GOTHIKA (2003)
Matthieu Kassovitz
Par Louis-Jérôme Cloutier
Dark Castle, la boîte de production de Robert Zemeckis et Joel
Silver, nous offre un film d’horreur à chaque automne.
Le premier, The House On The Haunted Hill, était de
qualité respectable. Ceux qui ont suivi se sont avérés
être ce qui se faisait de pire dans le genre. Le tout dernier
rejeton, Gothika, possède en tête d'affiche une
actrice assez populaire en la personne de Halle Berry et le Français
Matthieu Kassovitz derrière la caméra. Bien sûr,
on sent le désastre à plein nez et c’est ce qui
est effectivement offert. Berry a beau tenter d’être une
bonne actrice pendant que Kassovitz tente désespérément
de donner un style convaincant au film, l’absence totale de scénario
ne peut être masquée.
Dès les premières images, on découvre la psychologue
Miranda Grey. Cette pauvre femme se retrouve malgré elle dans
une fâcheuse position. Elle se réveille derrière
les barreaux étant accusée du meurtre de son mari, bien
qu’elle ne s’en souvienne pas. Il s’en suit 95 minutes
d’ennui mortel au cours desquelles le film passera par tous les
clichés possibles. Est-ce que le film fait peur? Pas du tout.
Y a t-il du suspense? À peine. Cependant, si vous recherchez
de l’humour, Gothika pourra certainement vous satisfaire.
Y noter toutes les invraisemblances devient un jeu fort amusant. Si
l’idée de départ est intéressante, sans être
géniale, le scénario est carrément stupide. Non
seulement est-il prévisible, mais en plus, il est souvent illogique.
Et si ce n’était pas assez, il contient des tonnes de dialogues
qui se répètent sans cesse et des scènes impliquant
Halle Berry qui deviennent également horriblement redondantes.
On la suit sans aucune attention alors qu’elle se promène
à gauche et à droite. Si au départ il y a un certain
suspense, on décroche très rapidement. Ghost Ship
n’était donc pas un film aussi mauvais que l’on pensait.
The House On The Haunted Hill est un chef d’œeuvre
en comparaison.
Berry n’arrive pas à nous engager dans son personnage ou
à nous garder en haleine par rapport à son sort. Kassovitz,
pour sa part, essaie de mettre du style dans son film en utilisant toutes
sortes d’effets qui frôlent le ridicule. Par exemple, afin
de faire la classique scène du «je regarde devant mais
il y a quelque chose derrière», il fait plonger sa caméra
sur le personnage pour ensuite la faire pivoter de l’autre sens.
Difficile à expliquer en mots, mais sachez que le tout est vraiment
pitoyable et déclenche davantage le rire qu’autre chose.
De plus, Kassovitz semble avoir de la difficulté à retirer
son doigt du «zoom». Est-il nécessaire de filmer
d’aussi près? Le seul point positif serait l’ambiance
générée par les décors qui est assez bien,
mais il faut vraiment creuser loin pour en arriver à ce point
positif.
Gothika est donc un autre film d’horreur qui semble sortir
tout droit d’un programme créant des scénarios.
Heureusement que l’on peut en rire. Les invraisemblances sont
pitoyables. Comment peut-on espérer avoir un film de qualité
qui puisse vraiment être intéressant si l’histoire
ne tient pas debout? En plus, la dernière demi-heure est parfaitement
horrible, tout comme la fin qui laisse une porte ouverte à une
suite de façon grotesque. Dark Castle continue de prouver que
jamais un produit de qualité ne sortira de ce studio.
Version française :
Gothika
Scénario :
Sebastian Gutierrez
Distribution :
Halle Berry, Robert Downey Jr., Penélope
Cruz
Durée :
95 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
8 Janvier 2004