FIRST BLOOD (1982)
Ted Kotcheff
Par Louis-Jérôme Cloutier
J’ai enfin eu la "chance" d’écouter un
film de Rambo. Bien que cette série soit célèbre,
à sa façon, je n’avais jamais vu un seul épisode.
Tout d’abord, laissez-moi vous dire que je croyais que tous les
Rambo se déroulaient dans la jungle avec Sylvester Stallone,
torse nu, tirant sur des soldats vietnamiens. C’était une
erreur de l’ignorant que je suis. Ce premier épisode se
déroule dans le bon territoire américain, plus précisément
dans la forêt et le centre-ville d’une petite localité.
Il est à noter que ma critique risque fortement de dévoiler
les moindres rebondissements du film, mais de cette façon, je
vous fais épargner temps et argent.
Le film commence alors que notre John Rambo débarque chez quelqu’un
désirant revoir un ancien compagnon de la guerre. Malheureusement,
celui-ci est décédé. Stallone décide donc
de voyager dans la rue et se dirige vers le Nord. En arrivant dans un
village, un policier lui propose de l’amener. En fait, le policier
désire surtout éloigner ce vagabond de sa ville. Rambo,
préférant manger un bon repas dans le coin, tient tête
à la police qui finit par l’amener au poste. Par la suite,
tous les policiers de l’endroit, de parfaits imbéciles
caricaturaux, provoquent Rambo, l’amenant à se défendre
et à s’évader. Les méchants doivent maintenant
capturer le bon John.
Voilà en gros la trame dramatique (!) de First Blood.
C’est une histoire complètement stupide qui n’arrive
même pas à rester logique pendant cinq minutes. Les invraisemblances
et les stupidités s’accumulent à un rythme effrayant
tant au niveau des personnages que de l’action elle-même.
Par exemple, les policiers sont tous des brutes ineptes qui utilisent
outrageusement leur position de pouvoir pour faire ce qui leur chante,
comme tirer sur Rambo sans raison. Ce dernier peut descendre tout le
monde, se faire lui-même des points de sutures sans broncher,
tomber d’une falaise en ayant seulement une égratignure,
mais est incapable de descendre des marches d’escalier convenablement.
L’histoire, elle, n’a ni queue ni tête alors que Rambo
peut facilement éviter et blesser plusieurs policiers et soldats
de l’armée. Il termine sa course dans la ville en faisant
exploser une station-service, un magasin et quelques transformateurs
électriques. Mais au fait, pourquoi fait-il tout exploser? Pour
absolument aucune raison. Il semblerait que Rambo soit complètement
déconnecté de la réalité et se croit encore
au Vietnam. Heureusement, des explications arrivent vers la fin alors
qu’il se décide enfin à parler. Il explique à
son ancien commandant qu’auparavant, il pouvait conduire des hélicoptères
et des tanks d’un million de dollars alors que maintenant,
il ne peut plus se trouver un emploi. Vous avez bien lu, John Rambo
a décidé de tout faire exploser parce qu’il ne peut
plus conduire un char d’assaut. Évidemment, tout cela est
fortement triste et c’est pourquoi il se met à pleurer
dans les bras de son commandant pour ensuite finalement se rendre aux
forces de l’ordre. Mais pourquoi personne n’a pensé
que Rambo ne voulait qu’un peu d’affection?
Aussi, ce film qui ne tient pas la route, est rempli de messages patriotiques
et de visions manichéennes. Les forces de l’ordre sont
corrompues et sont les méchants de l’histoire alors que
le pauvre soldat, qui ne peut plus conduire de tanks, est un
héros. Le commandant de Rambo véhicule sans arrêt
le même message chaque fois qu’il se met à parler
: «Le Vietnam c’était dur», «Rambo a
rendu service à son pays», «Vous ne savez pas ce
qu’est la guerre», etc. Le chef de police qui reçoit
toutes ces remarques ne cesse de répondre qu’il s’en
fout et ça continue ainsi pendant que Rambo court dans la forêt.
Excitant, n'est-ce pas? Je me demande comment Stallone a pu obtenir
autant de succès avec une nullité aussi extrême
que Rambo. En écoutant ce film, j’avais l’impression
de voir le remake du quinzième film d’une longue série
lamentable. Je n’ose même pas imaginer comment les deux
autres volets doivent être bons. Mais en fait, il y a un bon plaisir
à retirer de ce film : le rire. Ceux qui savent rire de ce genre
de cinéma seront comblés par toutes les âneries
qu’il peut contenir. Le reste des gens, aimant bien les films
d’action, vont probablement jubiler et passer un bon moment. En
fait, je me trompe. Tout le monde devrait voir ce film pour voir jusqu’à
quel point First Blood est un mauvais produit qui contient
l’ensemble de l’encyclopédie des clichés des
films américains. Vivement le visionnement du second film!
Version française :
Rambo
Scénario :
Michael Kozoll, David Morrell (roman)
Distribution :
Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy,
Bill McKinney
Durée :
97 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
28 Juillet 2003