HANG 'EM HIGH (1968)
Ted Post
Par Frédéric Rochefort-Allie
Si la figure mythologique de la noblesse en Europe est représentée
par un chevalier, pour les Américains, c'est le cow-boy et son
cheval, symbole d'un passé pas si éloigné et pourtant
plutôt idéalisé. De tous les héros du genre
Western, Clint Eastwood est un incontournable. Découvert par
Sergio Leone, il amorça sa carrière américaine
avec Hang 'Em High. Jouissant d'un acteur avec une réputation
déjà établie, le réalisateur n'avait aucun
souci quant au succès de son film. Mais succès et qualité
sont deux aspects entièrement différents, ce qu'il semble
avoir oublié en cours de route.
Nous suivons donc Jed Cooper (Clint Eastwood), un homme qu'on a pendu
injustement et laissé en vie, dans sa quête de vengeance.
Il deviendra donc Marshall pour tuer «légalement»
chaque homme ayant participé à son lynchage.
Il est donc plutôt évident que le scénariste ne
s'est pas cassé la tête en écrivant son synopsis.
En fait, c'est pratiquement le même type de trame narrative que
Kill Bill, mais à la différence de ce dernier,
il n'y a aucun second degré et c'est d'ailleurs l'une des principales
faiblesses du film. Bien qu'Eastwood livre une performance satisfaisante,
son personnage n'est qu'une pâle imitation de l'homme sans nom
de Leone. Les personnages principaux sont eux-mêmes très
stéréotypés, au point de leur trouver des ressemblances
avec l'univers de Lucky Luke. Ted Post, que certains connaissent
pour avoir réalisé la suite de Planet Of The Apes,
n'innove en rien. En fait, sa réalisation semble calquée
sous le moule italien du western spaghetti. Ne soyons donc par surpris
d'y retrouver Eastwood. Même le compositeur de la trame sonore
s'efforce de créer un son à la Morricone. Malheureusement,
la musique est loin d'être mémorable et le son frôle
le ridicule.
Hang 'Em High n'est tout de même pas un ramassis de déchets.
Même si Ted Post n'a jamais été proclamé
génie du cinéma, on ne peut qu'être étonné
par quelques plans d'une qualité exceptionnelle, malheureusement
amputés par un montage trop nerveux. Ces moments, aussi brefs
soient-ils, ne sont rien de moins que délicieux. Par exemple,
la scène de Dennis Hopper tient tout simplement du génie,
mais elle est saccagée, comme l'ensemble de l'oeuvre, par un
scénario boiteux. L'histoire est pleine de trous, certains personnages
ont même des motivations aux limites du nébuleux. C'est
tous ces petits détails qui font que l'oeuvre devient, à
un certain point, risible.
Bref, Hang 'Em High est loin d'être du grand cinéma,
mais on peut trouver un certain charme à la naïveté
que projette le film. N'espérez tout de même pas trouver
en ce film une oeuvre assez forte pour entrer en compétition
avec le cinéma italien, car vous serez largement déçus.
Sans être un grand navet, il se classe tout de même dans
la catégorie oubliable. C'est probablement pour cette raison
que Ted Post fut ignoré totalement et qu'il retourna à
la télévision, probablement le seul moyen que possède
justement Hang 'Em High de toucher des spectateurs.
Version française :
Pendez-les haut et court!
Scénario :
Leonard Freeman, Mel Goldberg
Distribution :
Clint Eastwood, Inger Stevens, Ed Begley, Pat Hingle
Durée :
114 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
13 Janvier 2004