléséries de Star Trek
y arrivent mieux. Ce film ne passera pas à l'histoire et il risque
fort heureusement de se trouver dans les liquidations de stock des magasins
à rayons ou des clubs-vidéos. Somme toutes, Here On
Earth est un épisode soap dont on ne peut malheureusement
pas changer de chaine.
Version française : -
Scénario :
Michael Seitzman
Distribution :
Chris Klein, Leelee Sobieski, Josh Hartnett, Michael
Rooker
Durée :
96 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
15 Août 2003