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HALLOWEEN II (1981)
Rick Rosenthal

Par Jean-François Vandeuren

La chanson est bien connue: un film d’horreur particulièrement ingénieux (ou non) sort sur les écrans et laisse sa marque. Le feu vert à la production d’une suite est donné et celle-ci voit le jour en un laps de temps record sans que personne ne s’étonne de la piètre qualité de l’effort qui ne fut réalisé qu’à des fins lucratives. Étonnamment, ce n’est pas le cas de ce second opus de la série Halloween qui demeure encore à ce jour probablement la suite d’un slasher la plus réussie de l’histoire du genre. L’idée particulièrement intrigante dans le cas présent est que, malgré l’écart en temps réel entre les deux films, on a décidé de nous replacer rapidement en contexte au moment où le premier opus prenait fin, évitant ainsi d’avoir à répondre à des questions cherchant à savoir qu’a bien pu faire Michael Myers entre deux nuits d’Halloween. Myers est donc toujours en liberté et continue de terroriser les habitants de la petite localité fictive d’Haddonfield en Illinois. Mais il semble également déterminé à régler le cas de Laurie Strode qui, pour sa part, fut transportée à l’hôpital pour soigner les blessures et le violent choc nerveux résultant de sa rencontre avec Myers. Mais pourquoi elle en particulier?

Ce qu’il y a de particulièrement intéressant au départ dans Halloween II, c’est de voir que le scénario parvient à bifurquer de la traditionnelle formule de meurtres d’adolescents suivant les règles de l’art et de la moralité sans toutefois la renier complètement. Par contre, la toile de fond de ce deuxième épisode se révèle assez différente de celle de l’original. Même si caricatural, le film de Rick Rosenthal effectue néanmoins un portrait fort cohérent de l’état de panique découlant des meurtres s’étant produits plus tôt dans la soirée. Le niveau de tension est alors créé une fois de plus par le biais du personnage de Michael Myers et de sa passivité des plus inhabituelles, ignorant à nouveau le côté barbare et sadique du tueur pour en faire quelque chose de beaucoup plus symbolique, voire diabolique, en misant sur la simple présence spectrale de ce dernier et sa démarche suivant un rythme réglé au quart de tour plutôt que de nous exposer à l’ensemble de ses meurtres sordides, dont quelques-uns sont d’ailleurs habilement camouflés. Donald Pleasence offre une fois de plus une interprétation extrêmement convaincante dans la peau du Dr. Loomis, dont l’appréhension face à Myers appuie à elle seule le travail de suggestion entourant le récit.

D’autre part, de voir John Carpenter et Debra Hill revenir pour l’écriture du scénario prouve tout le sérieux de l’entreprise, derrière laquelle il y avait une réelle idée et non seulement un gout pour une surexposition totalement gratuite de sang et de violence. La réalisation de Rick Rosenthal marche d’ailleurs visiblement dans les traces de Carpenter en affichant toutefois un style plus classique tout en se permettant certains plans très agiles, particulièrement en ce qui a trait au travail de subjectivité nous positionnant derrière le masque de Myers. Le film se permet également d’effectuer un certain hommage à la théâtralité des efforts de Dario Argento, ainsi que quelques références visuelles bien placées aux films de George A. Romero, mais dans un contexte totalement différent.

Mais l’effort de Rosenthal n’est malheureusement pas exempt de toute faute. On notera en ce sens quelques problèmes au niveau du rythme et de l’ambiance qui ne sont pas toujours soutenus, et qui s’appuient d’autant plus sur une reprise à la sauce new wave absolument exécrable du thème original, dont la redoutable simplicité donnait le frisson à tout coup. Michael Myers représente également un problème en soi à quelques égards. On peut d’entrée de jeu s’attaquer au masque en soi qu’il porte dans ce film-ci qui est probablement le plus affreux de la série. Tony Moran ne semble pas non plus totalement à l’aise derrière le masque cette fois-ci, lui qui avait pourtant fait un travail incroyable pour le film précédent.

Le fait qu’Halloween II soit une suite tout ce qu’il y a de plus respectable demeure un exploit en soi, particulièrement dans le domaine de l’horreur. Carpenter et Hill sont ainsi parvenus à sauver la réputation du personnage culte qu’ils nous avaient si magistralement présenté en 1978 en évitant de sombrer dans l’imbécillité profonde des stratagèmes d’une série comme Friday the 13th qui, contrairement à Halloween, partait déjà sur une note peu convaincante. Il faut dire aussi qu’à l’opposé des absurdes carnages de Jason Voorhees, dont un nouveau chapitre était projeté sur les écrans à chaque année ou presque, il y aura tout de même eu trois ans entre les deux premiers opus de cette série dont les jours sombres étaient encore à venir, et auxquels Rick Rosenthal contribua malheureusement en réalisant un Halloween Resurrection aussi inutile qu’indigeste.




Version française : Halloween II
Scénario : John Carpenter, Debra Hill
Distribution : Jamie Lee Curtis, Donald Pleasence, Charles Cyphers, Lance Guest
Durée : 92 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 31 Octobre 2005