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FAHRENHEIT 9/11 (2004)
Michael Moore

Par Miguel-Angel Galvez Soto

Lorsqu'une ignominie arrive, on a généralement un choix à faire: opter pour un statuquo et laisser le temps arranger les choses, ou s'élever contre cet acte. La majorité choisissant la première option, par peur ou résignation, les quelques autres osant parler haut et fort font plus souvent qu'autrement de magnifiques oeuvres et de grands accomplissements. Avec son dernier pamphlet, le documentariste Michael Moore s'inscrit dans la deuxième catégorie. Primé de la Palme d'or au dernier Festival de Cannes, ce côté-ci de l'Atlantique attendait avec impatience et anxiété le Fahrenheit 9/11 du controversé activiste.

Le tout débute la nuit fatidique de l'élection états-unienne 2000, le jour où la démocratie fut bafouée. On assiste impuissant à la dictature du médium de la télévision alors qu'il ne suffit que d'un seul réseau corrompu pour semer le doute dans le monde entier et finalement avoir raison de la démocratie. Moore passe ensuite en revue les huit premiers mois du chef de clan de l'«élite» républicaine pour montrer le sérieux que celui-ci mettait à l'ouvrage. Évidemment, c'est de la caricature... La description du reste du documentaire pourrait être (et serait) très longue. Mentionnons simplement que Moore s'évertue avec succès à montrer les absurdités les plus marquantes, les contradictions les plus flagrantes, les mensonges les plus choquants et les conneries les plus saillantes de l'équipe derrière l'usurpateur de la liberté chez nos voisin du Sud.

Tout cela est évidemment narré à la sauce Moore. Toutefois, cette fois-ci, on sent un réel sentiment de colère, d'amertume et d'incompréhension dans la voix de Moore, même dans les moments se voulant plus comiques. Le choix musical est on ne peut plus approprié pour les scènes ridiculisant (!) la famille nazi américaine par excellence. Pour ce qui est de la musique de fond, alors que Moore narre ses points, elle est simplement émouvante, elle vient chercher le spectateur impuissant. On ne peut rester de glace devant la non-représentation de l'acte terroriste le plus médiatisé de l'Histoire. Il neige des débris sur la pomme.

Côté réalisation, Michael Moore signe ici un documentaire extrêmement bien monté. On suit bien la chronologie des évènements à travers tout le pamphlet. Les vidéos d'archives appuient magistralement les propos de Moore. On peut déplorer l'absence d'entrevues avec les personnages importants dans les prises de décisions à Washington, mais ne connait-on pas déjà leurs beaux discours mensongers? N'ont-ils pas FOX pour cela? Les personnes rencontrées tout au long du documentaire n'ont assurément pas le prestige des «chicken hawks», mais lorsque l'on connait les répercutions d'une apparition dans un opus de Michael Moore, on ne peut que les féliciter de leur courage.

Michael Moore passera à l'histoire du cinéma comme étant celui qui mis le documentaire à l'avant-plan. Avec Fahrenheit 9/11, il sonne la charge contre l'une des marionnettes les plus méprisables de tous les temps. Oui, un documentaire se doit d'être objectif, or, ne faut-il pas combattre le feu par le feu? La critique intérieure d'un pays n'est-elle pas la meilleure? Après un visionnement, on se demande comment les médias indépendants (!) des États-Unis n'ont pas poussé les preuves de Moore encore plus loin. Ah! c'est vrai... la liberté d'expression...




Version française : Fahrenheit 9/11
Scénario : Michael Moore
Distribution : Michael Moore, Byron Dorgan, Abdul Henderson, Lila Lipscomb
Durée : 122 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 9 Novembre 2004