GHOSTBUSTERS 2 (1989)
Ivan Reitman
Par Jean-François Vandeuren
Le deuxième et malheureusement dernier volet des trépidantes
aventures de nos chasseurs de fantômes favoris demeurera toujours
un peu spécial à mes yeux. Peut-être est-ce dû
au fait qu’encore aujourd’hui il n’y a pas un seul
film que j’ai eu l’occasion de voir aussi souvent que celui-ci,
alors que la cassette s’égratignait à répétition
à l’intérieur de notre bon vieux VHS quand j’étais
plus jeune. Il est bien évident qu’en y portant un regard
un peu plus mature, on remarque aisément qu’il s’agit
en soi d’une production connaissant sa part de bévues,
notamment celle de n’être en fait qu’une reprise moins
réussie de l’éternel classique qu’est encore
aujourd’hui l’original. Mais tout comme le premier film,
ce Ghostbusters 2 dégage aussi un je-ne-sais-quoi qui
demeure au delà de l’écoute et qui n’a pas
nécessairement à voir avec l’imagination fertile
d’un enfant. Peut-être est-ce son côté très
pop qu’exploita de façon similaire Robert Zemeckis dans
le deuxième volet de sa trilogie Back to the Future...
Enfin, même s’il n’est pas forcément le meilleur
exemple pour un tel raisonement, les quelques récentes écoutes
de ce film m’ont néanmoins amené à me poser
de sérieuses questions quant au développement d’une
nouvelle culture populaire cinématographique durable comparable
à celle des années 80. Époque qui nous aura offert
sa part de productions ayant passé haut la main l’épreuve
du temps tout en ayant connu un franc succès commercial auprès
de personnes de tous âges. Des films qui ne sont certes pas parfaits,
mais qui possèdent tout de même une âme et une imagination
que le cinéma de divertissement de l’époque réussissait
à transmettre avec aisance. Où sont-elles aujourd’hui?
Le courant devant passer entre ce genre de film et le spectateur doit
se former au départ par l’entremise des personnages pour
qui, dans le cas présent, tout comme dans bien d’autres
films de cette période, on prenait plaisir à les voir
sortir vainqueurs de leurs affronts et à user de leur quincaillerie
légendaire. De nos jours, en s’assoyant confortablement
devant un divertissement de masse, nous prenons leur victoire pour acquise
dès le départ, accordant ainsi beaucoup plus d’importances
aux évènements tapageurs défilant sous nos yeux
en se foutant éperdument de ce qui peut bien arriver aux principaux
intéressés. La magie n’opère tout simplement
plus aussi bien qu’avant et ce n’est pas forcément
une question d’âge. Dans le cas des deux Ghostbusters,
l’ambiance s’alimentant autour d’un phénomène
social à même le film fut un des éléments
clés du succès de ces entreprises, tout comme les acteurs
qui ont également leur part de responsabilité dans cette
réussite. Autant pour le charme palpable de l’ensemble,
il s’agit avant tout de comédiens qui avaient de la gueule
et qui savaient comment rendre un film vivant. Attributs que très
peu de figures de la génération American Pie
peuvent se vanter de posséder, à une époque où
les studios s’entêtent à vouloir mettre en valeur
leurs nouvelles productions par l’entremise de cette vague de
jeunes vedettes à la popularité éphémère,
plus vouées à faire pendant un temps la couverture de
magazines destinées aux adolescentes qu’à laisser
leur marque au cinéma, plutôt que de chercher à
réellement fondre une quelconque substance durable à cette
formule dite gagnante.
Si l’on s’attarde un peu plus à la trame du film,
on remarque qu’elle se développe sous une forme plutôt
modeste malgré une vague d’effets spéciaux qui vieillissent
assez bien. La réalisation appliquée d’Ivan Reitman
se veut encore une fois sobre et soutenue, suivant le rythme d’une
comédie et non d’un film d’action. L’élément
le plus distinctif d’un point de vue visuel demeure par contre
la direction photo plus que surprenante de Michael Chapman (Taxi
Driver) venant mettre en évidence chacune des couleurs de
ce dessin animé ambulant. On y retrouve néanmoins quelques
ratés assez imposants, notamment en ce qui a trait à la
trame sonore qui vieillit extrêmement mal vue la présence
de chansons pop devenues rapidement quétaines et de la tentative
manquée de tirer profit de l’ascension du mouvement rap
de la fin de cette décennie. Harold Ramis et Dan Aykroyd s’en
sont aussi permis énormément à l’écriture
du scénario, parfois même trop, atteignant à plus
d’une reprise un seuil assez élevé de ridicule,
particulièrement en fin de parcours.
Il y a évidemment eu des centaines de films à grands déploiements
beaucoup mieux nantis que celui-ci depuis le temps et même avant.
Mais peu de ce lot ont réussi à recréer une atmosphère
à ce point unique où même les défauts deviennent
d’une manière où d’une autre plutôt
sympathiques. Voyez ce texte comme une simple crise un peu nostalgique
envers une mer de divertissements conçus pour que l’on
puisse immédiatement passer au suivant, au cœur desquels
se terrent que peu d’œuvres enclines à devenir intemporelles.
La sortie d’Evolution en 2001 qui fut le test de marketing
ultime pour l’éventuel mise en chantier d’un troisième
Ghostbusters aura tôt fait de le prouver. N’empêche,
il me manque parfois ce bon vieux cinéma coloré et bon
vivant d’Hollywood.
Version française :
S.O.S. Fantômes 2
Scénario :
Dan Aykroyd, Harold Ramis
Distribution :
Bill Murray, Dan Aykroyd, Harold Ramis, Ernie Hudson
Durée :
108 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
19 Avril 2005