GANGS OF NEW YORK (2002)
Martin Scorsese
Par Frédéric Rochefort-Allie
New York est une ville pleine d'histoire et d'énergie. Hormis
Woody Allen, l'un des cinéastes qui a exprimé le plus
de fois sa passion pour la grosse pomme, l'autre est sans aucun doute
Martin Scorsese. Ayant présenté la vie d'un aliéné,
d'un artiste, d'un boxer et de bien d'autres personnages, ici le réalisateur
s'intéresse à nous transporter dans le passé plutôt
oublié de New York. Le projet traînait sur les tablettes
depuis 1978, un de ceux qui tenait le plus à cœur à
Scorsese.
Notre héros, Amsterdam Vallon (Leonardo DiCaprio), est témoin
du meurtre de son père alors que ce dernier combat les Natifs.
Étant trop jeune pour être considéré comme
un danger par l'assassin Bill «Le Boucher » (Daniel Day-Lewis),
il est envoyé à une maison de redressement. 16 plus tard,
devenu un homme, il réalise que pour survivre il doit choisir
un camp. Sous l'aile du Boucher, il planifie tranquillement sa vengeance.
Avec un film d'aussi grande envergure qui réussit à réunir
d'aussi grands noms, on ne peut que s'attendre à beaucoup de
Gangs Of New York. Heureusement, Scorsese mène le bateau
à bon port. Daniel Day-Lewis épate avec son interprétation
de Bill « Le Boucher ». Il est tout à fait méconnaissable,
donnant véritablement vie au personnage. Le duo Leonardo DiCaprio
et Cameron Diaz est crédible et sous la réalisation de
Scorsese, il nous offre des moments de cinema intenses. À ce
sujet, si DiCaprio est détesté par la majorité
des hommes pour avoir séduit le public féminin dans Titanic,
ceux-ci ne devraient pourtant pas sous-estimer cet acteur, car il s'avère
particulièrement bon, autant dans les scènes humoristiques
que dramatiques. Cameron Diaz arrive à nous faire oublier ses
derniers navets. On peut presque croire qu'elle mène deux carrières
parallèlement. Les magnifiques décors de Francesca LoShivavo
sont hallucinants, un véritable voyage dans le temps qui a d'ailleurs
permit au réalisateur de pouvoir faire des 360 degrés
s'il le désirait, car une petite partie de la ville à
été reproduite pour les besoins du film. Ces décors
sont d'ailleurs assez imposants, sans aucune surprise car cette même
personne à travaillé pour de grands noms du cinéma
comme Terry Gilliam ou Federico Fellinni. La musique d'Howard Shore
a des saveurs irlandaises qui donnent un ton pratiquement nostalgique
aux images, exprimant tout de même l'agressivité de la
ville à l'époque. Gangs Of New York est aussi
un film merveilleux à regarder. Scorsese donne lieux à
une véritable boucherie dès les premières minutes
du film et malgré l'assez forte présence de violence qui
peut choquer les plus sensibles, le résultat est étonnamment
réaliste. Scorsese maîtrise la réalisation comme
Bill « Le Boucher » manie ses couteaux. Il tranche bien
sur le sujet qu'il traite, car les scénaristes apportent un regard
nouveau sur l'Amérique, trop souvent présentée
comme étant blanche comme neige. L'exactitude historique au niveau
du scénario frappe. En connaissant bien l'histoire, on remarque
des détails, parfois insignifiants aux yeux de certains, qui
ajoutent de la richesse pour bien recréer l'univers du passé.
Par contre, le film souffre de longueurs. Pour plusieurs, l'expérience
est péniblement souffrante. On dit souvent que le montage joue
de beaucoup dans l'appréciation d'un film et je crois que c'est
le cas pour celui-ci. Pourtant, on sent bien que Scorsese n'aurait pu
couper des scènes, par risque d'amputer gravement son œuvre.
Faire un film d'environ trois heures, c'est courir un très gros
risque et ça peut très facilement dérailler.
Gangs Of NewYork est donc un des meilleurs films historique
sur les États-Unis depuis un bon moment. Cependant, je ne dirais
pas qu'il s'agit là de l'oeuvre phare de 2002. Il est bien regrettable
que le film n'ait pas pris plus de place aux Oscars (pour ce que c'est
supposé représenter), toutefois il n'est pas le seul oublié.
Ce qui est étrange dans ce film, c'est qu'on finit par éprouver
de la sympathie pour « les méchants » et qu'inévitablement
on compare l'Amérique du passé avec celle d'aujourd'hui.
Est-ce que ça évolue pour le mieux ? Toutes sortes de
questions jaillissent après un visionnement, et ça pour
moi, c'est l'une des plus grandes forces du cinéma.
Version française : Les Gangs de New York
Scénario : Jay Cocks, Kenneth Lonergan, Steven Zaillian
Distribution : Leonardo DiCaprio, Daniel Day-Lewis, Cameron Diaz,
Jim Broadbent
Durée : 168 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 2 Novembre 2003
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