A FISTFUL OF DOLLARS (1964)
Sergio Leone
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Remake à peine déguisé du Yojimbo de Kurosawa,
le premier film de la trilogie de l'homme sans nom place le personnage
interprété par Clint Eastwood au coeur d'un conflit entre
deux bandes rivales qui s'affrontent sauvagement pour le contrôle
d'une ville à la frontière du Mexique et des États-Unis.
Se faisant passer pour un mercenaire à la recherche d'un emploi,
celui-ci offre simultanément ses services aux deux familles afin
de les manipuler à son avantage. Sans atteindre le niveau de
l'excellent The Good, the Bad and the Ugly ou le génie
pur et simple de Once Upon A Time In The West, A Fistful
of Dollars demeure quarante ans après sa sortie un divertissement
de haute qualité en plus d'être devenu avec les années
un film d'une grande importance historique dont l'influence peut être
sentie dans les films de John Woo et de Quentin Tarantino pour n'en
nommer que quelques-uns.
Premier western spaghetti à obtenir un véritable succès
aux États-Unis, A Fistful of Dollars, avec sa violence
beaucoup plus crue que dans le western américain traditionnel,
son humour noir décapant et son antihéros sombre, possède
toutes les caractéristiques fondamentales du populaire genre.
Malgré ses défauts, le film révèle aussi
l'immense talent du réalisateur Sergio Leone ainsi que chacun
des éléments qui allaient définir son style unique.
Si certains d'entre-eux, tel son sens du cadrage merveilleusement minutieux,
sont encore à l'état embryonnaire, le film frappe tout
de même par la qualité de sa réalisation qui fait
oublier le côté bon marché de l'ensemble. Avec ses
décors peu convaincants et ses paysages sans envergure, A
Fistful of Dollars ne cache aucunement la modestie de son budget.
On est de ce côté bien loin de l'opulence de Once Upon
A Time In The West. Par ailleurs, ceci n'enlève rien au
réalisme mordant de l'ensemble en opposition directe avec la
propreté quelque peu ridicule de ses équivalents américains.
Le film est donc un terrain de jeu pour un Leone encore peu expérimenté
qui aiguise son sens de la réalisation avec brio. Avec son rythme
lent et ses plans serrés, la confrontation finale est tout simplement
époustouflante et représente la première application
méthodique de la technique Leone à une séquence
filmique. Cette finale formidable vient clore de façon éclatante
un film d'action hautement satisfaisant, porté par la présence
d'un Clint Eastwood aussi charismatique qu'impitoyable et par une trame
sonore composée par l'inimitable Ennio Morricone. Eastwood et
Morricone sont d'ailleurs des éléments clés de
la réussite de A Fistful of Dollars. Le premier est
en pleine possession de ses moyens même si son personnage est
moins bien défini que dans les autres films de la série
et le second a déjà trouvé le son caractéristique
qui ferait de la chanson-thème de The Good, the Bad and the
Ugly un numéro un sur les palmarès britanniques deux
ans plus tard.
Certes, A Fistful of Dollars est un film beaucoup moins raffiné
que les autres western spaghetti de Sergio Leone. Son histoire simpliste
et ses personnages vaguement esquissés ne font pas le poids lorsqu'on
les compare à ceux qui marqueraient les films subséquents
de l'illustre réalisateur italien. Ce premier essai dans l'univers
du Western demeure tout de même un divertissement de qualité
qui se distingue des films que faisaient à la même époque
les Américains et vient marquer le début d'une nouvelle
ère beaucoup plus sombre pour les histoires de cowboys et d'indiens.
Version française :
Pour une poignée de dollars
Version originale :
Per un pugno di dollari
Scénario :
A. Bonzzoni, Victor Andrés Catena
Distribution :
Clint Eastwood, Marianne Koch, Gian Maria Volonté
Durée :
99 minutes
Origine :
Italie
Publiée le :
19 Juillet 2004