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FINAL FANTASY VII : ADVENT CHILDREN (2005)
Tetsuya Nomura
Takeshi Nozue

Par Jean-François Vandeuren

La première adaptation cinématographique de la série Final Fantasy, The Spirits Within, s’annonçait en soi comme un des projets les plus respectables de cette rencontre peu reluisante entre la machine hollywoodienne et le monde du jeu vidéo. D’une part, vu la virtuosité incontestable au niveau de l’animation qui semblait avoir été déployée par les studios Square, mais aussi car la compagnie avait déjà habitué son public à un gage de qualité assez consistant en ce qui a trait à ses récits. Malheureusement, l’effort ne se contentait que de reprendre quelques thèmes de la série en les déguisant dans un scénario des plus pauvres qui, en soi, n’avait rien à voir avec aucun des épisodes antérieurs. Ainsi, The Spirits Within n’atteignit pas les attentes des plus ardents défenseurs de cette saga interminable et ne capta pas plus l’attention du reste du public, ce qui entraina évidemment un flop monumental au box-office. Cela prenait donc un certain courage pour tenter l’expérience d’un long-métrage à nouveau. Mais cette fois-ci, les artisans de chez Square nous proposent un virage à 180 degrés par rapport au premier film et ont visiblement cherché à faire plaisir aux fans d’un des plus populaires épisodes de la franchise et à personne d’autre... À personne d’autre?

L’histoire prend donc forme deux ans après que Cloud Strife et sa bande aient sauvé la Terre des attaques de Sephiroth. Mais depuis, la planète bleue est habitée d’un mal étrange et voilà que de vieux ennemis ont récemment refait surface pour tenter de ressusciter Sephiroth. Cloud devra donc laisser sa solitude de côté pour redevenir le héros qu’il fut jadis.

Qu’on se le dise, le cinéma ne se rapprochera probablement jamais autant de l’univers virtuel que dans ce film qui n’obéit à aucune loi de la physique et qui nous bombarde continuellement de scènes d’action frénétiques amenées à l’écran par le biais d’une dynamique souvent beaucoup trop confuse pour le bien de la cause. L’opus regorge ainsi de batailles épiques sur un fond de musique rock aux solos de guitare omniprésents, de moments dramatiques plus ou moins quétaines et de clins d’œil à l’univers de la série nippone. Cependant, pour ceux un peu moins familiers avec toute cette mythologie, Advent Children apparaitra comme un simple bordel ambitieux où les points de repères se font rares. Ceux-ci tenteront donc de suivre de peine et de misère une mise en situation pourtant peu poussée en se demandant constamment qui sont tous ces personnages qui se succèdent à un rythme effréné à l’écran? L’action réussira néanmoins à les captiver jusqu’au moment fatidique où les deux clans se rejoindront pour constater la même chose: plus les péripéties s’accumulent, plus l’effort devient redondant. Tout ce brouhaha devient en ce sens toujours un peu plus imposant en images sans qu’entre-temps on y ait collé un récit moindrement étoffé qui aurait pu faire en sorte que l’on aurait porté un peu plus d’intérêt à la résolution des divers enjeux du récit.

Par contre, pour ce qui est de l’animation, il faut bien admettre que le travail dans ce cas-ci est tout simplement colossal et se démarque particulièrement au niveau des textures matérielles, des mouvements qui sont beaucoup plus fluides que dans le film précédent, en plus d’une palette de couleurs des plus vives habilement dominée, et du même coup mise en évidence, par des teintes de gris et de blanc. Le coup de génie par contre de l’équipe technique ici a visiblement été d’y aller d’une approche d’ensemble moins soucieuse du réalisme pour nous proposer plutôt une esquisse mélangeant parfaitement les traits d’un animé japonais à ceux du numérique. On remarque cependant par le fait même que l’ensemble se forme d’une façon un peu plastique vu le manque de résonance des actions du film sur son univers et ses personnages.

L’adaptation idéale de ce monde fantastique intemporel continue donc de se terrer quelque part entre The Spirits Within et Advent Children. Les artisans de chez Square Enix ont visiblement appris des erreurs du premier film. S’ils songent nous offrir un troisième effort dans un futur rapproché, ils devront désormais apprendre des fautes de celui-ci. Advent Children se prend ainsi comme un produit beaucoup plus digeste que son cousin, mais on finit néanmoins par trouver le temps long à force de se balader à travers une suite d’affrontements de plus en plus bruyants qui ne sont rattachés ensemble que par une mise en situation aussi mince qu’une feuille de papier. Bref, un amuse-gueule dont les fans se délecteront pendant un moment. Les autres pourront le prendre comme une nouvelle démonstration tout de même très convaincante, mais sans substance, de ce que les nouvelles technologies numériques peuvent accomplir.




Version française : -
Scénario : Kazushige Nojima
Distribution : Takahiro Sakurai, Maaya Sakamoto, Ayumi Ito, Tsuduruhara Miyuu
Durée : 91 minutes
Origine : Japon

Publiée le : 28 Octobre 2005