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HAMLET (2000)
Michael Almereyda

Par Frédéric Rochefort-Allie

«To be or not to be ?». Voici l'une des phrases les plus célèbres de tous les temps. Hamlet, est une pièce de Shakespeare écrite en 1604. Pratiquement 400 ans plus tard, est-ce que cette tragédie peut encore toucher son public? C'est ce qui a traversé l'esprit du réalisateur Micheal Almereyda, plus connu pour avoir été nominé pour le grand prix du jury à Sundance en 1995 avec son film Nadja. Si Shakespeare est mort depuis longtemps, sa carrière cinématographique va assez bien. La fièvre shakespearienne à débuté avec l'adaptation de Romeo + Juliet par Baz Luhrmann. Depuis, nous avons eu droit, entre autre, à A Midsummer Night's Dream, 10 Things I Hate About You, Titus, Sheakpeare In Love et O.

Si vous êtes au courant qu'Hamlet est une tragédie, inutile de vous préciser que cette histoire se termine donc bien mal. Dans sa version originale, nous suivons Hamlet, prince du Danemark et amant secret de la belle Ophélie. L'oncle d'Hamlet devient roi un mois après que le père du prince ne soit mort. La mère d'Hamlet devient donc épouse du frère cadet de son ex-mari. Mais voilà qu'un soir, le fantôme du roi apprend à son fils que son oncle est un assassin. Ne sachant plus trop quoi penser, Hamlet s'engouffre lentement vers une vie infernale qui mènera à un point de non retour. Dans cette modernisation, nous nous trouvons à New-York et Hamlet est le prince de la compagnie Danemark Corporation.

L'aspect féodal est donc très présent dans cette adaptation étant, justement, maintenant plutôt critique face au milieu bourgeois. Les premières minutes, un montage d'images en noir et blanc, représentent bien la lourdeur du film, étant à la fois intéressantes et légèrement floues. C'est justement par ces montages vidéos qu'Hamlet exprime sa peine, montant soir après soir ses sombres pensées. Si cette technique est intéressante au début, elle prend beaucoup trop de place et devient vite lassante, pour ne pas dire saoulante. L'utilisation des fusils ne change strictement rien à la dramatique de certaines scènes, ce qui fait donc une force pour cette adaptation. Mais on se demande pourquoi revenir avec le duel au mousquet vers la fin. L'effet ne réussit pas et perd beaucoup de son intensité. J'ai trouvé justement qu'Hamlet était partagé entre le désir de rafraichir et de rester près de l'œuvre. La musique change, elle-même, de style tout au long du film. Nous passons de la musique électronique à la musique classique. Almereyda ne se donne donc pas la peine de se dissocier assez de Shakespeare pour pouvoir vraiment créer une œuvre avec une identité propre contrairement au Romeo + Juliet de Luhrmann.

On dirait que le top pour un acteur anglophone est de jouer du Shakespeare et dans ce cas-ci, on se demande honnêtement si Ethan Hawke n'est pas légèrement masochiste. Le simple fait de donner l'intonation exacte aux mots représente un terrible défi où seuls quelques rares expérimentés, Kenneth Branagh par exemple, réussissent à s'en tirer la tête haute. Hawke fait parti de ces acteurs qui justement réussissent à changer le sens d'une phrase simplement par sa voix. Je m'attendais toutefois à beaucoup mieux du fameux «To be or not to be» et ce, même malgré la blague du réalisateur. Bill Murray s'en tire lui aussi très bien, créant légèrement une ambiance humoristique, juste assez pour détendre l'atmosphère assez lourde. Julia Stiles interprète aussi étonnamment bien Ophélie, ce qui est surprenant compte tenu de sa filmographie. Elle est à la fois fraiche et innocente.

Hamlet est bel et bien un film s'adressant aux fans de Shakespeare. Ceux qui s'y aventureront y trouveront probablement une œuvre un peu lourde et pas assez rafraichissante. Malgré tout, elle contient d'excellentes performances d'acteurs.

Si vous aimez Hamlet ou que vous avez de l'intérêt envers les tragédies, je vous conseille Romeo + Juliet et le Hamlet de Kenneth Branagh.




Version française : Hamlet
Scénario : Michael Almereyda, William Shakespeare (pièce)
Distribution : Ethan Hawke, Kyle MacLachlan, Sam Shepard, Diane Venora
Durée : 112 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 6 Juillet 2003