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GHOSTBUSTERS (1984)
Ivan Reitman

Par Frédéric Rochefort-Allie

Sous l'air mémorable de la chanson par Ray Parker Jr (fortement plagiée de Huey Lewis & The News), rares sont ceux qui n'ont pas mémoire du petit logo anti-fantômes ou, pour ceux de ma génération, de légendaires chasse aux fantômes avec figurines. Ce film est gravé dans la culture populaire des années 80 et a nourri l'imaginaire tant des jeunes enfants que des plus vieux. En fait, son univers mythique est encore bien en vie, quoi qu'on puisse en penser. Que ce soit dans les dessins animés, dans les jeux vidéos ou encore même présentement en bande dessinée, la clique de Venkman, Ray, Egon et Winston ne nous ont pas encore fait leurs adieux. Il y a maintenant plus de 20 ans, ce qui est un écart assez surprenant, nous les découvrions pour la première fois, les Ghostbusters!

Anciens professeurs tous aussi fêlés les uns que les autres, Venkman (Bill Murray), Ray (Dan Aykroyd) et Egon (Harold Ramis) doivent trouver une solution pour remédier à leur chômage. C'est ainsi que naissent les mythiques Ghostbusters. Si au début leur réputation était plutôt d'être de vulgaires charlatans, la ville de New York fera bientôt leur appel lorsqu'un mystérieux personnage nommé Zul prendra contrôle de l'ile. Les charlatans se transformeront en sauveurs du monde.

Ghostbusters est un de ces rares cas où tout les éléments indiquaient immanquablement un succès retentissant. Né dans une Amérique qui venait de se remettre des terribles fléaux que furent la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate dans les années 70, l'élection de Reagan annonça la remontée d'une Amérique plus forte, un pays qui désirait grandir en puissance et en influence. Bon nombre des grands blockbusters de cette période du début des années 80 gravitent autour de ce désir de super-puissance qu'on retrouve dans l'American dream. Dans Scarface, un criminel de pacotille devint un roi du crime organisé. Dans Terminator, un homme doit protéger la porteuse d'un enfant qui deviendra un héros pour l'ensemble de l'humanité. Dans Back to the Future, un adolescent qui voyage dans le temps améliore au passage sa vie, qui passe de fils d'un pauvre fonctionnaire incapable à fils d'un richissime auteur de science-fiction. On constate donc une tendance générale dans le cinéma du début des années 80 à présenter des héros généralement paumés, qui gagnerons une certaine forme de puissance au fil du récit. Ghostbusters n'y fait pas exception. Inscrit dans le même courant, le film nous présente trois personnages différents, mais qui par leur collaboration mutuelle, peuvent mettre fin à une menace pour la société. Ce fut donc un thème qui rejoint facilement les Américains. Dan Aykroyd, qui désirait au départ faire de ses chasseurs de fantômes une forme d'escouade volante, eut comme suggestion par le réalisateur Ivan Reitman, de rester réaliste. Ainsi, nos héros voyagent non pas dans une forme de vaisseau spacial, mais dans un corbillard déglingué et ils n'ont pas des mitraillettes à laser, mais des fusils à proton bricolés. Ce sont des humains.

Un peu à l'image d'un sketch de la Saturday Night Live, d'où les acteurs proviennent, chaque personnage est conçu en fonction du comédien qui l'incarne. Harold Ramis, Rick Moranis, Dan Aykroyd et Bill Murray étaient tous de cette clique. C'est pourquoi chacun d'eux semble tout à fait dans son élément. Passés maitres en comédie, les trois principaux acteurs dégagent une chimie et une complicité qui s'explique par leurs nombreuses collaborations. Bill Murray demeure celui qui capte le plus notre attention par son interprétation classique de Venkman, le leader des chasseurs de fantômes. Chaque fois que la caméra est braquée sur Murray, il provoque l'hilarité, car il maitrise totalement ses mimiques. Bien entendu, il s'agit encore du même type de personnage un peu solitaire, séducteur et arrogant qu'incarne souvent l'acteur, mais seul le personnage de Peter Venkman lui aura permis une si grande aisance. La présence de Sigourney Weaver, une actrice beaucoup plus sérieuse et de formation plus classique, trouvera peut-être des détracteurs chez ceux qui voient en elle Ridley, la femme forte qui butte les Aliens hors de son vaisseau, mais elle n'en demeure pas moins un immense atout pour la crédibilité du film. Le cinéma nous a déjà démontré à maintes reprises ce qui advient des films qui n'ont pas un minimum de sérieux. Comme mentionné ci-haut, une des clefs du succès de Ghostbusters, c'est le réalisme et qui dit réalisme, nécessite sérieux.

Pour un film de plus de 20 ans, Ghostbusters vieillit bien. Les effets spéciaux sont peut-être incomplets et quelque fois primaires, mais ces derniers n'interfèrent jamais avec le désir principal du film, celui de divertir. Pour répondre à cette mission, Ivan Reitman se surpasse en créant des scènes qui resteront encore dans l'esprit de bien des cinéphiles, comme un homme guimauve géant qui déambule dans les rues de New York pour détruire la ville. Si ces situations sont absurdes et peu probables, c'est justement qu'elles répondent à ce besoin d'évasion que si peu de blockbusters ont su combler.

Si Ghostbusters le fait, c'est qu'il arrive à faire rêver les enfants et à nous projeter dans un monde où notre logique est peut-être mise de côté, mais notre intelligence est toujours respectée et c'est une vertu plutôt rare dans le monde des films de la Saturday Night Live. Les chasseurs de fantômes sont l'apogée des carrières respectives de Bill Murray, Dan Aykroyd, Harold Ramis et Ivan Reitman, qui auront tous eu bien du mal au fil de leur carrière à retrouver un franc succès aussi retentissant. Ghostbusters est un culte qui se refuse de mourir et qui se transmettera surement à la prochaine génération, pour le meilleur ou pour le pire.




Version française : S.O.S. Fantômes
Scénario : Dan Aykroyd, Harold Ramis
Distribution : Bill Murray, Dan Aykroyd, Harold Ramis, Sigourney Weaver
Durée : 107 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 19 Avril 2005