GENESIS (2004)
Claude Nuridsany
Marie Perénnou
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Si Microcosmos, film précédent de Claude Nuridsany
et Marie Perénnou, se penchait sur une seule et unique journée
dans la vie d'une communauté d'insectes, le périple auquel
nous convient les biologistes avec Genesis se déroule
à une bien plus grande échelle. Car c'est de la genèse
même de l'univers que traite par l'entremise d'images de la faune
d'un peu partout à travers le monde cette splendide expérience
audiovisuelle, film d'une poésie remarquable qui saisit de façon
admirable la beauté de la nature. Impossible de ne pas être
interpellé par cette ode envoutante à la beauté
de notre univers, cette déclaration d'amour enflammée
à l'équilibre précaire que l'on appelle la vie.
Un peu comme dans Microcosmos, c'est autour de l'infiniment
petit que tout tourne ici. Genesis est d'abord et avant tout
la fascinante aventure de milliards de molécules dont les diverses
pérégrinations et les multiples mariages à travers
le temps et l'espace créent des organismes complexes qui naissent,
aiment et meurent. L'existence même semble à première
vue s'y résumer à une simple lutte pour conserver des
atomes ensemble le temps d'une vie. Ce sont bien entendu les images
qui parlent le plus fort dans un tel film et, évidemment, l'ensemble
de Genesis est visuellement d'une richesse incroyable. Chaque
séquence en soi d'une beauté fascinante est rehaussée
par un travail de photographie inspiré qui transforme le film
en une véritable explosion de formes et de couleurs en mouvement.
Cependant, ce sont les parallèles que dresse une jolie narration
somme toute fort minimale qui permettent de saisir la philosophie simple
et naïve mais malgré tout inspirante de l'oeuvre.
S'ajoute à ce voyage visuel une trame sonore en tous points remarquable
signée Bruno Coulais qui vient dicter la cadence de cet hymne
splendide à la nature. Le flot même de Genesis
s'harmonise avec son sujet grâce à un montage tout en délicatesse
rappelant le doux courant d'une rivière. Des transitions travaillées
ajoutent au cachet visuel du film de Nuradsy et Pérennou. Toutefois,
l'attrait principal du film demeure son sujet grandiose, l'ambition
même de présenter presque uniquement à l'aide d'images
une aventure d'une telle ampleur. Genesis réussit d'ailleurs
merveilleusement bien à présenter toute la vie comme un
seul et même organisme complexe qu'il nous faut intégrer
et non dominer. C'est du moins ce que tente d'inculquer le griot qui
sert de guide au cours de ce voyage.
Mais vraiment, quel voyage! des origines de notre univers jusqu'aux
dernières ramifications du règne animal, Genesis
invite à vivre en direct la plus belle des aventures. Difficile
d'expliquer en mots l'impression que crée un film qui en accomplit
tant avec un nombre si limité de verbes. Peu importe. Sans être
d'une originalité à tout casser, Genesis demeure
un film remarquable grâce, entre autre, à la savante minutie
avec laquelle Claude Nuridsany et Marie Perénnou ont construit
leur oeuvre. Devant ce splendide ballet naturel orchestré de
main de maitre, difficile de se sentir comme bien plus qu'une simple
brique de plus dans le complexe édifice de la vie sous toutes
ses formes. À ce titre, Genesis est à prendre
comme une superbe leçon d'humilité, chose dont la race
humaine aura toujours besoin...
Version française : -
Scénario :
Claude Nuridsany, Marie Pérennou
Distribution :
Sotigui Kouyate
Durée :
80 minutes
Origine :
France, Italie
Publiée le :
12 Octobre 2004