GOOD BYE LENIN! (2003)
Wolfgang Becker
Par Louis-Jérôme Cloutier
Traiter d’un sujet sérieux avec humour n’est jamais
facile. Récemment, Roberto Benigni a réussi l’exploit
avec l’holocauste. La chute du mur de Berlin est certainement
moins dramatique que l’élimination de millions de personnes,
mais cela reste un événement dont on a tendance à
aborder d’un point de vue dramatique. Good Bye Lenin!
renverse la vapeur, en quelque sorte. Non sans posséder un fond
assez sérieux, le film de Wolfgang Becker est surtout amusant
et touchant. Alex Kerner est un jeune allemand de Berlin qui vit du
côté Est, le côté communiste séparé
de l’Ouest capitaliste par un mur. Alors qu’il n’appuie
pas le régime en place, sa mère y adhère totalement
et semble vouloir faire de ses enfants de bons camarades soviétiques.
Lors d’une manifestation, Alex est arrêté sous les
yeux de sa mère. C’est un choc pour elle, tellement qu’elle
tombe dans un profond coma. Quelque temps après, le mur tombe
à Berlin pendant que la mère d’Alex est toujours
dans le coma. Elle se réveille finalement sans connaitre les
profonds changements survenus en Allemagne de l’Est. Afin de lui
éviter un nouveau choc, Alex tente de tout faire afin de faire
croire à sa mère que rien n’a changée dans
ce pays qu’elle aimait tant. Cependant, cette supercherie est
loin d’être facilement réalisable, et la mère
d’Alex menace de tout découvrir au fils des jours.
Non seulement, l’idée de départ est-elle excellente,
mais en plus on a réussi à aller encore plus loin au lieu
de rester à la surface des choses. Étrangement, Good
Bye Lenin! pourrait facilement être interprété
comme un film qui vise à faire regretter «le bon vieux
temps» avant la chute du mur. Le capitalisme est loin d’être
exposé comme un idéal à atteindre, preuve que ce
film n’a pas été influencer par un quelconque producteur
hollywoodien. En fait, puisque l’essentiel du film vise à
tenter de faire croire que l’Allemagne de l’Est existe toujours,
on passe à travers plusieurs de ses caractéristiques.
Celles-ci sont présentées comme des éléments
de nostalgie dont les gens s’ennuient presque. Il existe donc
à l’intérieur du film un désir de confronter
les idéologies de façon parfois très sérieuse.
Néanmoins, Good Bye Lenin! jette surtout un regard amusant
sur ce qui suit la chute du mur de Berlin, mais aussi sur la signification
de cet évènement qui affecte la vie de tous. Le sujet
est à la fois traité de façon sérieuse,
mais aussi humoristique. Par exemple, on se retrouve face aux retrouvailles
émouvantes d’un père et de son fils, mais aussi
face à des situations cocasses alors qu’Alex et l’un
de ses amis tentent de créer de faux bulletins d’informations
puisque sa mère désire écouter la télévision.
Alors que celle-ci a malencontreusement aperçu une affiche de
Coca-Cola, il tente de faire croire dans ses faux reportages que le
Coca-Cola est en fait un produit communiste. Bref, tous les moments
où Alex se casse la tête pour cacher la vérité
réservent de très bons moments d’humour. Good
Bye Lenin! offre donc un amalgame particulièrement réussi
entre film politique, humoristique et dramatique.
Le jeu des comédiens est tout autant excellent. Bien sûr,
on retrouve en figure de proue Daniel Brühl dans le rôle
de Alex. Son talent est indéniable, il pourrait être comparé
à Leonardo DiCaprio si vous voulez absolument un point de repère
nord-américain. Katrin Saß est également excellente
dans le rôle de sa mère, tout comme l’entièreté
de la distribution qui contribue à la qualité du film.
Les petites références à Stanley Kubrick insérées
ici et là par Pecker sont des clins d’oeils qui plairont
aux inconditionnels du célèbre réalisateur. Nottement,
une scène fétiche de A Clockwork Orange est reprise
de façon originale.
Bref, Good Bye Lenin! est un film qui fait passer un très
bon temps au cinéma. Un film qui propose à la fois une
réflexion intelligente sur la chute du mur de Berlin, un divertissement
amusant et un récit touchant. Les acteurs sont excellents, tout
comme la réalisation de Wolfgang Becker. De plus, son scénario
exploite de façon efficace le côté dramatique du
récit sans tomber dans les excès. Le tout est livré
de façon sincère et l’impact n’en est que
plus fort. Une belle réussite, un film qui fait chaud au cœur.
Version française :
Au Revoir Lénine!
Scénario :
Wolfgang Becker, Bernd Lichtenberg
Distribution :
Daniel Brühl, Chulpan Khamatova, Maria Simon,
Katrin Saß
Durée :
121 minutes
Origine :
Allemagne
Publiée le :
14 Septembre 2004