FLIGHTPLAN (2005)
Robert Schwentke
Par Frédéric Rochefort-Allie
Au menu ce soir : thriller hollywoodien à sauce post-11 septembre.
C'était à prévoir, la phobie des avions (qui continue
d'exterminer les compagnies les moins prospères) ne demandait
qu'à être exploitée. Après tout, Oliver Stone
n'est-il pas en train de nous pondre un film sur le 11 septembre? La
peur vend, particulièrement à Hollywood et depuis Panic
Room de David Fincher, la mode semble être aux thrillers
claustrophobes. Dans un élan d'originalité, le réalisateur
Robert Schwentke y est même allé de la même tête
d'affiche, Jodie Foster.
Flightplan n'est peut-être pas un navet, mais il s'agit
probablement de l'un des scénarios les plus rapidement construits.
Complètement basé sur une forme de copié-collé
de la trame narrative de base de Panic Room, l'histoire est
transposée dans une avion et soumise à la méthode
la plus classique d'écriture scénaristique, au niveau
zéro d'originalité. Ainsi, nous suivons l'histoire de
Kyle (Jodie Foster), une mère tout récemment veuve qui
doit voyager à bord d'un avion avec sa fille. La situation de
panique survient lorsque la mère finit par perdre de vue sa fille
- en plein vol - et que l'équipage n'arrive pas à la retrouver.
On soupçonne alors la mère d'avoir tout inventé
et d'être possiblement folle! À ceux qui salivent à
l'idée d'une finale enlevante, je ne dirai que ceci : il s'agit
d'un film hollywoodien.
Alors qu'on suppose qu'elle est une valeur sûre, Jodie Foster,
pour l'une des rares fois dans sa carrière, s'avère une
déception plutôt amère. Il en va de même pour
Peter Sarsgaard et Sean Bean, qui sont pourtant (d'habitude) de bons
acteurs. On ne saurait que pointer du doigt une mauvaise direction d'acteurs
ou un sérieux manque de passion de la part des comédiens
pour leurs personnages. Les deux cas sont aussi probables que navrants.
Vous n'y trouverez aucune performance ''oscarisable", puisqu'en
fait les personnages sont si vides et prévisibles que même
un Marlon Brando ou un Robert De Niro dans la fleur de l'âge s'y
seraient échoués.
Comme pastiche de Panic Room, Robert Schwentke ne fait le poids
pour rivaliser avec David Fincher. Non seulement réalise-t-il
ses scènes d'action dans un conventionnalisme idiot, mais il
ne fait pas non plus preuve de la moindre petite ingéniosité
visuelle. La seule qualité que possède Flightplan,
c'est celle de l'économie des décors, puisqu'avec un corridor
d'avion préconstruit, il semblerait que vous en ayez assez pour
y créer une intrigue passablement assez intéressante pour
y faire pivoter vos personnages pendant plus d'une heure. Au lieu d'assumer
ses faiblesses, le film tente vainement de manipuler les spectateurs
avec des rebondissements archi-connus, lesquels sont aussi limpides
que tapageurs et viennent à la longue insulter notre intelligence.
L'existence de Flightplan ne fait que prouver deux choses.
Premièrement, ce type de thriller est maintenant un genre saturé
qui s'est épuisé en l'espace d'à peine 2 ans (même
Firewall avec Harrison Ford semble reprendre la formule). Ensuite,
nul besoin d'avoir de l'imagination à Hollywood pour faire scénariste
semble-t-il. Suivez un bon guide scénaristique 101 à la
lettre, copiez le moule et changez un ou deux détails pour faire
joli et inusité, et vous voilà fin prêt à
tourner le tout. Flightplan ne plaira qu'à ceux qui
cherchent un divertissement aussi vite consommé qu'oublié.
Version française : Plan de vol
Scénario : Peter A. Dowling, Billy Ray
Distribution : Jodie Foster, Peter Sarsgaard, Sean Bean, Kate
Beahan, Michael Irby
Durée : 98 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 17 Février 2006
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