THE GOOD, THE BAD AND THE UGLY (1966)
Sergio Leone
Par Frédéric Rochefort-Allie
Le cinéma western a connu beaucoup de creux et ce, même
jusqu’à tout récemment. Autrefois, les cowboys manquaient
carrément de réalisme. Ils étaient toujours habillés
d’habits nets et extravagants, bien rasés et avec des dents
étincellantes. À moins que je ne me trompe, le cowboy
moyen ne correspondait certainement pas à cette description,
car il vivait principalement dans le désert. Heureusement pour
ce genre de films, certains cinéastes y ont ajouté du
réalisme, ce qui n’était pas pour déplaire
au public qui se contentait jusqu’alors d’un véritable
néant en terme de qualité. Ce qui est étrange dans
tout ça, c’est que malgré le fait que les Américains
soient les plus grands amateurs de Western, les Italiens semblaient
mieux connaître les cowboys que les descendants de ceux-ci. C’est
ainsi qu’est né le "Western-Spahetti". The
Good, The Bad & The Ugly, c’est le dernier volet de la
trilogie de l’Homme Sans Nom.
Comme vous le devinez probablement, il y a trois personnages principaux.
Le méchant, Sentenza (Lee Van Cleef), est un mercenaire sanguinaire.
Un jour, lorsqu’il est en mission, il apprend l’existence
d’un coffre plein d’or. N’étant pas fou, il
décide d’en faire sa quête, tabassant quelques personnages
au passage. Le problème c’est que Blondie (Clint Eastwood),
soit le bon, et son traître d’acolythe, le laid (Eli Wallach),
rencontrent eux-mêmes le propriétaire du coffre et seul
Blondie est au courant de sa localisation. Il y aura donc une lutte
incroyable de pouvoir et ce, tout le long du film.
Plusieurs accusent Leone d’avoir porté le Western et le
cinéma en général vers la dégénérescence.
On dit souvent de lui qu’il est de ceux qui glorifiaient la violence
au nom de l’art. Un peu comme on parlait aussi de Tarantino avec
son Reservoir Dogs il y a quelques années. Le fait est
que dans la société, personne n’est tout bon et
les meutres à l’époque c’était chose
courante. L’application de la loi était plutôt élastique.
L’histoire nous paraît donc parfaitement logique et réaliste,
même si je doute qu’une simple bande de cowboys puissent
vivre autant d’évènements en si peu de temps. Mais
bon, ça reste du cinéma de divertissement. Leone n’est
toutefois pas un réalisateur facilement accessible. Dans ce film,
les longs silences sont omni-présents, question de créer
un effet dramatique qui portera beaucoup plus de poids sur certaines
phrases ou certains gestes. Le réalisateur fait aussi un choix
assez astucieux de plans, se rapprochant de plus en plus du sujet en
situations dramatiques, allant jusqu’aux gros plans extrêmes.
Le cadrage est parfois assez intéressant, plus particulièrement
dans les duels. Cependant, le montage est parfois un peu trop nerveux
à certains endroits, mais dans l’ensemble, comme le film
s’étire sur de longs moments, le travail du monteur est
plutôt discret, ce qui est tout aussi bien. À l’opposé
de ce dernier, le compositeur de musique Ennio Morricone est plutôt
imposant et ses compositons créent une ambiance légèrement
pompeuse tout au long du film. Clint Eastwood, comme plusieurs acteurs
américains, préfère mettre l’emphase sur
le charisme qu’il dégage à l’écran
plutôt que sur son personnage. Heureusement, ça fonctionne
dans ce cas-ci, mais il est tout de même loin d’Eli Wallach
qui joue sur le rapport amour-haine avec les spectateurs.
Somme toutes, The Good, The Bad & The Ugly est un film
important dans le Western et qui mérite d’être découvert
par ceux qui portent un intérêt vers le genre. Ne pensons
tout de même pas que Leone fut un révolutionnaire car il
fait parfois d’énormes références à
Sam Peckinpah. Les deux autres films de la trilogie seraient à
considérer si vous avez bien aimé ce volet. Ne vous aventurez
pas dans le récent, vous y trouverez beaucoup de navets.
Version française : Le Bon, la brute et le truand
Version originale : Il Buono, il brutto, il cattivo
Scénario : Luciano Vincenzoni, Sergio Leone
Distribution : Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Aldo Giuffrè,
Luigi Pistilli
Durée : 161 minutes
Origine : Italie, Espagne
Publiée le : 24 Juillet 2003
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